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Nouvelle enquête sur la mort de l’ancien président rwandais Habyarimana

Le juge antiterroriste parisien Marc Trévidic, chargé par la France de l’enquête sur l’attentat contre le président rwandais Juvénal Habyarimana en avril 1994, a désigné une commission d’experts afin de tenter de reconstituer les circonstances du drame.

Le juge d’instruction Marc Trévidic, chargé par la France de l’enquête sur l’assassinat de l’ancien président Rwandais hutu Juvénal Habyarimana, et sa collègue Nathalie Poux, ont décidé de mettre en place une équipe d’experts afin de reconstituer l’attentat qui a fait chuter l’avion présidentiel. Le 6 avril 1994, jour de l’attentat, l’explosion qui a aussi coûté la vie au président burundais a marqué le début du génocide des Tutsis.

Cinq experts en balistique, explosifs, aéronautique ainsi qu’en géométrie pour les questions topographiques ont été désignés dans une ordonnance rédigée ces derniers jours. Accompagnés des juges d’instruction, ces experts devraient se rendre au Rwanda « dans les mois qui viennent », ont indiqué deux sources proches du dossier.

Ils devront notamment tenter d’établir la trajectoire du Falcon 50 lorsqu’il a été touché par un missile alors qu’il était en phase d’atterrissage sur l’aéroport de Kigali. Ils essaieront ensuite de déterminer la nature du projectile ainsi que l’emplacement des tireurs. Leur rapport est attendu pour mars 2011.

L’origine des tirs est au coeur de l’enquête sur les responsabilités dans cet attentat. A ce stade, les enquêteurs français soupçonnent la rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR), alors dirigée par l’actuel président Paul Kagame. Le commando auteur des tirs se serait infiltré à travers le dispositif des Forces armées rwandaises (FAR), sur la colline de Massaka, qui surplombe l’aéroport.

C’est en tout cas ce qui ressort du rapport d’enquête rendu par le juge Bruguière en 2006. Suite à l’enquête de ce juge antiterroriste français, des mandats d’arrêt internationaux ont été délivrés contre des personnes proches du président Kagame. L’actuel ministre de la Défense James Kabarebe et l’ancienne mairesse de Kigali, Rose Kabuye ont été entendus. Le juge Bruguière avait également demandé à l’ONU de saisir le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) afin d’engager une procédure judiciaire contre Paul kagame. Depuis, son principal témoin, Emmanuel Ruzigana, est revenu sur son témoignage et Paul Kagame n’a jamais été mis en cause.

Le gouvernement rwandais a de son côté mis en place une commission d’enquête qui a imputé la responsabilité de l’attentat aux extrémistes hutus des FAR. Les Forces armées rwandaises ont ensuite lancé, avec les milices hutus Interahamwe, le génocide contre les Tutsis qui a fait 800.000 morts d’après l’ONU.

Guillaume Bur avec Belga.

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