Michael Cohen © Reuters

Michael Cohen, le « pitbull » de Trump, désormais muselé

Le Vif

Ex-fidèle parmi les fidèles du président américain, l’avocat Michael Cohen a été surnommé le « pitbull » de Donald Trump: le voilà désormais muselé par un accord judiciaire de reconnaissance de culpabilité. Portrait.

Le New-Yorkais n’aura peut-être pas le coeur à fêter samedi ses 52 ans, après avoir plaidé coupable mardi devant un juge fédéral de Manhattan d’infractions fiscales et aux règles de financement électoral.

Le juriste a aussi reconnu avoir grassement acheté le silence de deux maîtresses présumées du magnat de l’immobilier, ceci afin de lui dégager la voie vers la Maison Blanche.

Face à Michael Cohen, on a l’impression de se retrouver plongé dans une série télévisée sur les milieux troubles de New York, où experts en combines et avocats peu regardants font des affaires juteuses.

L’homme à la chevelure poivre et sel pourrait aussi figurer dans un film de Martin Scorsese, qui dépeint si bien le machisme des puissants, les serments d’allégeance, la porosité entre la pègre et les élus.

Comme le réalisateur de « Taxi Driver », Michael Cohen s’est intéressé aux fameux taxis jaunes, investissant avec sa femme ukrainienne dans des licences qui à une époque valaient une fortune.

Et comme le chauffeur joué par Robert de Niro, répétant devant son miroir « You talkin’ to me? », l’avocat a un ton sec et tranchant.

« Qui dit ça ? » avait-il lancé à une journaliste de CNN, lui coupant abruptement la parole à propos de sondages défavorables à Donald Trump.

– Du Queens… à la Ve Avenue –

Comme son ancien mentor, M. Cohen a une confiance inaltérable dans son destin. A tel point que le juriste a été présenté ironiquement comme le sixième enfant de l’homme d’affaires.

Il est assurément attiré par le luxe, les appartements cossus de la Trump Organization où il a investi, convainquant même ses parents et beaux-parents de l’imiter.

Mais, avant les halls dorés de Manhattan, M. Cohen a connu un quartier d’entrepôts moins reluisant dans le Queens.

Selon une enquête de ProPublica, « beaucoup de gens qui ont croisé la route de Cohen quand il travaillait dans le Queens ou à Brooklyn ont été sanctionnés, radiés du barreau, accusés ou condamnés ».

De fait, le début de carrière de ce natif de Long Island évoque le personnage fictif de Saul Goodman, l’avocat hâbleur, sans envergure et semi-véreux des séries « Breaking Bad » et « Better Call Saul », auquel on le compare.

Aux Etats-Unis, certains avocats sont surnommés les « chasseurs d’ambulance », du fait de leur rapidité à offrir leurs services aux victimes de tout poil. Michael Cohen en fut un.

Dans une affaire que n’aurait pas reniée l’opportuniste Saul, il a un jour défendu une femme impliquée dans une arnaque à l’assurance fondée sur un accident de la route bidon.

Le juriste avait auparavant suivi les cours de la faculté de droit Thomas Cooley, dans l’Etat du Michigan, qui a la réputation d’être la pire des Etats-Unis. Le patron du premier cabinet qui l’a employé a été accusé d’escroquerie.

Comme Saul, Michael Cohen sait emprunter les sentiers du para-légal, user de tactiques d’intimidation, éviter un procès en déboursant de l’argent.

– Son rôle: faire taire –

En 2015, M. Cohen avait menacé de transformer en « enfer » la vie d’un reporter du Daily Beast, qui l’avait contacté à propos d’accusations formulées par l’ex-femme de Donald Trump, Ivana.

A l’époque, il se disait prêt à prendre une balle à la place du grand patron. Il se rêvait alors en secrétaire général de la Maison Blanche.

L’année suivante, celle de la présidentielle, il a versé 130.000 dollars à l’actrice de films pornographiques Stormy Daniels, en vertu d’une des clauses de confidentialité dont il est spécialiste.

Il a ainsi protégé d’autres nababs sur la sellette, en s’appuyant sur American Media, un groupe de la presse tabloïde.

Sa chute a été précipitée par son appât du gain: on lui reproche d’avoir touché des millions de dollars de personnes cherchant un accès privilégié à la Maison Blanche. Des paiements, adressés à une société-écran qu’il contrôlait.

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