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Moubarak dans le coma comme Ben Ali ?

On sait la santé du président égyptien fragile. Depuis sa démission, la presse égyptienne évoque une plongée dans le coma et un départ pour l’Allemagne. Entre autres rumeurs…

Vendredi 11 février. Alors que le vice-président Omar Souleimane annonçait la démission du président Hosni Moubarak, ce dernier se rendait à Charm-el-Cheikh. Dans cette station balnéaire du Sinaï où il recevait autrefois les puissants du monde, le raïs déchu sombre peu à peu dans l’indifférence de la population.

Et, faute d’être visible, l’ex-président âgé de 82 ans nourrit toutes sortes de rumeurs. D’abord sur sa santé, que l’on sait fragile depuis des années, ce qui a longtemps entretenu la fébrilité autour de sa succession.

Cette fois, il serait en grève de la faim, inconscient ou carrément plongé dans le coma, comme le président tunisien Ben Ali, dont l’état serait jugé inquiétant, selon un journaliste français et des sources tunisiennes. Le quotidien égyptien Al Masry Al Youm évoquait que cette supposée période de coma aurait début dès le samedi 12 février, à Charm-el-Cheikh. Cette publication cite des sources selon lesquelles l’ancien président refuserait de prendre ses médicaments et de voir un médecin.

Les rumeurs concernent aussi un possible départ: Moubarak a-t-il quitté l’Egypte, alors que dans le discours télévisé diffusé la veille de sa démission, il promettait de ne quitter son pays « que pour la tombe »? Les informations à ce sujet sont plus que contradictoires.

Direction l’Allemagne, les Emirats arabes unis… ou même l’Autriche?

Serait-il à la recherche d’un hôpital pour l’accueillir en Allemagne, comme la presse allemande l’a évoqué avant même sa démission? Serait-il déjà sur le sol allemand, comme l’affirme Al Masry Al Youm? Après tout, il a déjà subi une ablation de la vésicule biliaire et le retrait d’un polype du duodénum, à l’hôpital d’Heidelberg, dans le sud-ouest du pays, en mars 2010. Et en 2004, il est déjà venu à Munich pour soigner une hernie discale.

Outre la piste allemande, le même quotidien égyptien évoque un départ pour… les Emirats arabes unis où Moubarak serait également à la recherche d’un établissement susceptible de l’accueillir.

Autre hypothèse: l’Autriche où, selon les informations de notre correspondant à Vienne Blaise Gauquelin, une clinique prestigieuse semble pressentie. Il nous informe ce jeudi que « la clinique privée de Rudolfinerhaus, à Grinzing, dans les beaux quartiers de Vienne, soigne et a soigné des hôtes controversés et puissants, tels que des princes saoudiens, le chah d’Iran, les rois du Maroc et d’Afghanistan ou un chef d’État pakistanais. C’est dans cette clinique discrète qu’avait également atterri le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, à la suite de son empoisonnement en 2004 ».

Ce n’est pas, et de loin, la première vague de rumeurs sur la santé de Moubarak. On l’a même dit mort en mars 2010. Et même plus tôt, fin 2007: son absence inhabituelle de la Une des journaux égyptiens alimentait alors les rumeurs.

Alors qu’à l’époque un journaliste égyptien qui avait fait état de « problèmes de circulation sanguine » avait été condamné à deux mois de prison ferme pour avoir diffusé « de fausses nouvelles de nature à mettre en péril l’intérêt général et la stabilité du pays », aujourd’hui les journalistes ne devraient pas avoir ce genre d’ennuis judiciaires. Qu’il soit encore en Egypte ou non, le raïs est bien parti du Caire.

Marie Simon, L’Express.fr

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