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Nouvelle crise des ordures à Naples

Les rues de la ville restent jonchées de montagnes de déchets, mais la crise actuelle est de moindre ampleur qu’en 2007-2008. Berlusconi a promis de régler ce sujet sensible en dix jours.

Le problème de la gestion des ordures en Italie est récurrent. A Naples sans doute plus qu’ailleurs: et la crise a une nouvelle fois investi les rues de la ville.

Le dimanche 24 octobre, des milliers de personnes ont défilé pacifiquement près de Terzigno, à 20 km au sud de Naples, pour réclamer la fermeture de la décharge à ciel ouvert et rejeter l’ouverture d’une deuxième. Plus tard dans la nuit, deux voitures de police mobilisées pour empêcher de nouveaux affrontements ont été encerclées par une quarantaine de jeunes. Un policier a été blessé à un oeil. Les trois agresseurs, tous très jeunes, ont été interpellés.

Pour la première fois depuis plus d’une semaine, il n’y a eu aucun affrontement entre les riverains mobilisés et les dizaines de policiers et carabiniers. Les nuits précédentes, les habitants avaient en effet érigé des barricades de matelas, sacs poubelles, véhicules incendiés, et lançaient des pierres, pétards et feux d’artifices à chaque fois que la police les chargeait pour déblayer les rues.

Projet « gelé de façon indéterminée » Le maire de Terzigno et ceux des localités avoisinantes ont refusé le week-end dernier de signer un compromis avec le chef de la protection civile Guido Bertolaso. Celui-ci prévoit la suspension pour trois jours du déversement d’ordures à Terzigno et un report de l’ouverture de la deuxième décharge. Les maires réclament l’annulation pure et simple de ce projet. Et de souligner les problèmes pour la santé publique et la pollution environnementale.

Pour le moment, le projet est « gelé de façon indéterminée ». Mais Guido Bertolaso a dit vouloir « aller de l’avant »: il affirme que l’ouverture de la deuxième décharge est prévue par une loi du gouvernement de Silvio Berlusconi. Une nouvelle rencontre entre les maires et Guido Bertolaso devrait se tenir ce mardi à la préfecture de Naples.

10 jours pour régler la crise

Durant des années, la mafia napolitaine a infiltré le marché rémunérateur de la gestion des déchets dans la région de Naples. La crise de 2007-2008 avait contribué à la victoire de Silvio Berlusconi aux législatives de 2008 et à son retour au pouvoir.

La crise actuelle est de moindre ampleur que la précédente, mais le dossier reste sensible. Sivio Berlusconi a promis le 22 octobre de le régler en 10 jours.

La Commission européenne tance les autorités La Commission européenne a estimé samedi que les autorités italiennes « n’avaient pas pris les mesures suffisantes » pour régler le problème de la collecte des déchets dans la région de Naples. Si Rome n’adapte pas sa législation à la loi européenne sur la collecte des déchets, elle risque une très lourde amende, a mis en garde la Commission.

« Je suis inquiet de ce qui se passe en Campanie ces derniers jours », a dit le commissaire à l’Environnement Janez Potocnik dans un communiqué. « Aujourd’hui, la situation nous amène à croire que les mesures prises par les autorités italiennes depuis 2007 sont insuffisantes ».

Après une procédure d’infraction ouverte contre l’Italie en 2007 à la demande de la Commission, la Cour européenne de justice a instamment demandé à l’Italie, en mars dernier, de se doter d’un réseau adéquat pour éliminer les déchets dans la région de Naples. Rome doit impérativement se mettre en conformité avec la loi européenne sur le traitement des déchets sous peine de sanctions, a prévenu la justice européenne.

« Ce qui s’est passé ces derniers jours montre que les autorités italiennes n’ont pas encore fait le nécessaire pour trouver une solution adéquate et définitive au problème » des déchets, a insisté samedi la Commission.

Bruxelles « envisage » d’envoyer une délégation en Campanie pour évaluer la situation. Si elle constate que l’Italie n’a pas accompli les efforts réclamés, Rome pourrait être condamnée à une très lourde amende, a prévenu la Commission.

Le Vif.be, avec L’Express.fr et Belga

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