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Mieux comprendre le rififi entre Trump et la Chine

Le Vif

Pourquoi un seul coup de fil a-t-il généré autant d’agitation dans les chancelleries?

Diplomates, dirigeants mondiaux et observateurs ont été stupéfaits d’apprendre que le président élu des Etats-Unis Donald Trump avait conversé par téléphone avec la présidente de Taïwan, rompant avec 40 ans de politique étrangère américaine. Voici un petit guide des relations délicates entre trois pays, les Etats-Unis, la Chine et Taïwan.

Guerre civile

Le fossé séparant la Chine de Taïwan remonte à la guerre civile qui a éclaté en 1927 en Chine et opposé les forces du parti communiste à celles du parti nationaliste Kuomintang (KMT).

Battu par les communistes de Mao Tsé-toung, le chef du KMT Tchang Kaï-chek fuit à Taïwan, une région chinoise encore sous contrôle du parti nationaliste.

Depuis l’île, Tchang a continué de défendre –tout comme comme Pékin– le concept d’une Chine unique, incluant Taïwan.

Le vrai nom du régime de Taïwan est la République de Chine. Celui de Pékin est la République populaire de Chine.

Ambiguïté

Les Etats-Unis ont rompu leurs relations diplomatiques avec Taïwan en 1979, reconnaissant Pékin comme la capitale d’une Chine « unique ». Aucun président ou président élu américain n’a parlé depuis à un dirigeant taïwanais.

Mais Washington a mené une politique ambigüe, voire contradictoire, avec ce pays.

Les Etats-Unis ne reconnaissent pas sa présidente Tsai Ing-wen comme une dirigeante souveraine, mais ils lui ont vendu des équipements militaires.

L’objectif étant de fournir suffisamment d’armements à Taïwan pour que l’île puisse se défendre face à la Chine, et de préserver la paix dans la région.

Beaucoup d’observateurs ont interprété le coup de fil de M. Trump comme un changement de politique des Etats-Unis.

La Chine considère Taïwan comme faisant partie de son territoire dans l’attente d’une réunification sous l’autorité de Pékin.

Et tout geste suggérant un soutien à l’indépendance de Taïwan –en appelant par exemple sa dirigeante « présidente », comme l’a fait Donald Trump dans un tweet– est considéré par la Chine comme un affront.

Il est aussi possible que l’homme d’affaires, novice en politique et nouveau venu sur la scène internationale, n’ait pas compris toutes les subtilités de l’appel de la dirigeante taïwanaise.

Mais, selon le Washington Post citant une source impliquée dans cette conversation téléphonique, la décision de rendre publique cette conversation était délibérée, préparée depuis longtemps.

Quelle ‘Chine unique’?

En 1992, Taïwan et la Chine se sont mis d’accord pour considérer qu’il n’y avait qu’une « Chine unique » comprenant le continent chinois et l’île de Taïwan, mais ils sont toujours en désaccord sur ce que ce terme désigne exactement.

Si bien qu’il revient à chaque pays de décider par lui-même quel territoire et quel gouvernement ce terme de « Chine unique » désigne.

La plupart des pays ont choisi le régime de Pékin, tout en maintenant des liens, parfois non officiels, avec Taipei.

Washington ne reconnaît pas formellement Taipei et reconnaît Pékin comme le gouvernement légitime de toute la Chine.

Mais en pratique, la petite île jouit de tous les avantages d’une relation diplomatique avec les Etats-Unis.

Il n’y a pas d’ambassade américaine à Taipei mais Washington y gère l’American Institute in Taïwan, qui sert de consulat non officiel.

A Taïwan beaucoup de responsables restent méfiants vis à vis de Pékin mais d’autres seraient désireux d’entamer un rapprochement, notamment en matière commerciale.

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