Au checkpoint d'Al-Khazer, des centaines de Mossouliotes chassés par les combats s'entassent dans des autocars et des camions militaires. Depuis la mi-octobre, 125 000 civils ont fui la ville. © ARNAUD ANDRIEU POUR LE VIF/L'EXPRESS

Mossoul, entre le chaos et la peur

Le Vif

Apre et meurtrière, la reconquête de la capitale du « califat » de Daech ne résoudra rien en soi. La peur, la méfiance, les rancoeurs et les crispations identitaires plombent son avenir.

Vêtu d’un faux blouson de marque au similicuir craquelé, pieds nus dans ses sandales, il se tient là, debout, dans la salle d’audience dépouillée et glaciale du tribunal de Hammam al-Alil, ex-bastion du groupe Etat islamique (EI) reconquis le 7 novembre dernier par l’armée irakienne. Devant lui, sous un panneau de bois qu’ornent une balance stylisée et un verset du Coran, un juge cravaté, entouré de deux assesseurs, dont l’un consigne les réponses laconiques du jeune prévenu déboussolé ; à la droite de celui-ci, son avocat, commis d’office. Non, il n’a jamais rejoint les rangs des djihadistes. Oui, deux de ses frères l’ont fait. L’un, précise-t-il, a péri lors d’un raid aérien de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis ; l’autre aurait filé 50 kilomètres plus au nord, à Mossoul, capitale assiégée du  » califat  » peau de chagrin proclamé en juin 2014 par Abou Bakr al-Baghdadi.

Au suivant. Le suivant ? Un paysan de 19 ans, plus pauvre bougre que cerveau du djihad global. Lui admet avoir, mû par la peur, rejoint Daech.  » Mais, bredouille-t-il, je n’ai travaillé à l’entretien de leur maison d’hôtes que deux semaines. Puis je suis parti. Ce qui m’a valu un mois de prison.  »  » D’après l’enquête, objecte le magistrat en parcourant l’un des dossiers bleus empilés sur son bureau, tu détenais un (fusil automatique) AK-47…  »  » Faux ! Pas une fois !  » proteste l’accusé. Avant de livrer à son tour, comme gage de sa bonne foi, les noms de deux complices de l’occupant, puis de marmonner des regrets. Vient ensuite un barbu trentenaire, victime, à l’en croire, d’une homonymie. D’ordinaire, de 10 à 20 suspects défilent ici chaque jour. En ce lundi de janvier, ils seront une cinquantaine.  » Parfois, glisse le procureur, l’un d’eux avoue avoir pris part à une tuerie. Nous renvoyons les coupables présumés devant la haute cour de Mossoul. Le verdict encouru ? Peine capitale ou prison à vie.  »

Au long d'artères dévastées (ici, les vestiges d'une boutique de deux-roues), la vie reprend son cours dans le quartier d'Al-Quds, libéré trois jours auparavant.
Au long d’artères dévastées (ici, les vestiges d’une boutique de deux-roues), la vie reprend son cours dans le quartier d’Al-Quds, libéré trois jours auparavant.© ARNAUD ANDRIEU POUR LE VIF/L’EXPRESS

Sur ce prétoire, sur les façades éventrées et les ruelles fantômes de Mossoul, dans le sillage des citadins naufragés au regard éteint flotte la même énigme. Nul doute qu’au prix d’une campagne âpre et meurtrière, l’ancienne Ninive, jadis fief de l’empereur assyrien Assurbanipal et du prophète Jonas, se libérera en 2017 du joug de Daech. S’affranchira-t-elle pour autant de ses démons ? Pas sûr. L’assaut déclenché le 17 octobre dernier et la résistance acharnée des disciples d’al-Baghdadi révèlent, sinon creusent, les lignes de fracture d’une cité convoitée au fil des siècles par les conquérants perses, romains, arabes ou ottomans. Un haut lieu de l’islam sunnite, certes, mais où se coudoyaient musulmans, chrétiens, Kurdes et Yézidis. Les tourments de la métropole au million et demi d’âmes que traverse le Tigre du nord au sud ne datent pas de l’équipée sauvage de l’EI. Les fantassins du djihad ont cueilli comme un fruit mûr, voire blet, cette ville travaillée depuis la chute de Saddam Hussein (2003) par l’islamisme armé. Ville rongée par la corruption et le racket, révoltée par la cupidité des potentats locaux, terrifiée par l’emprise croissante, à Bagdad, d’une élite politico-militaire chiite hostile et brutale.  » A l’été 2014, reconnaît un vieil instituteur, nous aurions accueilli en sauveur n’importe qui.  »

Rencontré à Gogjali, premier faubourg mossouliote libéré, devant le poste de soins d’urgence de Médecins sans frontières, Bachir n’a cure de tout cela. Ce gamin fluet et craintif sait juste qu’en collectant de la ferraille, il a déniché l’engin bizarre qui lui a éclaté au visage. Une main arrachée, l’autre en piètre état, l’oeil gauche crevé.  » Depuis, confie sobrement sa mère, indifférente à l’hélico qui, à l’aplomb du fleuve, strie le ciel sans nuage d’une volée de roquettes, il ne peut plus jouer aux dominos. Et ça le fait pleurer.  » Au checkpoint dressé à l’entrée du quartier d’Al-Quds, les civils qui fuient les combats croisent ceux qui, bien plus rares, rentrent au foyer, changent de refuge ou acheminent un cageot de vivres. Tous ont appris à décrypter l’infernal fracas qui, à cet instant, couvre le couinement des charrettes à bras, les sirènes stridentes des ambulances et le rugissement des Humvee – montures fétiches des forces spéciales irakiennes – , à distinguer le départ de mortier de l’explosion abrutissante d’un camion piégé. On recense depuis l’automne 125 000 déplacés. Si certains trouvent refuge à l’étranger ou au Kurdistan d’Irak, les plus démunis s’entassent dans de vastes camps de toile. Près de celui d’Al-Khazer, une noria d’autocars et de camions-bennes militaires canalise l’exode. Lequel, soutiennent les plus alarmistes, pourrait condamner à l’errance, dans le froid et la boue, jusqu’à un million de fugitifs. Partir ? Rester ? Dilemme obsédant pour qui se sent pris en étau entre deux peurs : la trouille de Daech et celle de l’imperium chiite.

Place à la justice, si imparfaite soit-elle : listes des membres de Daech et dossiers transmis au tribunal de Hammam al-Alil.
Place à la justice, si imparfaite soit-elle : listes des membres de Daech et dossiers transmis au tribunal de Hammam al-Alil. © ARNAUD ANDRIEU POUR LE VIF/L’EXPRESS

Cet officier de renseignement du service de contre-terrorisme, fer de lance de l’offensive, en convient : la reprise de Mossoul-Ouest, entrelacs de ruelles densément peuplé, propice à la guérilla urbaine,  » prendra des mois « .  » Un casse-tête tactique, poursuit-il, avec son lot d’embuscades, d’attentats suicides et, demain, de cellules terroristes dormantes.  » S’achèverait-il – hypothèse improbable – par une soudaine débâcle de l’EI, l’épisode laissera des stigmates ineffaçables. Parmi les plus palpables, le charnier de Hammam al-Alil qu’annoncent, près de l’immense institut d’agronomie, champ de ruines dantesque, un semblant de clôture grillagée et des hordes de moucherons. Au pied d’une épaisse butée de terre jalonnée de tas d’immondices affleurent ossements humains, vêtements et chaussures.  » La décharge n’est pas ici par hasard, insiste Karim, prof d’histoire désoeuvré. Les barbares de Daech ont enseveli sous les ordures les captifs massacrés, pour la plupart des policiers raflés au lendemain du lancement de la reconquête. Ils appellent ça des enterrements de l’infamie.  » Au-delà de la route, sous le nuage noir que crachent au loin les puits de pétrole incendiés dans leur retraite par les djihadistes, un crâne et un bassin, sans doute exhumés par des chiens errants, signalent une autre fosse commune, improvisée sur un ancien champ de tir.

Retour redouté de Daech

La reprise de Mossoul-Ouest, propice à la guérilla urbaine, prendra des mois »

Comment dès lors, dans une province régie par les traditions tribales, conjurer le spectre de la vengeance ?  » Inévitable, assène Alaa, un ex-flic d’élite du quartier chic d’Al-Qadsiya (Mossoul-Est). Si je mets la main sur l’assassin de mon frère ou de mon fils, je le tue, mais en secret. On peut – c’est mon cas – croire en la loi, mais douter de l’aptitude de l’Etat que l’on sert à l’imposer.  »  » Peu de cas de vendetta pour l’heure, constate le colonel Yassin Ahmad Abbas, chef de la police de Hammam al-Alil. D’autant que les gens redoutent encore un retour de Daech ; et que les pires criminels ont changé d’air. Mais le temps des règlements de comptes viendra.  » Scénario que récuse sans convaincre le juge du cru, persuadé que  » la justice est au-dessus de tout « . De même, l’homme de loi balaie un peu vite les dérives inhérentes à toute épuration, dénonciations mensongères en tête.  » Ça peut arriver, concède-t-il du bout des lèvres. Mais nous tranchons en toute neutralité, sur la base d’aveux ou de preuves solides.  » Il n’empêche : le caïd coutumier de tel village tout proche, lui, peut se contenter de deux ou trois témoignages concordants pour expédier à la potence un  » collabo  » présumé.

Même artificielles, les fleurs posées sur le capot d'un 4 x 4 de l'armée reflètent le soulagement de la population.
Même artificielles, les fleurs posées sur le capot d’un 4 x 4 de l’armée reflètent le soulagement de la population. © ARNAUD ANDRIEU POUR LE VIF/L’EXPRESS

Entre déni, culpabilité latente et pensée magique, nombre de Moslawi – en arabe, résidents de Mossoul – tendent à minimiser l’engagement des  » locaux  » dans les rangs de l’EI. Abou Hussein, l’épicier d’Al-Samah, Mahmoud, le directeur d’école d’Al-Qadsiya, Younès, le fonctionnaire soulagé d’avoir guidé les siens jusqu’à son refuge d’Al-Zahra, tous imputent les cruautés de l’ordre djihadiste aux étrangers –  » Russes « , Tchétchènes, Arabes, Occidentaux convertis – ou à des Irakiens venus d’ailleurs. A peine attribue-t-on aux gars du coin des rôles de supplétifs, de petites mains de la tyrannie ralliées sous la contrainte. Vraiment ? Qui a foncé au volant de sa berline bourrée d’explosifs sur un véhicule blindé de l’armée garé dans la cour de ce collège d’Al-Qadsiya ? Le gardien de l’école.  » Beaucoup, y compris parmi mes collègues policiers, ont rejoint Daech de leur plein gré, par conviction ou pour accéder à un statut confortable « , déplore Alaa. Lui cite parmi les meneurs de son quartier un dénommé Abou Ayoub, fils du pays, prompt, au détour de ses prêches, à presser les fidèles de bombarder les secteurs libérés, repaires d' » apostats « .  » Un de mes amis d’enfance, raconte le colonel Yassin, vouait Daech aux flammes de l’enfer. Il a fait volte-face pour devenir l’un de ses cadis (juges religieux).  » Les deux derniers  » émirs  » de Hammam al-Alil, tués l’un et l’autre l’an dernier ? Des natifs du lieu, vétérans d’Al-Qaeda. Celui d’Al-Qayyarah, plus au sud ? Un autochtone pur jus, cador du BTP et du trafic de pétrole.  » Logique, souligne un initié. Soucieux d’affirmer son ancrage, l’EI a promu au sein de sa hiérarchie des figures locales.  »

Procès en intelligence avec l’ennemi

Bien sûr, au long de ces trente mois de servitude, Mossoul et sa région n’auront guère secoué le joug. Sinon par l’entremise de francs-tireurs, tel le  » martyr Hani Jumaa « , inhumé en lisière du charnier de Hammam.  » Deux mois avant notre libération, jure un témoin, il a abattu sept membres du commando chargé de le liquider. Son cadavre a été pendu sur un rond-point du centre-ville.  » Pas de soulèvement, donc, guère de dissidences à ciel ouvert. Mais une forme de résistance passive, faite de modestes transgressions, d’interdits bravés. Dès la chute de la ville, Alaa planque, dans le faux plafond du salon, son uniforme, son badge et deux drapeaux irakiens. Ce trentenaire sunnite utilise en catimini son téléphone portable, instrument proscrit, fume le narguilé, zappe d’une chaîne de TV satellitaire à l’autre, écoute Alghad-FM, radio rebelle et bannie. Dans son échoppe d’Al- Samah, Abou Hussein persiste, quant à lui, à vendre sous le manteau des cigarettes arméniennes Akhtamar, les seules disponibles, quitte à payer son audace de quatre jours de prison et de 70 coups de fouet.

Pour le pouvoir chiite, sa police, son armée, nous sommes tous avec Daech »

Fondé ou pas, le procès en intelligence avec l’ennemi intenté à la communauté sunnite reflète une tenace méfiance. Tenace et mutuelle :  » Pour le pouvoir chiite de Bagdad, sa police, son armée, nous sommes tous avec Daech, soupire Karim. Trop facile : ceux qui nous accablent de leur mépris nous ont abandonnés sans combattre en 2014.  »  » Par lâcheté ou par calcul, l’Etat central a trahi Mossoul et l’a livrée à ses bourreaux, renchérit un professeur de chimie analytique à l’élégance insolite, croisé sur le marché de Gogjali. La politique, c’est de la merde.  »

« Beaucoup de mes collègues policiers ont rejoint Daech de leur plein gré », regrette Alaa. Lui s’est obstiné à braver les interdits, qu’ils portent sur le tabac ou le téléphone portable.© ARNAUD ANDRIEU POUR LE VIF/L’EXPRESS

Pour combler le fossé, les  » libérateurs  » tant craints déploient des efforts louables, mais parfois dérisoires. En ce 9 janvier, jour anniversaire de la création de la police irakienne, quiconque franchit les chicanes de béton du checkpoint de Hammam al-Alil, pavoisées de guirlandes et de rubans, piquées de fanions, a droit à sa poignée de bonbons. Quant au pare-chocs du Humvee du général de passage, il s’orne de boudins gonflables roses en forme de coeur.  » Je sais bien qu’on nous déteste, admet Sarmad, capitaine au sein d’une brigade de la prestigieuse Golden Division. Voilà pourquoi les miliciens chiites du Hachd al-Chaabi ont été déployés hors de Mossoul, sur son flanc ouest.  » Référence aux Unités de mobilisation populaire, formées et en partie équipées par l’Iran. Pour autant, le jeune officier, blessé lors d’une attaque suicide, se dit  » agréablement surpris  » par l’accueil et le degré de coopération des Moslawi. Etonnement réciproque, là encore.  » Liquidations, pillages, tortures : je m’attendais au pire de leur part, confesse un commerçant. A tort à ce stade. Bien sûr, les étendards à la gloire d’Ali et de Hussein (imams révérés du chiisme) flottant sur leurs barrages me gênent. Mais ces mecs nous ont sortis d’un film d’horreur et ne seront jamais aussi féroces que les dingues de Daech. Du moins ici, à Mossoul.  » Réserve pertinente : selon les ONG Human Rights Watch et Amnesty International, plusieurs localités, réputées acquises à l’EI, ont subi loin des regards de fatales représailles.

« J’en suis presque à haïr l’islam »

Les eaux sulfurées et bienfaisantes de Hammam al-Alil, ex-bastion de Daech, suffiront-elles à purifier cette cité thermale de ses miasmes ?
Les eaux sulfurées et bienfaisantes de Hammam al-Alil, ex-bastion de Daech, suffiront-elles à purifier cette cité thermale de ses miasmes ?© ARNAUD ANDRIEU POUR LE VIF/L’EXPRESS

Du gris foncé au noir d’encre, l' » après  » a les couleurs du deuil. Raison de plus pour s’atteler aux défis du quotidien. L’eau potable, portée disparue ; l’électricité, chichement dispensée par des générateurs privés ; le logement, à retaper. Et l’enseignement, sinistré. Dans cette rue d’Al-Qadsiya, un patriarche barbu tire par la manche le visiteur :  » Dites, je m’inquiète pour ma fille : les deux années scolaires écoulées seront-elles validées ?  »  » Deux ans perdus pour nos gosses, peste en écho un réfractaire. Moi, j’ai retiré les miens de l’école. En calcul, ces incultes de Daech leur faisaient additionner non plus des fruits ou des ballons, mais des cartouches et des obus. Dans les manuels, revus et abrégés, il n’était question que de djihad, de martyrs et de Coran. Un lavage de cerveau.  »  » A cause d’eux, je ne prie plus et j’en suis presque à haïr l’islam « , soupire un traducteur. Presque : le même loue aussitôt Allah d’avoir mis fin au cauchemar… Tout reste à rebâtir. Mahmoud, le directeur de collège, s’y emploie : il réunit chaque lundi les profs rescapés et tient un registre des élèves prêts à regagner leur pupitre.  » Trop tôt pour rouvrir, nuance-t-il. Une roquette, un kamikaze au milieu d’une classe… Vous imaginez le carnage ?  »

Une certitude : cet intermède de plomb a secoué les consciences.  » L’avenir ne dépend que de nous, répète Sajit, boucher sans clients. C’est à nous de veiller sur notre Mossoul. Et de tout changer : les mentalités, les coeurs, les esprits, les chefs, les pratiques.  »  » Avant d’être de telle religion ou origine, nous sommes tous des Irakiens « , avance Alaa. Venu nettoyer avec deux de ses filles sa maison de Bartalla (banlieue est), désertée sous la menace puis annexée par un commandant djihadiste, Ibrahim le sunnite s’accroche à cet espoir : le retour au fil des mois des voisins chrétiens et chiites, pour  » revivre ensemble comme avant dans notre petit Irak « .

Autoritaire, fort en gueule, le colonel Yassin Ahmad Abbas sait mieux que personne ce qu’il en coûte de combattre les porte-flingue du califat. Ceux d’Al-Qaeda hier ; ceux de l’EI aujourd’hui. Il a perdu dans la bataille deux frères, un oeil, l’usage d’une main et sa résidence, anéantie au bulldozer et à l’explosif.  » Daech, martèle-t-il, est un châtiment envoyé par Dieu pour nous réveiller. Quand tu vaccines ton enfant, la piqûre lui fait mal trois secondes mais renforce ses défenses des années durant.  » Cité thermale, Hammam al-Alil doit son nom à ses eaux sulfurées et fumantes, piégées dans des cuves de béton sur les bords du Tigre. On vient entre hommes s’y frictionner ou s’y prélasser. Et, qui sait, se purifier des miasmes – terreurs, angoisses, lâchetés – d’une si longue nuit.

De notre envoyé spécial, Vincent Hugeux – Photos : Arnaud Andrieu pour Le Vif/L’Express

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