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Pakistan: Pervez Musharraf officiellement inculpé du meurtre de Benazir Bhutto

Le Vif

L’ex-président pakistanais Pervez Musharraf a été formellement accusé mardi du meurtre de sa rivale d’antan Benazir Bhutto, assassinée en 2007 en plein rassemblement politique, une première pour un ancien chef des armées au Pakistan.

« Il a été accusé de meurtre, de complot criminel pour meurtre et d’avoir facilité l’assassinat » de Benazir Bhutto, a déclaré à l’AFP le procureur Chaudhry Azhar à l’issue d’une audience à Rawalpindi, ville voisine de la capitale Islamabad.

Pervez Musharraf, rentré au Pakistan fin mars après quatre ans d’exil, a été rapidement rattrapé par plusieurs affaires, notamment le meurtre de Mme Bhutto, tuée le 27 décembre 2007 à Rawalpindi lors d’une attaque à l’arme légère doublée d’un attentat suicide.

L’ex-général, placé en résidence surveillée dans sa villa des environs de la capitale Islamabad, s’est présenté mardi matin à cette audience sous la protection de la police et de forces spéciales. « L’acte d’inculpation a été lu en cour. Il a nié toutes les charges », a ajouté le procureur, précisant que la prochaine audience dans cette affaire était prévue le 27 août prochain.

« Les accusations sont sans fondement. Nous n’avons pas peur de cette procédure. Nous allons respecter le processus judiciaire », a répondu Sayeda Afshan Adil, avocate de Pervez Musharraf.

Personne n’a été condamné pour le meurtre de Benazir Bhutto, chef du Parti du peuple pakistanais (PPP) élue deux fois Première ministre du Pakistan, géant musulman peuplé aujourd’hui par 180 millions d’habitants.

Le « Général Musharraf » avait pris le pouvoir en octobre 1999 à la faveur d’un coup d’Etat militaire sans effusion de sang. Après les attentats du 11 septembre, il était devenu un allié clé de Washington dans la « guerre contre le terrorisme ».

Benazir Bhutto était, elle, rentrée au Pakistan à la fin de 2007 afin de participer aux élections législatives, mais avait rapidement fait état de menaces de mort contre sa personne et ainsi demandé une meilleure protection par le régime du président Musharraf.

Mme Bhutto a été tuée devant des milliers de ses partisans lors d’une grande parade à Rawalpindi. Sa mort avait forcé le report à février 2008 des élections, finalement remportées par son PPP, dont son veuf Asif Ali Zardari avait pris la succession.

Le gouvernement de M. Musharraf avait à l’époque accusé le chef des talibans pakistanais du TTP, Baitullah Mehsud, du meurtre de Benazir Bhutto. Le chef taliban, qui a depuis été tué par un tir de drone américain, a toujours nié toute implication dans cet assassinat qui a marqué au fer rouge le Pakistan.

Outre le dossier Bhutto, l’ancien président Musharraf est dans le collimateur de la justice pakistanaise pour l’imposition de l’état d’urgence en 2007 et le meurtre un an plus tôt, dans une opération militaire, d’Akbar Bugti, un chef rebelle de la province du Baloutchistan (sud-ouest).

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