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Offrir une chèvre pour combattre la précarité en Afrique

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Avec sa campagne J’achète une chèvre, l’ONG Vétérinaires sans frontières construit un modèle d’élevage de subsistance solidaire au profit de familles africaines précarisées. Voici comment les dons enclenchent le début d’un cercle vertueux durable.

Une chèvre, du lait, un troupeau, des revenus pour une famille, puis un village… La stratégie est limpide. Au départ de la Belgique, l’ONG Vétérinaires sans frontières propose à des professionnels et aux particuliers d’offrir une chèvre (50 euros) ou un troupeau (dès 200 euros), dans le cadre d’une campagne qui s’étend jusqu’au 31 janvier prochain. Les fonds ainsi récoltés lui permettent d’améliorer les pratiques d’élevage dans huit pays africains, en partenariat avec des vétérinaires et des acteurs locaux. Sur les terres arides de l’Afrique de l’Ouest, son action aide les éleveurs transhumants, contraints de migrer avec leurs troupeaux selon les saisons. Dans l’Afrique des Grands Lacs, l’élevage constitue une alternative de subsistance dans un cadre de vie où les terres de culture se raréfient, vu l’augmentation de la densité de population.

Le point commun entre ces deux environnements : des conditions de vie très précaires, accentuées par le risque de propagation de maladies fatales aux troupeaux de plusieurs villages, puis d’une région toute entière. C’est à ce niveau qu’intervient précisément Vétérinaires sans frontières. Depuis sa création en 1985, l’ONG participe à plusieurs programmes d’aide au développement mis en place par la Belgique ou par la coopération internationale. « Notre but, c’est évidemment que les bénéfices de nos actions puissent perdurer, même après notre départ », commente Aude Delcoigne, en charge de la récolte de fonds chez VSF. Ici, l’achat d’une chèvre ne constitue en rien une aide ponctuelle d’urgence ; les dons récoltés en ce sens contribuent au développement de pratiques d’élevage sur le long terme, au bénéfice d’une collectivité bien plus large qu’une seule famille.

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Un mécanisme de suivi et de solidarité

« Au départ des statistiques disponibles en matière de pauvreté et de sécurité alimentaire, nous sélectionnons des zones où l’élevage, et plus précisément la santé et la production animale, représente une réelle plus-value socio-économique pour les populations locales vulnérables », poursuit Aude Delcoigne. Dans les villages concernés, c’est en comité que les habitants décident d’attribuer une chèvre à une famille en particulier, en fonction de sa précarité. De son côté, Vétérinaires sans frontières agit à deux niveaux. D’une part en aidant un réseau de vétérinaires privés à s’installer dans les zones d’intervention, d’autre part en dispensant des formations aux futurs éleveurs, ainsi qu’à des agents communautaires de santé animale. Ces derniers sont chargés de s’assurer, dans chaque village, que les recommandations en la matière font bien l’objet d’un suivi régulier. A terme, les éleveurs apprennent eux-mêmes, via ces échanges, à adopter les bons réflexes quand les premiers symptômes apparaissent. Au bout de 18 à 24 mois, ils font don d’une ou plusieurs chèvres à un autre ménage sélectionné, en suivant un principe de solidarité très ancré dans ces collectivités.

Si Vétérinaires sans frontières est financé à 84% par des bailleurs institutionnels, les dons ou legs privés contribuent largement à pérenniser son action de terrain, pour que celle-ci ne dépende pas uniquement de la création – ou de la disparition – d’un programme de développement. En 2017, VSF a distribué 7 154 chèvres et aidé plus de 460 000 familles africaines, en vaccinant par ailleurs 12 millions d’animaux.

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