Angela Merkel © REUTERS

Merkel candidate à un 4e mandat de chancelière en 2017

Le Vif

Angela Merkel a annoncé dimanche son intention de briguer un quatrième mandat de chancelière l’an prochain avec l’objectif notamment de défendre les valeurs démocratiques face à la montée des populismes en Allemagne et dans le monde.

Elle a toutefois prévenu s’attendre à des élections très « difficiles » dans son pays en 2017, qu’elle abordera en position affaiblie sur le plan intérieur même si sa cote de popularité dépasse les 50% d’opinions favorables.

A 62 ans et au pouvoir depuis déjà onze ans, la chancelière a officialisé sa décision à l’issue d’une réunion à Berlin des dirigeants de son parti conservateur, la CDU, en la plaçant clairement dans le contexte de la poussée des idées populistes. « En Europe et au plan international nous devons défendre nos valeurs », a dit cette fille de pasteur élevée dans l’ex-RDA communiste, citant « la démocratie, la liberté et l’Etat de droit ». « C’est ce qui me guide », a-t-elle dit, rejetant la « haine » de l’autre.

Anti-Trump

« Angela Merkel est la réponse au populisme de l’époque, elle est quasiment l’anti-Trump », lui a fait écho un des cadres de la CDU, Stanislaw Tillich.

Angela Merkel a averti que les élections législatives allemandes, prévues en septembre ou octobre, s’annonçaient « les plus difficiles » depuis « la réunification allemande » en 1990, en raison de la polarisation de la société et des récents succès de la droite populiste anti-réfugiés de l’Alternative pour l’Allemagne.

Cette formation a connu un progression spectaculaire en 2016 lors de scrutins régionaux en dénonçant l’ouverture des frontières du pays par la chancelière à un million de migrants.

Interrogée à plusieurs reprises dans la soirée sur la chaîne de télévision ARD pour savoir si l’élection de Donald Trump comme président aux Etats-Unis l’avait aussi convaincu de continuer, Angela Merkel n’a pas répondu par la négative.

Si elle a jugé « grotesques et absurdes » d’être qualifiée de « dernier rempart » du monde libre face aux tendances autoritaires, elle a affirmé « avoir confiance dans (sa) capacité à apporter une contribution » dans ce domaine.

Elle a aussi dit sur ARD vouloir oeuvrer pour « une Europe forte » après le traumatisme du Brexit.

Mme Merkel est au pouvoir en Allemagne depuis 2005. Au vu des sondages, elle est de loin la mieux placée pour revenir à la chancellerie à l’issue des législatives de 2017, à la tête d’un gouvernement de coalition.

Affaiblie en Allemagne

Elle serait alors en mesure de rentrer dans l’histoire en battant le record de longévité au pouvoir en Allemagne du chancelier d’après-guerre Konrad Adenauer (14 ans) et en égalant celui de son propre père en politique, Helmut Kohl (16 ans).

Selon un sondage publié dimanche, 55% des Allemands souhaitent qu’Angela Merkel reste en poste, contre 39% d’avis contraires. En août la proportion favorable n’était que de 50%.

Angela Merkel se trouve néanmoins dans une situation paradoxale: fêtée à l’étranger, où les attentes à son égard ont décuplé depuis le Brexit et le succès de Donald Trump, elle attaque l’année électorale affaiblie sur le plan intérieur suite à l’arrivée d’un grand nombre de réfugiés.

Angela Merkel a elle-même reconnu avoir « beaucoup réfléchi » avant de poser à nouveau sa candidature, donnant le sentiment d’agir davantage par sens du devoir que par motivation personnelle. « Dans son pays, son pouvoir s’effrite », juge l’hebdomadaire de gauche Die Zeit. Sa famille politique n’est créditée que de 32% ou 33% des intentions de vote, près de dix points de moins que lors de l’élection précédente de 2013.

Une partie importante de la base de son parti la trouve trop centriste.

« L’effet d’aspiration créé par la victoire de Trump atteint Merkel à un moment où ses possibilités de leadership sont limitées: elle ne peut compter sur l’Europe pour aller de l’avant, n’a pas de parti uni derrière elle et n’a pas le soutien franc de la population dont elle jouissait encore il y a un an et demi », juge Die Zeit. « Merkel n’est plus imbattable », a estimé dimanche Thomas Oppermann l’un des dirigeants du parti social-démocrate (SPD).

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