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Marseille: des jeunes attaquent un TGV pour « créer le buzz »

Samedi, un groupe de jeune gens a contraint un train à s’arrêter en pleine voie à hauteur d’un quartier du 11e arrondissement de Marseille. Dix suspects sont en garde à vue pour « entrave à la circulation des trains, dégradations volontaires et vol ». Le point.

Deux heures de retard et une grosse frayeur. Les passagers du train Paris-Nice ont été victimes d’une « attaque » inhabituelle, samedi à Marseille. Selon les premiers éléments de l’enquête, les suspects n’auraient pas voulu dépouiller les passagers mais créer le buzz sur le Web en diffusant la vidéo de leur forfait.

Les circonstances de l' »attaque »

Peu après 14h00, le conducteur du TGV à destination de Hyères et Nice, est contraint de s’arrêter à Marseille, juste après la gare Saint-Charles. Il a aperçu des torches sur la voie, disposées par un groupe de jeunes gens. « Ces torches à flamme rouge sont des outils de sécurité que l’on utilise ordinairement pour signaler un gros problème et dans ce cas les conducteurs ont pour consigne de s’arrêter », a expliqué une porte-parole de la direction régionale de la SNCF.

Le train, qui transporte 150 personnes, s’arrête à hauteur de la cité Air Bel dans le 11e arrondissement, classée en Zone de sécurité prioritaire.

Les faits

Selon un témoin, le groupe jeunes gens qui est parvenu à arrêter le TGV, a commencé « à taper sur le train pour s’amuser ». « Ils voulaient voir s’ils étaient capables d’arrêter un train, ils rigolaient et se prenaient en photo », a raconté à l’arrivée Saaida, une étudiante de 19 ans qui voyageait avec sa mère.Une scène filmée par les assaillants, tout comme les passagers.

« Ensuite ils ont essayé de monter dans le train, les gens commençaient à paniquer », raconte le même témoin. Si aucun d’entre eux n’est parvenu à pénétrer dans les voitures de passagers, dont les portes étaient verrouillées, certains ont atteint un local technique du véhicule, pour y prendre des fumigènes, dont l’un a légèrement brûlé une vitre du TGV, seule dégradation notable.

Les forces de l’ordre, immédiatement alertées, ont essuyé des jets de pierre à leur arrivée. Les auteurs de l’attaque se sont ensuite enfuis dans la cité. « On a recueilli très rapidement des témoignages de passagers, qui nous ont permis d’aller répérer des individus et de les interpeller », a raconté Martine Coudert, directrice départementale adjointe de la Sécurité publique dans les Bouches-du-Rhône.

Reparti vers 16h00 en direction de Toulon, le train est arrivé à Nice avec deux heures de retard vers 18h30.

Les suspects

Dix personnes, âgées de 15 à 20 ans pour la plupart, ont été placés en garde à vue dans les locaux de la Sûreté pour « entrave à la circulation des trains, dégradations volontaires et vol », a indiqué Martine Coudert, directrice départementale adjointe de la Sécurité publique dans les Bouches-du-Rhône.

Les jeunes gens devraient être présentés au parquet lundi, qui a indiqué que les gardes à vue allaient être prolongées de 24h.

L’enquête

« On continue les confrontations et auditions. Il en ressort que leur objectif était de faire du ‘buzz’ sur Internet, pas de voler le train », a indiqué une source proche de l’enquête.

Aucune arme à feu n’a été signalée par les témoins et la police n’en a pas aperçu sur les films qu’elle a pu visionner.

Les précédentes attaques de train

« On est revenu à l’époque de l’attaque des diligences, on est en plein Far West… Nous avons déjà eu à Marseille des attaques de trains de marchandises dans les quartiers Nord, et des agressions régulières sur les contrôleurs, maintenant on a franchi un cran supplémentaire dans le sud de la ville avec cette attaque hors normes », a estimé David-Olivier Reverdy, du syndicat de policiers Alliance.

En juillet 2011, une vingtaine de jeunes avaient contraint à l’arrêt un TER dans le nord de Marseille en plaçant charriots, poutres et parpaings sur la voie, afin d’immobiliser un train de fret. Plusieurs wagons avaient été ouverts et des cartons de produits de grande consommation avaient été volés.

En 2008, du matériel informatique, mais aussi des coussins de marque PlayBoy, avaient été dérobés lors d’attaques de trains de marchandises dans le même secteur.

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