Michael Avenatti © Reuters

Michael Avenatti, la chute spectaculaire d’un avocat qui défiait Trump

Le Vif

Il est détenu à l’isolement dans une cellule sordide de Manhattan, peut-être la même que celle où séjourna le narcotrafiquant El Chapo. La descente aux enfers continue pour l’ex-avocat vedette Michael Avenatti, qui se posait un temps comme celui qui allait faire tomber Donald Trump.

Cet avocat basé à Los Angeles s’était fait connaître en représentant Stormy Daniels, actrice de films X qui aurait eu une liaison avec Donald Trump. Cette dernière avait attaqué le président en justice pour faire annuler un accord de confidentialité l’empêchant de parler de cette relation présumée.

De début 2018 jusqu’à sa première inculpation en mars 2019, Michael Avenatti, 48 ans, fut l’un des détracteurs les plus agressifs de Donald Trump, en pointe dans l’affaire qui a fait condamner l’ex-avocat personnel du président, Michael Cohen.

Ce fonceur au crâne dégarni, pilote de course à ses heures, était sur de nombreux plateaux télé, jamais en reste d’un tweet exposant les mensonges présumés du locataire de la Maison Blanche. Son nom était cité comme candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle 2020.

Il faisait encore « un coup » en février dernier, affirmant détenir une cassette vidéo montrant le chanteur R. Kelly – inculpé pour de multiples crimes sexuels – en train d’avoir des relations sexuelles avec une mineure.

Mais l’ascension-éclair de cet avocat qui possédait voiture de luxe et jet privé s’est arrêtée net après une série d’inculpations.

En mars, il était arrêté pour tentative d’extorsion contre l’entreprise Nike et fraude fiscale.

En avril, l’enquête était élargie, et il était inculpé de 36 chefs d’accusation pour détournement de fonds, fraudes fiscale et bancaire et faillites frauduleuses, lui faisant théoriquement risquer une peine de 335 ans de prison.

En mai, nouvelle inculpation: cette fois il est accusé d’avoir falsifié des documents pour détourner de l’argent destiné à sa cliente, Stormy Daniels.

« Je ne suis pas coupable »

La semaine dernière, nouvelle étape dans sa chute: lui qui continuait à tweeter régulièrement, sur le procès en destitution ou la course à l’investiture démocrate pour laquelle il disait soutenir l’ex-vice président Joe Biden – est interpellé à Los Angeles.

Les procureurs l’accusent d’avoir violé les conditions de sa liberté surveillée, en minorant la valeur de ses avoirs. Il est placé en détention provisoire dans l’attente de son procès, fixé au 21 avril à Manhattan.

Un coup dur pour celui qui a toujours clamé son innocence. Début janvier encore, il envoyait promener ceux qui lui conseillaient de faire profil bas après ses inculpations.

« Je ne vais pas commencer à agir comme si j’étais coupable et arrêter de dire la vérité sur les puissants. Jamais. Parce que ce n’est pas dans mon ADN et que je ne suis pas coupable », tweetait-il alors.

Après trois jours de prison en Californie, il a été transféré vendredi à la prison fédérale de Manhattan, dans l’unité réservée aux personnalités, celle-là même qui a accueilli le financier Jeffrey Epstein, inculpé pour de multiples agressions sur mineures avant d’être retrouvé mort en prison en août.

Dans une lettre au juge lundi, son avocat Scott Srebnick se plaint de ses conditions de détention.

« Il est apparemment dans la cellule où a été détenu El Chapo, à un étage réservé aux personnes accusées de terrorisme », souligne M. Srebnick.

Il est « maintenu à l’isolement, sauf pour les visites d’avocats et deux examens médicaux ». La température ressentie dans sa cellule « avoisine les 5 degrés » Celsius, et les coups de fil lui sont interdits, affirme l’avocat.

M. Srebnick demande à ce que son client soit transféré dans une unité « normale » et autorisé à utiliser un ordinateur, et qu’il puisse communiquer avec sa famille et ses avocats sans être séparé par une paroi de verre, comme c’est le cas dans l’unité spéciale.

Même s’il est est désormais privé de son outil préféré, Twitter, Michael Avenatti pourrait de ne pas avoir dit son dernier mot.

« Si je dois chuter (et je ne chuterai pas), je me battrai jusqu’au bout », promettait-il le 9 janvier.

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