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Pakistan: Imran Khan, du cricket à la politique

Certains le surnomment « l’enfant chéri du Pakistan », d’autres « Terminator », lorsqu’il endosse ses lunettes noires pour partir en campagne. Imran Khan, parmi les favoris aux législatives pakistanaises du 11 mai, est un ancien joueur de cricket pakistanais aux airs de Bobby Ewing, devenu une des figures incontournables de la politique pakistanaise.

Issu d’un milieu plutot aisé, il fait sa scolarité à Lahore, puis en Angleterre, où il intègre le cours Philosophie, politique et économie du Keble College de l’Université d’Oxford en 1972. Sa carrière sportive a fait de lui une véritable star au Pakistan: il mène l’équipe nationale de cricket à la victoire lors de la coupe du monde de 1992.

Une intégration difficile à la vie politique pakistnaise

Habitué de la jet-set londonienne, il épouse en 1995 une membre de l’aristocratie anglaise, Jermina, la fille du milliardaire Sir James Goldsmith dont il divorcera en 2004.

Après sa retraite sportive, celui qui admet, n’avoir « jamais voté à une élection auparavant » fonde en avril 1996, son propre parti, Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) (Mouvement pour la Justice), proche du nationalisme pakistanais. Assez marginalisé à ses débuts, le PTI ne remporte aucun siège aux éléctions législatives de 1997. Celles de 2002 ne lui font gagner qu’un seul siège à l’Assemblée nationale, où Imran Khan représente la ville de Mianwali, dont sa famille est originaire, jusqu’en octobre 2007.

2007-2011: les années décisives

L’année 2007 représente un tournant dans sa vie politique. Comme d’autres partis d’opposition, le PTI s’engage dans le « mouvement des avocats », qui s’est organisé contre Pervez Musharraf et en réponse à la révocation de nombreux juges, dont le président de la Cour suprême Iftikhar Muhammad Chaudry. Le PTI, qui a enfin connu la lumière, compte bien prendre une position centrale sur l’échiquier politique pakistanais. C’est ainsi qu’en 2011, Imran Khan commence à rassembler des foules importantes et obtient le ralliement de nombreuses personnalités politiques. Devenu une figure politique sérieuse et influente, son parti compte désormais parmi les principales forces du pays, le propulsant ainsi au statut de favoris pour devenir Premier ministre à l’approche des législatives.

Son combat: la lutte contre la corruption

L’ancien sportif séduit la classe moyenne émergente et surtout la jeune génération avide de changements. Durant sa campagne, Imran Khan a insisté sur les phénomènes de corruption qui se sont largement emparés de la classe dirigeante pakistanaise. « Je peux vous dire que 80% des personnes qui ont des postes hauts placés au Pakistan sont des criminels » a-t-il confié à une journaliste de la BBC. « Je n’exagère pas, j’ai même des doutes quant aux autres 20% ». Toujours moins avare de promesses, il affirme devant les foules qui viennent l’écouter qu’il peut éradiquer, en 90jours, la corruption qui gangrène le pays. Certains le décrivent comme naïf, d’autres dangereux.

« Taliban Khan »

Alors que les attentats du groupe taliban pakistanais TTP se sont enchaînés contre les partis laïques pendant la campagne, les opposants d’Imran Khan dénoncent une « trop grande tolérance » de la part du candidat. Affublé du surnom « Taliban Khan », son indulgence face aux terroristes lui est reprochée. Ce dernier s’en défend formellement et explique préférer le dialogue à l’usage d’une force qui a, jusqu’à présent, montré ses limites. « Qu’ont pu apporter les neuf années d’opérations militaires au Pakistan, à part de l’extrêmisme et toujours plus de terrorisme? », répond Imran Khan à ceux qui l’accusent de « complaisance ». « Plus nous en tuons, plus ils gagnent de militants », ajoute-t-il à propos d’Al-Qaïda.

Derrière la répartie et l’assurance du candidat, se cachent néanmoins 10 années d’efforts sans relâche. Cette nouvelle légitimité sur la scène politique pakistanaise pourrait bien lui donner l’aura nécessaire pour devenir le nouveau Premier ministre.

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