Le premier ministre espagnol Mariano Rajoy embrassant le président de la Catalogne Carles Puigdemont © AFP

« On ne peut rien construire si la menace contre l’unité nationale ne disparaît pas »

Le Vif

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy n’écarte pas, dans un entretien au quotidien espagnol El Pais dimanche, de suspendre l’autonomie dont jouit la Catalogne si ses dirigeants ne renoncent pas à leur menace de déclaration d’indépendance.

« Je n’écarte rien », dit-il au journal qui l’interroge sur l’application de l’article 155 de la Constitution, permettant de suspendre cette autonomie. « Mais je dois faire les choses en leur temps (…) J’aimerais que la menace de déclaration d’indépendance soit retirée le plus vite possible », ajoute-t-il.

« L’idéal serait de ne pas devoir prendre des mesures drastiques, mais pour cela il faut que des rectifications se produisent », de la part de l’exécutif catalan, déclare M. Rajoy dans cet entretien, le premier concédé à un grand quotidien espagnol depuis que la crise a éclaté, le 1er octobre. Ce jour-là, l’exécutif indépendantiste catalan a organisé un référendum d’autodétermination jugé inconstitutionnel et interdit par Madrid, et des policiers et gardes civils dépêchés sur place ont cherché à l’empêcher, non sans brutalité par endroits, faisant au moins 92 blessés. Depuis, les séparatistes menacent de déclarer l’indépendance de manière unilatérale sur le fondement des résultats de ce « référendum », qu’ils affirment être de 90,18% de « oui » à la sécession.

M. Rajoy assure dimanche dans son entretien que pour les dirigeants catalans « il est encore temps » de faire machine arrière pour éviter le déclenchement d’une réponse musclée, alors que son électorat et l’aile dure de son parti lui réclament de réagir. Il réitère aussi son refus de « discuter de l’unité du pays » et martèle que, dans tous les cas, « on ne parle pas sous la menace ».

Selon le quotidien La Vanguardia, les indépendantistes sont eux-mêmes partagés sur l’éventualité d’une déclaration unilatérale d’indépendance, et envisageraient de déclarer l’indépendance en laissant un délai avant l’entrée en vigueur de celle-ci.

Que cela soit « le lendemain » ou « assortie d’une suspension » ou « en différé », cela « n’a absolument aucune importance », rétorque M. Rajoy. « Soyons sérieux: on ne peut rien construire si la menace contre l’unité nationale ne disparaît pas ».

M. Rajoy écarte les propositions de médiation et ajoute que la seule négociation prioritaire doit se tenir au parlement régional catalan, entre séparatistes et opposition.

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