Après le sommet historique entre Donald Trump et Kim Jong Un, le président américain avait tweeté que Pyongyang "n'est plus une menace nucléaire". © REUTERS

Nucléaire: Washington veut garder les discussions avec Pyongyang sur les rails

Le Vif

Les Etats-Unis tentent de garder sur les rails les discussions avec Pyongyang sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, même si plusieurs informations font état de la poursuite des programmes nucléaire et balistique nord-coréens, selon des experts.

Selon les agences américaines de renseignement citées lundi par le Washington Post, qui se basent sur des images satellite, la Corée du Nord construit « un, peut-être deux » nouveaux missiles dans un grand complexe de recherche à Sanumdong, à proximité de Pyongyang, où a été fabriqué le premier missile nord-coréen capable d’atteindre la côte Est des Etats-Unis.

Interrogé, le Pentagone a indiqué qu’il ne « commentait pas les affaires de renseignement ».

Mais ces révélations interviennent quelques jours après que le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a admis lors d’une audition au Congrès que Pyongyang continuait à produire des matériaux nucléaires, six semaines après un sommet historique entre Donald Trump et Kim Jong Un à l’issue duquel le président américain avait tweeté que Pyongyang « n’est plus une menace nucléaire ».

Pour Harry Kazianis, du centre de réflexion conservateur Center for the National Interest, ces informations ne sont pas surprenantes car le leader nord-coréen ne fait que mettre à exécution ce qu’il a toujours dit.

« Je ne suis pas choqué du tout », indique M. Kazianis à l’AFP. Kim Jong Un « l’a écrit noir sur blanc: les Nord-Coréens vont produire en masse des missiles et des armes nucléaires ».

Au sommet de Singapour le 12 juin, Kim Jong Un n’a jamais promis publiquement de suspendre les activités des sites nord-coréens de fabrication des missiles. Il s’est seulement engagé à « oeuvrer à » une dénucléarisation de la péninsule coréenne.

Et surtout, il ne s’est pas engagé à désarmer unilatéralement.

Joel Wit, fondateur du site respecté 38 North, souligne qu’il n’est pas étonnant qu’un pays en train de négocier poursuive ses activités jusqu’au dernier moment, rappelant que le sommet Trump-Kim a abouti à la signature d’une déclaration, et non d’un accord.

« Quand ils sont engagés dans ce genre de négociations (…), les pays n’arrêtent pas tout pour voir comment les négociations vont se passer », explique-t-il à l’AFP. « Ils poursuivent normalement leurs programmes jusqu’à ce qu’il y ait un résultat. Et c’est ce qui se passe ici ».

C’est le site 38 North qui a publié il y a quelques jours des images satellite montrant que la Corée du Nord a commencé à démanteler des infrastructures sur sa principale base de lancement de satellites, celle de Sohae, considérée comme servant de site d’essais pour ses missiles balistiques intercontinentaux.

– Pression sur Washington –

Mais pour Bruce Bennett, du centre de recherche Rand Corporation, les images satellite des activités de Pyongyang sur ses sites nucléaires montrent que la Corée du Nord cherche à faire pression sur Washington pour obtenir une levée graduelle des sanctions internationales qui paralysent son économie.

« Les Nord-Coréens savent que nous les surveillons », indique-t-il à l’AFP.

Ils « veulent un allègement des sanctions au fur et à mesure qu’ils arrêteront de faire certaines choses », ajoute ce spécialiste, rappelant que les Etats-Unis insistent sur le fait que les sanctions ne seront levées que lorsque la dénucléarisation sera complète.

M. Pompeo se rend d’ailleurs cette semaine à Singapour pour des réunions de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean). Et selon un haut responsable du département d’Etat américain, il va demander aux pays asiatiques de continuer à mettre en oeuvre les sanctions contre la Corée du Nord pour la pousser à abandonner ses armes nucléaires.

« Tous les pays membres de l’ONU doivent appliquer les sanctions prévues par les résolutions du Conseil de sécurité », a insisté mardi ce haut responsable ayant requis l’anonymat, alors que les Etats-Unis ont récemment critiqué un certain relâchement, notamment de la part de la Chine et de la Russie.

M. Pompeo n’a pas exclu une rencontre bilatérale avec son homologue nord-coréen pour poursuivre les négociations de désarmement.

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