Une femme Mosuo © BELGAIMAGE

Mosuo, le pays où les femmes sont reines (en images)

Muriel Lefevre

On dénombre près de 40 000 Mosuo. Ils vivent depuis des siècles dans des villages pittoresques situés sur les rives du lac Lugu, situé à la frontière du Sichuan et du Yunnan. Perché à 2700 mètres d’altitude et à six heures de route de la ville la plus proche, l’isolement de la région a permis de préserver des coutumes uniques au monde. L’une de leurs traditions les plus originales est le zouhun (« mariage marchant ») que l’on peut comparer à une union libre. Après une cérémonie d’initiation, les femmes Mosuo reçoivent la clé de leur chambre et peuvent choisir leurs amants. Elles pourront en avoir autant ou aussi peu qu’elles le souhaitent.

Les couples ne vivent pas ensemble et les enfants sont élevés exclusivement par la femme et sa famille, les frères et les oncles assurant le rôle paternel. Durant la durée de ces « mariages », les hommes ne rentrent dans la maison de la femme que sur invitation, et passent la nuit dans une « salle des fleurs » avant de repartir chez eux à l’aube. Ils ne sont que des azhu (ami) de passage. Les relations sont en effet autorisées à suivre leur cours naturel, puisque la femme ne dépend pas de l’homme pour le revenu. Lorsque la relation se flétrit, chacun peut reprendre sa liberté.

Une société matrilinéaire

Cela ne les empêche nullement de jouer un rôle important au sein de la société Mosuo. Ils s’occupent de la vente des produits locaux, de la pêche de l’abattage du bétail ainsi que de la construction des maisons. Et s’ils ne sont pas responsables de leurs propres enfants, ils doivent cependant pourvoir aux besoins de leurs neveux et nièces vivants sous le même toit.

Si les Mosuo sont souvent désignés comme l’une des dernières sociétés matriarcales au monde, il est plus exact de parler de société matrilinéaire. Car si les femmes sont les chefs de famille et prennent des décisions concernant les ressources (la richesse et les biens sont transmis par la mère à sa mort), les hommes exercent encore le pouvoir politique au sens large.

Les Mosuo sont traditionnellement animistes et croient en l’idée d’une Déesse Mère. Les Mosuo ont aussi des croyances inhabituelles, telles que la vénération des chiens. Une légende raconte que les chiens avaient auparavant une espérance de vie de 60 ans et les humains de seulement 13 ans. Contre la promesse de respecter les chiens, ceux-ci ont accepté d’échanger leur espérance de vie.

Malgré leurs spécificités, les Mosuo ne sont pas reconnus par le gouvernement chinois comme l’une des 55 minorités officielles, car leur population est trop réduite. C’est pourquoi ils sont souvent identifiés comme mongol.

Un mode vie en sursis

Avec la construction d’une nouvelle route et d’un aéroport, de plus en plus de touristes viennent sur les rives de Lugu, apportant de nouvelles croyances et pratiques. De quoi bouleverser le mode de vie si particulier qui régissait sur les si belles rives du lac Lugu. Les mentalités changent et les jeunes Mosuo sont souvent attirés par l’idéalisme de conte de fées propagées par les films romantiques chinois. Du coup, ils sont de plus en plus nombreux à de se marier à la manière traditionnelle, avec des couples qui cohabitent et se promettent de s’aimer pour la vie.

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