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Mer de Chine méridionale: questions sur l’impact du jugement international

Le Vif

Le jugement international qui invalide les prétentions de Pékin sur l’essentiel de la mer de Chine méridionale est au premier chef une victoire pour Manille, qui a lancé la procédure comme David a combattu le géant Goliath.

La sentence d’arbitrage rendue mardi par la Cour permanente (CPA) de la Haye n’est contraignante en principe que pour ces deux parties. Mais dans les faits, elle a une portée beaucoup plus large sur la région. Voici quelques éléments sur son impact.

Qui sont les autres gagnants?

La CPA a estimé sans fondement juridique la ligne des neuf pointillés, apparue sur des cartes chinoises des années 1940, et sur laquelle la Chine appuie ses revendications sur la quasi totalité de cette mer. Cette ligne atteint presque les côtes de Malaisie, du Vietnam, de Brunei et de l’Indonésie. Ces pays, pas seulement les Philippines, peuvent à présent faire valoir dans des enceintes juridiques ou diplomatiques que Pékin n’a aucun droit sur leurs eaux territoriales côtières.

Et Taïwan?

L’île, qui mène une existence séparée de la Chine depuis 1949, est l’autre perdant de la décision. Ses revendications sur la mer de Chine méridionale se confondent presque avec celles de Pékin et se basent sur les mêmes cartes anciennes. Taïwan contrôle la plus grande île de l’archipel très disputé des Spratley, Taiping, également connue sous le nom d’Itu Aba. La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen a envoyé un bâtiment de guerre à Taiping mercredi pour « défendre le territoire maritime de Taïwan ».

Faut-il s’attendre à une plus grande présence militaire américaine?

Oui. Les Etats-Unis ont dit à plusieurs reprises qu’ils ne prenaient pas position dans ces contentieux maritimes. Mais ils ont envoyé ces dernières années des navires de guerre croiser dans les eaux disputées et des avions militaires survoler la zone. Ces démonstrations de force irritent Pékin au plus haut point mais le jugement de la CPA devrait conforter les Etats-Unis dans leur politique, leur fournissant la justification légale d’une présence destinée selon eux à assurer la « liberté de navigation » dans ce carrefour maritime stratégique.

Quel impact sur les luttes intestines à l’Asean?

Il est peu vraisemblable qu’il faille s’attendre à un front uni sur le sujet lors du prochain sommet de l’Asean au Laos. L’Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean), qui compte 10 membres dont les Philippines, la Malaisie, l’Indonésie, le Vietnam et Brunei, cherche depuis plus de 10 ans à trouver un accord avec la Chine pour régler ses revendications contradictoires. Son unité est mise à mal par le soutien apporté à Pékin par des pays comme le Cambodge et le Laos.

Le jugement aura-t-il des ramifications encore plus étendues?

Le Japon affirme disposer de droits économiques exclusifs dans la mer des Philippines, se basant sur Okinotori-shima, un minuscule atoll contrôlé par Tokyo. La Chine, la Corée du Sud et Taïwan contestent cette revendication. Le jugement de la CPA ne concerne pas ce différend. Mais son argument selon lequel les petits « éléments maritimes » (rochers, affleurements, ndlr) de mer de Chine méridionale ne génèrent pas de zone économique exclusive fait craindre au Japon des procédures juridiques similaires.

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