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Musulmans radicaux : « Ne soyons pas trop défaitistes »

Le Vif

Selon le politologue français Olivier Roy, nous ne devons pas exagérer le danger que représente les djihadistes qui une fois de retour de Syrie commettent des attentats en Europe.

De quels milieux sont issus les djihadistes européens et pourquoi vont-ils en Syrie ?

Roy: La plupart de ceux qui vont en Syrie ne sont pas issus des cercles salafistes. Leur choix n’est pas un signe que la communauté se radicalise dans son ensemble. Par ailleurs, on se rend compte que leur engagement s’enflamme rapidement : en moins d’un an, ils peuvent passer d’athées à extrêmement croyants. Ce sont souvent des délinquants qui rencontrent la foi en prison, comme Mohamed Merah, l’homme au scooter de Toulouse, et Mehdi Nemmouche, l’auteur présumé de l’attaque au musée juif de Bruxelles.

N’y a-t-il pas un risque de banaliser le danger en le minimisant ? Roy: Bien sûr que c’est dangereux et il y aura probablement d’autres attentats. Mais je pense qu’il s’agit de loups solitaires qui n’ont pas vraiment de stratégie sur le long terme. Dans cette optique, le danger reste limité. Il y a tout de même un relatif contrôle de la situation. On agit souvent en amont en surveillant les personnes qui sont fichées comme dangereuses. Même s’il est vrai que toutes ne le sont pas en permanence en raison de leur nombre.

Un des dirigeants des services de renseignement estime que ces vétérans de Syrie sont des bombes à retardement. Que certains sont mûrs pour effectuer des attaques en Europe…

Roy: J’en doute. L’attaque de Nemmouche semble avoir été mal préparée. Il s’est laissé prendre facilement alors qu’il avait visiblement encore d’autres actions en vue. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’y en aura pas plus souvent : les attentats de Casablanca en 2004, les attentats lors du marathon de Boston, Merah à Toulouse et dernièrement Nemmouche sont là pour le prouver. Ces attaques ont de moins en moins à voir avec des conflits en cours, une présence de troupe occidentale dans le Moyen-Orient ou dans d’autres pays islamiques. Sans la question israélo-palestinienne, tout continuerait tranquillement son cours puisque c’est une guerre fantôme qui ne sert aucune cause précise.

(KJ)

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