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Naufrage en Méditerranée: Appel de l’ONU pour un partage de la charge des réfugiés

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a appelé dimanche la communauté internationale à partager la prise en charge des réfugiés, après le naufrage en Méditerranée d’un bateau avec 700 migrants.

M. Ban, qui s’est dit « choqué et profondément attristé » par l’annonce du naufrage, dans la nuit de samedi à dimanche au large des côtes libyennes, d’un chalutier qui aurait fait près de 700 morts, « appelle la communauté internationale à la solidarité et au partage de la charge face à cette crise », selon un communiqué publié par son porte-parole.

Les garde-côtes italiens ne confirment pas ce chiffre de 700, mais précisent que ce chalutier de 20 mètres de long « est en capacité de transporter plusieurs centaines de personnes ».

La « crédibilité » de l’EU est en jeu

Face au naufrage d’un bateau de migrants en Méditerranée qui aurait fait près de 700 morts, l’Union européenne a prévu une réunion d’urgence prochainement à la demande de plusieurs responsables européens, pour intensifier la « lutte contre les bandes de passeurs criminelles ».

Les ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères de l’UE donc vont se retrouver dans les prochains jours à une date non encore fixée, le Premier ministre italien Matteo Renzi réclamant lui un sommet européen de préférence avant la fin de la semaine.

La Commission européenne, qui prépare une nouvelle stratégie sur l’immigration, a souligné que « des vies humaines sont en jeu, et l’Union européenne dans son ensemble a l’obligation morale et humanitaire d’agir ».

Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, a averti qu’il en va de la « crédibilité » de l’Europe. Berlin et Paris ont appelé à intensifier la lutte contre les passeurs.

« Toutes les polices d’Europe et les autorités chargées de surveiller les frontières doivent mobiliser l’ensemble de leurs forces pour lutter contre les bandes de passeurs criminelles qui font des affaires avec la misère humaine », a déclaré le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel.

Le président français François Hollande a exhorté les pays de l’UE à agir en renforçant « le nombre de bateaux » de surveillance et en proposant « plus de survols » aériens en Méditerranée.

En revanche, le Premier ministre italien Matteo Renzi, a estimé que « ce n’est pas avec dix bateaux de plus ou de moins » que le problème sera réglé.

De son côté, la chef de la diplomatie de l’UE, l’Italienne Federica Mogherini, a décidé de mettre cette question à l’agenda de la réunion des ministres des Affaires étrangères lundi à Luxembourg.

Les ministres des 28 doivent discuter lundi de l’assistance que pourrait fournir l’UE à un gouvernement d’unité nationale actuellement en pourparlers en Libye, seule garantie à leurs yeux de réconciliation politique, et seul moyen d’endiguer le flot de migrants.

Circonstances du naufrage

Ce chalutier a chaviré à environ 70 milles (130 km) des côtes libyennes avec à son bord plus de 700 personnes, selon le récit de 28 survivants récupérés par un navire marchand portugais, a indiqué aux télévisions italiennes, Carlotta Sami, porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR). Si ces chiffres étaient confirmés, il s’agirait de la « pire hécatombe jamais vue en Méditerranée », a-t-elle déclaré.

Les sauveteurs « essaient de trouver des survivants au milieu des cadavres flottant à la surface de la mer », a affirmé dimanche le Premier ministre maltais, Joseph Muscat, lors d’un meeting politique. Quelque 24 cadavres ont été récupérés, selon les garde-côtes italiens, qui ne confirment pas le chiffre de 700 personnes à bord, mais précisent dans un communiqué que ce chalutier de 20 mètres de long « est en capacité de transporter plusieurs centaines de personnes ».

Dans un nouveau communiqué publié en début d’après-midi, les garde-côtes soulignent que les recherches se poursuivent activement, mais qu’aucun autre survivant ou cadavre n’a pu encore être retrouvé. Cette nouvelle tragédie en Méditerranée fait suite à deux naufrages la semaine dernière, dont l’un a fait 400 diparus, et l’autre plus de 40, selon le récit de survivants à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et à des ONG. Le chalutier a lancé dans la nuit de samedi à dimanche un appel au secours reçu par les garde-côtes italiens qui ont aussitôt demandé à un cargo portugais de se dérouter, selon un communiqué des garde-côtes. A son arrivée sur les lieux, à environ 120 milles (220 km) au sud de l’île italienne de Lampedusa, l’équipage du cargo a vu le chalutier chavirer, selon les garde-côtes italiens.

Une importante opération de secours, coordonnée par les gardes-côtes italiens, a été mise en place avec le concours de quelque 17 navires des marines italienne et maltaise notamment, selon les garde-côtes italiens et un porte-parole de la marine maltaise, interrogé par l’AFP.

L’alerte avait été donnée vers minuit (22H00 GMT), selon ce dernier. A la faveur du chaos en Libye et du beau temps qui s’est installé sur cette partie de la Méditerranée, le flux de migrants qui s’embarquent depuis les côtes libyennes ne cesse de grossir. Entre 500 et parfois 1.000 personnes sont chaque jour récupérées par les garde-côtes italiens ou des navires marchands. Plus de 11.000 migrants ont ainsi été récupérés en une seule semaine, selon les garde-côtes. Plusieurs organisations internationales et humanitaires ont dénoncé ces derniers jours l’incurie des autorités européennes. « Il faut une opération Mare nostrum européenne », a ainsi réclamé la porte-parole du HCR. L

‘opération italienne Mare nostrum de sauvetage des migrants a été remplacée cette année par Triton, une opération de surveillance des frontières beaucoup plus modeste. Plus de 900 migrants ont perdu la vie depuis le début de l’année en effectuant la traversée entre la Libye et l’Italie, sans compter cette nouvelle tragédie, contre moins de 50 l’année dernière à la même époque, quand Mare nostrum était encore en place, ont relevé cette semaine les organisations humanitaires. Le pape François a appelé dimanche la communauté internationale à « agir avec décision et rapidité » face à la multiplication des tragédies en Méditerranée.

Les migrants « sont des hommes et des femmes comme nous, des frères qui cherchent une vie meilleure », a déclaré le souverain pontife, devant des milliers de fidèles rassemblés place Saint-Pierre. Le pape avait déjà lancé un appel identique samedi à la communauté internationale. L’Allemagne, l’Italie, la France et la Slovaquie avaient rendu publique vendredi une déclaration commune pour réclamer une solution « forte » au niveau européen.

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