© Reuters

NSA: faut-il attendre un changement de la part de Barack Obama?

Le Vif

La controverse sur l’espionnage de la NSA bat son plein, mais Barack Obama reste très discret et se contente de « réexaminer » les activités de l’Agence de sécurité nationale. Analyse de cette stratégie.

Obama « réfléchirait » à stopper les écoutes de la NSA, d’après Associated Press. Du conditionnel, voilà tout ce que les Européens fâchés d’avoir été espionnés et certains citoyens inquiets pour leur vie privée, auront obtenu du président américain.

Très ferme lors des scandaleuses révélations d’Edward Snowden – exerçant même des pressions sur les pays qui envisageaient d’accueillir le lanceur d’alerte – le patron de la Maison Blanche s’exprime désormais avec parcimonie sur les activités de l’agence nationale de sécurité américaine.

Machine hors de contrôle ou jeu diplomatique?

Lorsqu’il prend la parole, Barack Obama ne manque d’insister sur le rôle de la NSA dans la défense contre le terrorisme. Pas question donc pour le président de remettre en cause, la loi permettant les activités d’espionnage de l’agence. « Le but de [ses] opérations est de faire en sorte que les Américains soient en sécurité et que je prenne les bonnes décisions », a-t-il rappelé, lundi, lors d’un entretien avec la chaine de télévision américaine Fusion.

« Ces dernières années nous avons vu les capacités [de la NSA] se développer et s’étendre », a-t-il cependant ajouté, laissant planer l’image d’une machine tentaculaire dont il aurait perdu le contrôle. Une impression confortée par la cacophonie qui règne autour des écoutes des leaders européens. La NSA a-t-elle espionné Angela Merkel sans l’accord du président des Etats-Unis? Le doute subsiste, et certains y voient un signe de faiblesse de l’administration Obama.

« Ce scandale ne remet pas en cause l’autorité du président », réfute pourtant Alix Meyer, chercheur à Sciences Po. D’après lui, ne pas être au courant de tous les détails, permet justement à Obama de se dédouaner en cas de problème. « Je n’étais pas au courant, » peut-il ainsi répondre à ses alliés européens qui malgré leurs services secrets sophistiqués, lui reprochent de les espionner.

Qu’attendre d’un réexamen ?

Pour désamorcer les critiques, le président a tout de même fait un petit pas en avant. « J’ai lancé un réexamen [des opérations de la NSA] pour être certain que ce qu’ils sont capables de faire ne devienne pas ce qu’ils doivent faire, » a-t-il déclaré lundi. Une formule alambiquée qui pointe du doigt les pratiques de collecte massive des données en vogue à la NSA et donne plus de poids au respect de la vie privée. Le président, par le biais de son porte-parole, Jay Carney, a également reconnu « la nécessité de restrictions supplémentaires sur la manière dont nous collectons et dont nous utilisons les renseignements ». L’autorisation de la collecte des données ainsi que les politiques de renseignements vont en effet faire l’objet de révisions, mais rien n’indique, pour l’instant, qu’elles déboucheront sur un réel changement. Au contraire, d’après Alix Meyer, « tout cela va continuer sur un mode assez similaire ».

Par Hélène Pillon

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire