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Pakistan: la Cour suprême ordonne l’arrestation du Premier ministre

Alors que des dizaines de milliers de manifestants protestent à Islamabad contre la corruption du gouvernement, le Premier ministre en exercice Raja Pervez Ashraf est accusé d’avoir accepté des pots-de-vin en 2010.

La Cour suprême pakistanaise a ordonné ce mardi l’arrestation du Premier ministre en exercice et d’une quinzaine d’autres personnes, pour des accusations de corruption: Raja Pervez Ashraf aurait accepté dessous de table et commissions lors de la validation de projets, lorsqu’il était ministre de l’Eau et de l’Energie en 2010. D’après des analystes interrogés par la BBC, il est cependant peu probable que Raja Pervez Ashraf soit immédiatement contraint de quitter son poste.

Agé de 62 ans, élu du Parti du peuple pakistanais (PPP), il avait accédé au pouvoir après le départ en juin de Yousuf Raza Gilani, destitué par la Cour suprême pour avoir refusé de demander la réouverture de poursuites contre le président Zardari. Les soupçons de corruption qui pesaient sur Raja Pervez Ashraf étaient déjà connu à ce moment-là.

La décision de la Cour suprême intervient d’ailleurs alors que des manifestations anti-corruption secouent le pays depuis lundi: plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont afflué vers Islamabad pour dénoncer l’incompétence et la corruption du gouvernement.

L’appel d’un chef religieux

Ils avaient quitté dimanche Lahore, la grande ville de l’est du pays, à bord de centaines de voitures et bus pour rejoindre la capitale à 400 km de là, à l’appel d’un chef religieux. Pakistano-Canadien, revenu en décembre de Toronto après des années d’exil, Tahir ul-Qadri est considéré comme un modéré.

Le 23 décembre à Lahore, il avait déjà rassemblé plus de 100 000 personnes, quelques jours seulement après son retour du Canada. Il avait alors donné jusqu’au 10 janvier au gouvernement pour mener des réformes, faute de quoi il marcherait avec ses partisans sur la capitale.

Une « conspiration » selon le gouvernement

Le gouvernement avait qualifié la mobilisation de « conspiration » contre lui, et prévenu que les manifestants seraient empêchés d’entrer dans le centre de la capitale, où l’enclave abritant les bâtiments gouvernementaux et ambassades a été barricadée. Tahir ul-Qadri réclame au pouvoir des mesures rapides pour que les élections générales, prévues au plus tard mi-mai, soient transparentes et permettent un plus grand partage des ressources dans un pays miné par les inégalités. Ses détracteurs le soupçonnent d’être manipulé par la puissante armée ou des pays étrangers pour retarder le processus électoral.

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