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Plus d’un humain sur 3 sera Africain en 2100

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Plus d’un humain sur 6 vit en Afrique aujourd’hui, soit plus d’un milliard. Selon les projections des Nations Unies, le continent devrait compter 2,5 milliards d’habitants en 2050 et plus de 4 milliards d’ici 2100.

Un tel taux de croissance de la population africaine s’explique par une plus grande quantité de naissances que de décès. Même si le taux de naissance a largement diminué ces dernières années sur le continent, on compte aujourd’hui 4,5 enfants par femme en moyenne, alors que le taux était de 6,5 il y a 40 ans et 5,5 il y a 20 ans. Cela reste un taux très élevé comparé au reste du monde. De plus, le taux de mortalité a fortement diminué, bien qu’il reste l’un des plus élevés au monde. Malgré cela, il y a aujourd’hui quatre fois plus de naissances que de décès en Afrique, rapporte Slate.

En 1981, les projections des Nations Unies en matière de population mondiale prévoyaient un accroissement de la population mondiale de 10,5 milliards d’ici 2100. Les chiffres publiés en juin 2017 annoncent 11,2, soit 0,7 de plus. Les projections de 1981 n’étaient donc pas si loin de la vérité, mais c’est plutôt la répartition des populations sur le globe qui a évolué. L’ONU prévoit ainsi que les populations d’Asie et d’Amérique latine croissent beaucoup moins.

Cela s’explique par le fait que le taux de fécondité sur ces deux continents a déjà commencé à baisser il y 30 à 40 ans. En Afrique par contre, les Nations Unies prévoyaient que ce taux diminue également au fur et à mesure que le niveau socio-économique augmenterait, ce qui a été le cas en Afrique du Nord et en Afrique australe, mais en Afrique intertropicale (ou centrale), si la baisse est entamée, elle se fait plus lentement que prévu.

Le cas particulier de l’Afrique intertropicale

Dans cette partie du globe, le taux de fécondité diminue dans les villes et dans les milieux instruits.

Mais plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi le nombre de naissances diminue moins vite qu’ailleurs.

– Le développement économique : s’il a bien lieu, il n’est toujours pas équivalent à celui qui a engendré une grande diminution de la natalité en Asie et Amérique latine il y a quelques décennies.

– L’éducation des femmes : qui dit développement économique, dit investissement dans l’éducation. Les femmes instruites font moins d’enfants. L’éducation progresse en Afrique centrale, mais elle n’a pas encore atteint le même niveau que l’Asie et l’Amérique latine au moment où leur taux de natalité a commencé à baisser.

– Le partage des coûts : dans ces pays, les coûts liés aux enfants sont souvent partagés par un autre membre de la famille que les parents (oncle, tante, grands-parents), ce qui peut faciliter la décision d’en avoir beaucoup.

– La contraception : les familles rurales africaines souhaitent utiliser la contraception pour espacer les naissances, mais le manque de moyens des États rend leur accès difficile. Sauf quelques exceptions, les États ne sont pas persuadés de l’intérêt de limiter le nombre de naissances par famille et n’investissent donc pas dans la contraception.

Tous ces facteurs réunis font que comparé au reste du monde, la population d’Afrique va continuer à croître rapidement. Et même si le taux de fécondité se met à diminuer rapidement, il faudra plusieurs décennies pour que l’inertie démographique s’estompe.

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