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Nucléaire: Greenpeace s’explique sur son opération commando

Des militants de Greenpeace se sont introduits dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine pour mettre en avant les failles de sécurité. Adélaïde Colin, directrice de la communication chez Greenpeace, explique à LeVif.be l’objectif de cette démarche.

Neuf militants de Greenpeace se sont introduits dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine autour de 6h du matin ce lundi. Ils ont tous été interpellés. Adélaïde Colin, directrice de la communication chez Greenpeace, explique à LeVif.be, l’objectif de l’ONG, habituée des opérations commandos.

Que voulez-vous prouver en pénétrant sur le site nucléaire de Nogent-sur-Seine?

« Nous souhaitons prouver que le nucléaire, contrairement à ce que répète le gouvernement français, est loin d’être une énergie sûre. Après la catastrophe de Fukushima, François Fillon a commandé un audit sur la sécurité des centrales nucléaires en France, dont les résultats devraient être publiés au début de l’année. Mais cette étude est très partielle: elle ne s’intéresse qu’aux risques naturels comme les tremblements de terre ou les inondations. Tous les facteurs humains, à l’instar d’une attaque terroriste ou d’un accident d’avion, ont été laissés de côté. C’est complètement aberrant dans un contexte où le directeur des renseignements intérieurs, Bernard Squarcini, ne cesse de répéter que le territoire français est la seconde cible des terroristes, derrière les États-Unis. C’est ce que nous avons voulu prouver aujourd’hui: l’imprévisible arrive toujours. »

Comment avez-vous planifié l’introduction de militants dans la centrale de Nogent-sur-Seine?

« Les actions de ce type sont des opérations classiques chez Greenpeace. Au début de l’année, nous nous étions introduits sur le chantier de l’EPR de Flamanville. Nous ne souhaitons pas révéler la logistique, mais sachez que les militants qui se sont introduits dans la centrale sont des citoyens lambdas, ni surentrainés, ni suréquipés. Et pourtant, en moins d’un quart d’heure ils sont parvenus à franchir les barbelés et atteindre le coeur du réacteur. Ils ne disposaient que de moyens très sommaires, à la portée de tous. »

Selon EDF, les militants de Greenpeace ont été repérés dès le début, mais les services de sécurité ne sont pas intervenus tout de suite, sachant qu’ils étaient pacifistes?

« EDF ne veut pas perdre la face et répète à qui veut l’entendre que la situation est sous contrôle. Mais, admettons que les services de sécurité aient vraiment repéré les militants de Greenpeace -ce dont nous n’avons aucune preuve- nous avons encore plusieurs activistes dans d’autres sites nucléaires qui n’ont pas été repérés. Les communiqués d’EDF indiquant qu’il n’y a pas de trace d’intrusion dans d’autres centrales sont donc inquiétants. Nous ne souhaitons pas dire où et combien ils sont, afin de laisser EDF et Areva les trouver et prendre conscience de la faille dans le système de sécurité ».

Un porte-parole du ministère français de l’Intérieur a annoncé qu’une fouille « approfondie » des installations nucléaires en France était en cours lundi après l’intrusion de militants de l’organisation Greenpeace dans une centrale à une centaine de kilomètres de Paris. Ce même porte-parole a assuré qu’à « aucun moment, l’intégrité des installations nucléaires n’avait été mise en péril » par l’intervention des militants de Greenpeace.



Caroline Politi

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