Portfolio : les orphelins de Ceausescu, trente ans après
Gheorghita, Constantin, Mihaela, Daniela, Remus, Paul… Ils avaient 7, 8, 9 ou 10 ans lorsque les orphelinats du Conducator roumain ont été découverts, à sa chute, fin 1989. La photojournaliste Elisabeth Blanchet les avait alors rencontrés. Sans plus jamais les perdre de vue. Voici ce qu’ils sont devenus.
Par Elisabeth Blanchet
En décembre 1989, à la chute de Nicolae Ceausescu, l’Occident découvrait l’horreur des orphelinats roumains : enfants hagards et affamés, attachés à des barreaux et se balançant sans cesse d’avant en arrière… Ces gosses abandonnés étaient les victimes de la politique ultranataliste mise en place par le dictateur dès la fin des années 1960. Cette dernière imposait aux femmes d’avoir au moins quatre enfants avant de pouvoir accéder à la contraception. Et si les familles n’avaient pas les moyens de les élever, Ceausescu promettait que l’Etat s’en chargerait. Résultat : le taux de natalité est monté en flèche, l’abandon s’est systématisé et les orphelinats ont bourgeonné aux quatre coins du pays, par centaines.
Au début des années 1990, ils étaient ainsi plus de 150 000 » orphelins de Ceausescu « . C’est dans un cadre humanitaire que la photojournaliste française (mais basée à Londres) Elisabeth Blanchet a connu certains d’entre eux à l’orphelinat de Popricani, au nord-est de la Roumanie.
Que sont-ils devenus ? Carmen est morte, à 11 ans, sept ans après le tyran roumain, des suites de négligences médicales à l’hôpital de Iasi. Iasi, où on a retrouvé, sous un pont, le corps de Gregoras, victime d’une bataille entre SDF au début des années 2000. Gheorghita, Constantin, Mihaela, Daniela, Remus et Paul, eux, sont toujours en vie.
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