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Paris: L’assaillant était « armé d’un couteau » et aurait crié « Allah Akbar »

Le Vif

L’homme abattu jeudi par des policiers alors qu’il attaquait un commissariat à Paris était porteur d’un « papier sur lequel figurent le drapeau » du groupe Etat islamique (EI) et « une revendication manuscrite sans équivoque » en arabe, selon le procureur de Paris.

Un an jour pour jour après l’attentat jihadiste meurtrier contre le journal Charlie Hebdo, un homme qui tentait de s’attaquer à un commissariat à Paris a été abattu par la police jeudi, rappelant à la France la permanence de la menace qui pèse sur elle.

L’attaque est survenue quelques minutes après un discours du président François Hollande demandant aux services de sécurité de mieux coopérer face au risque terroriste. L’assaillant, non identifié, était « armé d’un couteau » ou d’un hachoir et il aurait crié « Allah Akbar » en tentant « d’agresser un policier à l’accueil du commissariat » du quartier populaire et multiethnique de la Goutte d’Or, dans le nord de Paris.

Il a été « atteint par des tirs de riposte des policiers », a expliqué à l’AFP Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère français de l’Intérieur. L’homme portait sous son manteau une pochette scotchée d’où sortait un fil, mais le « dispositif ne contient pas d’explosifs », selon une source judiciaire. Un témoin a fait état à l’AFP de « deux à trois tirs » dans la rue. En milieu de journée, des démineurs sont intervenus pour sécuriser les lieux.

Le corps de l’homme, vêtu d’un jean et d’une parka, gisait à la mi-journée sur le trottoir devant le commissariat les bras en croix, selon des images télévisées.

Le quartier où l’attaque s’est produite a été bouclé par des policiers, armés de pistolets ou de mitraillettes. Dans un premier temps, la police a ordonné aux passants de se réfugier dans les magasins de la rue et les rideaux de fer ont été baissés. Les élèves de deux écoles dans la rue ont été « confinés par mesure de précaution », selon les autorités.

Le commissariat visé se trouve dans le 18e arrondissement de la capitale. Cet arrondissement, avec le quartier d’affaires de La Défense, à l’ouest de Paris, avait été mentionné comme une cible potentielle des jihadistes ayant commis les attentats du 13 novembre, les pires jamais survenus, qui avaient fait 130 morts et avaient été revendiqués par le groupe Etat islamique.

Neuf assaillants, répartis dans trois commandos, sont morts dans les attaques, tués par la police ou en activant une ceinture d’explosifs. Deux autres hommes, suspectés d’être impliqués dans les attaques, sont toujours recherchés par les polices européennes.

Coopération entre services

L’attaque jeudi est survenue peu après un discours du président Hollande dans lequel il a souligné, lors d’une cérémonie devant un aréopage de policiers, gendarmes et militaires, que « la gravité de la menace exige de porter encore plus haut notre engagement ».

Evoquant des ennemis aguerris, il a jugé que « face à de tels adversaires, il est essentiel que chaque service – police, gendarmerie, renseignement, militaires – travaille en parfaite concertation, dans la plus grande transparence, et qu’ils mettent en commun toutes les informations dont ils disposent ».

Les attentats de Paris de janvier et novembre 2015 ont conduit François Hollande à un virage sécuritaire, encouragé par l’opinion publique et les critiques sur les défaillances des services de sécurité.

La protection de la rédaction de Charlie Hebdo a notamment été pointée du doigt après le massacre d’une dizaine de ses membres le 7 janvier 2015. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait aussi piqué une colère froide devant l’absence de partage d’informations entre ses services.

François Hollande a confirmé qu’un nouveau projet de loi pour renforcer le dispositif sécuritaire était en cours d’élaboration. Il devrait assouplir pour les conditions d’emploi par les policiers et militaires de leurs armes et faciliter les conditions d’enquêtes, perquisitions et interpellations.

Muliples alertes

L’idée est de « renforcer de façon pérenne les outils et moyens mis à la disposition des autorités administratives et judiciaires » françaises, en dehors du cadre temporaire de l’état d’urgence instauré après les derniers attentats du 13 novembre et qui doit s’achever fin février, selon l’entourage du chef de l’Etat. « L’état d’urgence dans une démocratie n’a pas vocation à durer », a dit François Hollande.

Le 7 janvier, les frères Chérif et Saïd Kouachi avaient abattu 12 personnes au siège de Charlie Hebdo. Le lendemain, Amédy Coulibaly, lié aux frères Kouachi, avait tué une policière avant de prendre en otages le lendemain des clients dans un magasin cacher, faisant quatre morts.

Les hommages aux tués et blessés lors de ces attaques, organisés depuis le début de la semaine, doivent culminer dimanche avec un rassemblement Place de la République autour d’un chêne du souvenir. Ce lieu a été transformé depuis un an en mémorial pour toutes les victimes d’attentats.

Depuis plusieurs années, les attentats ou projets d’attaques, se sont multipliés en France, visant notamment des policiers ou des militaires. Le 20 décembre 2014, un homme avait blessé à l’arme blanche trois policiers dans le commissariat de Joué-les-Tours (centre-ouest) en criant « Allah Akbar » avant d’être tué par des policiers.

L’assaillant connu de la police pour vol en 2013

L’homme abattu jeudi par des policiers alors qu’il attaquait un commissariat à Paris a été identifié et est connu de la police pour une affaire de vol en 2013 dans le sud de la France, a appris jeudi l’AFP de sources proches de l’enquête.

A l’époque des faits, l’homme avait déclaré s’appeler Sallah Ali et se présentait comme un sans-domicile fixe, né en 1995 à Casablanca au Maroc. Ses empreintes digitales avaient alors été entrées au Fichier automatisé des empreintes digitales (FAED), ont indiqué ces sources.

L’homme était porteur d’un « papier sur lequel figurent le drapeau » du groupe Etat islamique (EI) et « une revendication manuscrite sans équivoque » en arabe, selon le procureur de Paris. A l’aune de ces éléments, la direction de l’enquête sur cet attentat a été confiée aux magistrats spécialisés du parquet antiterroriste.

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