Shoah © Arte

Paris versera 60 millions de dollars aux victimes américaines de la Shoah

Paris va verser 60 millions de dollars aux Américains transportés par les trains de la SNCF vers les camps de la mort durant la Seconde Guerre mondiale, selon les termes d’un accord conclu avec Washington, ont annoncé vendredi les négociateurs.

Cet accord, qui sera signé lundi, porte sur la création d’un fonds d’indemnisation doté par la France de 60 millions de dollars versés aux autorités américaines en faveur de « quelques milliers » de déportés non français ou de leurs familles, a précisé l’ambassadrice française aux Droits de l’homme, Patrizianna Sparacino-Thiellay lors d’une visio-conférence de presse.

Chaque déporté survivant, aujourd’hui de nationalité américaine, devrait ainsi recevoir environ 100.000 dollars (81.370 euros), selon la diplomate. En contrepartie, les Etats-Unis se sont engagés à défendre l’immunité de juridiction dont bénéficient les entreprises étrangères sur leur sol, qui les protège de toute poursuite judiciaire ou de toutes autres formes d’action.

Réquisitionnée par le régime de Vichy, la SNCF a déporté 76.000 juifs dans des wagons de marchandises à travers le pays et vers les camps d’extermination entre 1942 et 1944. Environ 3.000 d’entre eux ont survécu, affirme le groupe.

Cette affaire sensible a failli priver le groupe ferroviaire français SNCF de contrats aux Etats-Unis. L’Etat du Maryland voulait demander, avant de renoncer, au groupe ferroviaire français d’indemniser les victimes de la Shoah avant de postuler à un contrat. Les mesures d’indemnisation concernent tous les non Français qui se trouvaient en France entre 1942 et 1944 et qui ont été déportés par bus et par train – , mais qui ne remplissaient pas les critères français de réparation. Soit parce qu’ils avaient émigré, soit parce qu’ils étaient arrivés sur le sol français après le 1er septembre 1939.

Mais « la SNCF n’a jamais été tenue pour responsable de la déportation. Elle a été un instrument de la déportation. (…) c’est de la responsabilité des autorités françaises » d’en assumer les conséquences, a rappelé la diplomate française. Par conséquent l’entreprise publique SNCF « n’est pas partie dans les discussions (ni) ni dans la mise en oeuvre » de l’accord.

L’accord sera officiellement paraphé lundi par Patrizianna Sparacino-Thiellay et le conseiller spécial du secrétaire d’Etat américain John Kerry sur ce dossier, Stuart Eizenstat.

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