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Mark Esper prend les commandes du Pentagone en zone de turbulences

Appelé par Donald Trump à prendre les commandes du Pentagone, Mark Esper va immédiatement devoir gérer le regain de tensions avec l’Iran et les relations complexes entre Washington et ses partenaires de l’Otan.

Jusqu’ici secrétaire à l’armée de terre, il a été nommé vendredi par le président au poste de ministre de la Défense, mais il lui reste à obtenir le feu vert du Sénat.

Il arrive à la tête d’une institution déstabilisée par la ronde de ses dirigeants depuis six mois, alors que la première puissance militaire mondiale est engagée dans deux guerres, en Syrie et en Afghanistan, et en plein bras de fer avec Téhéran.

En décembre, le ministre Jim Mattis avait démissionné en étalant ses profonds désaccords avec Donald Trump sur le retrait des troupes américaines de Syrie. Son numéro deux Patrick Shanahan, qui avait immédiatement assuré l’intérim, devait le remplacer formellement.

Mardi, il a à la surprise générale renoncé à briguer la confirmation du Sénat, alors que ressurgissaient des accusations de violences conjugales mutuelles avec son ex-femme.

Son adjoint en charge de l’armée de terre Mark Esper, un ancien militaire de 55 ans qui a fait un long passage dans l’industrie de la Défense, doit reprendre lundi les rênes du Pentagone.

Dès mercredi, il participera à une réunion des ministres de la Défense de l’Alliance atlantique à Bruxelles, alors que les relations entre Washington et ses alliés sont tendues par la politique isolationniste du président Trump.

En février, avant une réunion comparable, les Européens s’étaient inquiétés que Washington soit représenté par un ministre non confirmé par le Sénat.

« Je pense qu’on serait vraiment mieux avec un ministre confirmé par le Sénat », a acquiescé cette semaine Mitch McConnell, le chef des républicains à la chambre haute du Congrès.

« Chaos »

« On traverse une période très compliquée avec tout ce qui passe en Iran », a aussi relevé le chef des démocrates au Sénat Chuck Schumer. « Ne pas avoir de ministre de la Défense en ce moment est consternant, ça montre le chaos dans ce gouvernement », a-t-il asséné.

Les Etats-Unis et l’Iran assurent ne pas vouloir la guerre mais multiplient les déclarations incendiaires et les escarmouches, ce qui fait craindre un nouvel embrasement régional.

Donald Trump a assuré vendredi avoir annulé à la dernière minute des frappes contre son ennemi, qui avait abattu la veille un drone américain.

Téhéran a averti samedi les Etats-Unis qu’une « balle en direction de l’Iran mettrait le feu aux intérêts de l’Amérique et de ses alliés ».

Mark Esper connaît le Moyen-Orient: il a combattu en Irak lors de la guerre du Golfe en 1991. Il faisait partie de la célèbre 101e division aéroportée de l’armée américaine.

Il est aussi un proche du chef de la diplomatie Mike Pompeo, aux côtés duquel il a étudié à la prestigieuse académie militaire de West Point. Les deux hommes en ont été diplômés la même année, en 1986.

Sur le plan politique, il maîtrise les rouages du Congrès pour y avoir conseillé plusieurs sénateurs, notamment le républicain Chuck Hagel, devenu ensuite ministre de la Défense. Cela pourrait faciliter son processus de confirmation, même si ses liens avec l’industrie de la défense font grincer certaines dents.

Mark Esper était effectivement cadre dirigeant du groupe de défense Raytheon depuis sept ans lorsque Donald Trump l’a choisi en 2017 pour diriger l’armée de terre.

Depuis, cet homme réservé, marié et père de trois enfants adultes a parcouru inlassablement les universités américaines pour tenter de recruter des jeunes gens suffisamment éduqués pour servir dans une armée de métier de plus en plus technologique.

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