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Ménard : une campagne qui « salit les femmes », ou simple « pop-culture » ?

Rosanne Mathot
Rosanne Mathot Journaliste

C’est une femme qui hurle, ligotée sur les rails d’un chemin de fer, alors qu’une locomotive fonce sur elle, à toute blinde. La légende : « Avec le TGV, elle aurait moins souffert ». La campagne en faveur du TGV, lancée dans le bastion pro-Front National de Robert Ménard, Béziers (Hérault), ne laisse personne indifférent.

Pour le principal intéressé, à l’origine de cette campagne, l’ex-journaliste Robert Ménard, fondateur de « Reporters Sans frontières », et désormais « maire sans étiquette de Béziers » (mais proche du FN) tout le monde a mal compris le message. « Non », explique Robert Ménard, il n’y a aucun rapport, avec le fait divers qui a vu, en juin dernier, en Eure-et-Loir, une femme se faire ligoter sur les rails de la ligne LGV Atlantique, à priori, par son mari, qui s’est ensuite suicidé. « Je ne savais rien de ce fait divers, l’utiliser contre nous est ignoble » s’explique ainsi le maire de Béziers, sur son compte twitter. « Cette image fait référence à l’univers du western ! » Hashtag #popculture ».

https://twitter.com/RobertMenardFR/status/940132620121313280Robert Ménardhttps://twitter.com/RobertMenardFR

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« Il est temps que le gouvernement sanctionne Ménard »

Twitter est désormais le canal de communication préféré de Robert Ménard. C’est aussi le favori de Donald Trump. Même s’il n’y a (à priori) aucun lien entre ces deux choses, force est de constater que, alors que nous avons tenté de contacter Monsieur Ménard par téléphone, par mail et par texto, son directeur de la communication nous a enjoint à nous baser sur les twits de Robert Ménard. « Tout y est », a-t-il dit. En filigrane : « Débrouillez-vous ». « Impossible que Robert Ménard n’ait pas eu vent de ce fait divers ! », réagit le conseiller régional occitan PS Hussein Bourgi : « J’imagine que, comme beaucoup de Français, Monsieur Ménard lit la presse. Donc, non, je ne pense pas qu’il s’agisse d’un « hasard », on ne peut pas supposer une maladresse de sa part. (…) Il est temps que le gouvernement le sanctionne ».

Une stratégie « brillante » ?

Si Robert Ménard parle désormais aux journalistes par le biais de « twitter », ce n’est pas anodin, estime Nicolas Vanderbiest, spécialiste et expert en médias sociaux, à l’université catholique de Louvain La Neuve, en Belgique : « C’est une stratégie brillante de Robert Ménard. En faisant cela, il s’assure que les journalistes ne se focalisent que sur ses tweets. D’autre part, Robert Ménard pourra ainsi attaquer les mauvaises interprétations des journalistes en disant : « Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire ! Mais vous connaissez les journalistes… ». En agissant de la sorte, Robert Ménard pourra toujours arguer que les journalistes ne s’intéressent qu’à la forme et pas au fond du problème ». Même analyse, pour Alexandre Alaphilippe, expert en désinformation, basé à Bruxelles, co-Fondateur de « Saper Vedere », une agence spécialisée en réputation et réseaux sociaux : « C’est une campagne nauséabonde ».

« Ménard salit les femmes »

« Nauséabonde », c’est aussi l’avis de l’ancienne ministre française PS Laurence Rossignol, qui, comme Marlène Schiappa ( la Secrétaire d’État française, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes) et, comme les « Jeunes insoumis », a saisi le préfet de l’Hérault et a porté plainte, hier, lundi, contre Monsieur Ménard. Hashtag : #ViolencesFaitesAuxFemmes. Pour Christian Assaf, député PS, dans l’Hérault : « Robert Ménard salit les femmes. Il ne peut rester impuni plus longtemps, le Gouvernement doit prendre ses responsabilités ».

https://twitter.com/MarleneSchiappa/status/940185151602069504MarleneSchiappahttps://twitter.com/MarleneSchiappa

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Si Robert Ménard assure qu’il a simplement voulu attirer l’attention sur le fond : « Ca fait trente ans que Béziers attend le TGV », en France, sa campagne est très loin d’être « simplement » vue comme telle, sauf, peut-être pour l’outsider politique Philippe Saurel, ex-PS, désormais « Divers-gauche » et président de l’agglo montpelliéraine et maire de Montpellier, qui gourmandille : « L’affiche avec la femme ligotée, pour moi, c’est comme une BD, je n’y accorde pas une importance capitale (…) Je pense que Ménard a raison, sur le fond. Il utilise des affiches provoc, pour dénoncer un vrai problème. C’est son style. C’est un journaliste. Il connaît les arcanes de la provoc. Souvent, ça me fait sourire ».

Un qui ne sourit pas du tout, c’est le préfet de l’Hérault, Pierre Pouëssel : « Alors qu’une femme sur trois est victime de violences au cours de sa vie, Monsieur Ménard ne mesure toujours pas la souffrance physique et psychologique qu’engendrent ces atteintes à leur intégrité, pas plus que la mobilisation contre ces violences faites aux femmes qui est une priorité du Gouvernement français ». Le préfet de l’Hérault a donc saisi le procureur de la République du Tribunal de grande instance de Béziers. « Ce dernier vient d’ordonner qu’une enquête soit réalisée afin de faire constater le caractère litigieux de ces affichages et d’en déterminer les infractions qui pourraient éventuellement en être déduites » indique la Préfecture dans un communiqué de presse.

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