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Mario Monti, nouveau président du Conseil italien

Le nouveau président du Conseil italien, qui vient d’être nommé par le président Napolitano, est aussi sérieux que Silvio Berlusconi était imprévisible. Mario Monti va affronter des batailles difficiles.

A peine chargé de succéder au chef du gouvernement Silvio Berlusconi, l’ex-commissaire européen Mario Monti, 68 ans, s’est déclaré convaincu que l’Italie « peut vaincre » la crise de la dette grâce à « un effort collectif ».

« Je remercie beaucoup le président pour la confiance qu’il m’a accordée (…) dans un moment de difficulté particulière pour l’Italie », a déclaré M. Monti lors d’une brève intervention devant la presse après avoir reçu ce mandat du président de la République Giorgio Napolitano.

« Le pays doit redevenir un élément de force, non de faiblesse, dans une Union européenne dont avons été parmi les fondateurs », a-t-il ajouté. « L’Italie peut vaincre la crise » économique grâce à « un effort collectif », a-t-il insisté, peu avant d’être applaudi par la foule à sa sortie du palais présidentiel.

La nomination de cet économiste respecté intervient à point nommé pour rassurer les marchés et les partenaires internationaux avant l’ouverture des marchés boursiers lundi matin, d’autant plus que cette journée sera marquée par une nouvelle émission obligataire faisant figure de test.

La tâche qui attend M. Monti est titanesque, alors que l’Italie est au bord de l’asphyxie financière et croule sous une dette colossale (1.900 milliards d’euros, 120 pc du PIB).

L’UE, en saluant dimanche soir la prochaine constitution d’un nouveau gouvernement en Italie, a souligné qu’elle continuerait à surveiller les réformes dans ce pays.

Portrait

Il est le contraire de Silvio Berlusconi, qui a quitté le pouvoir sous les huées et les insultes samedi soir à l’issue d’une journée « historique » marquant « la fin d’une époque », selon la presse italienne. La nomination de Mario Monti à la présidence du Conseil italien est intervenu dès ce dimanche soir pour rassurer les marchés et les partenaires internationaux, avant l’ouverture des bourses lundi matin. La journée sera en outre marquée par une nouvelle émission obligataire faisant figure de test.

Le président Napolitano s’est donc lancé dès potron-minet dans une course contre la montre: la Constitution lui impose en effet de recevoir la totalité des formations politiques du pays avant de désigner le nouveau président du Conseil.

Avant-dernier mouvement reçu par Giulio Napolitano, le Parti démocrate (PD, gauche, principal parti d’opposition) a demandé par la voix de son secrétaire Pierluigi Bersani que le gouvernement « soit totalement nouveau, à forte composante technique, et mette l’Italie en condition d’affronter l’urgence ».

Ce n’est qu’à l’issue de ce marathon, destiné à s’assurer que le Premier ministre a obtenu un soutien suffisant au Parlement été en mesure d’annoncer le nom du successeur du Cavaliere.

Le candidat pressenti, un homme de 68 ans à l’allure rassurante, s’est pour l’instant enfermé dans un mutisme prudent. Catholique pratiquant, il a assisté tranquillement à la messe dans une église de la capitale.

« Vous avez vu? Quelle journée splendide », s’est contenté de répondre Mario Monti à des journalistes en sortant de son hôtel romain sous un soleil radieux.

Une sérénité dans la tempête, caractéristique de cet homme pondéré au nez toujours chaussé de lunettes, surnommé « le cardinal », qui s’est taillé une réputation de compétence et d’indépendance comme commissaire européen pendant dix ans (1994-2004), d’abord au Marché intérieur puis à la Concurrence.
Il est aussi depuis 1994 président de la prestigieuse université Bocconi de Milan, considérée comme la meilleure faculté d’économie d’Italie et dont il est diplômé.

Ces compétences ne seront pas de trop pour gouverner l’Italie, qui croule sous une dette colossale (1900 milliards d’euros, 120% du PIB) et a été placée sous surveillance du Fonds monétaire international, de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne.

La mission de Mario Monti ne s’annonce donc pas comme une partie de plaisir, et la presse transalpine ne manquait pas de le souligner ce dimanche matin: « La route est accidentée et pour la parcourir il ne faut pas faire d’erreur », met en garde le quotidien de référence Il Corriere della Sera.

D’autant que « les dirigeants du PDL (le « Peuple de la liberté », parti de Silvio Berlusconi) sont partagés entre ceux qui s’opposent à la candidature de Monti et ceux qui l’acceptent comme la seule issue possible », note La Repubblica (gauche).

Encore plus pessimiste et logiquement mordant, Il Giornale, le journal de la famille Berlusconi, annonce en Une: « Monti, le précaire ». « Berlusconi ne lui barre pas la route, mais le parti (PDL) est divisé », note-t-il.

Et Silvio Berlusconi, qui a pourtant apporté son soutien à Mario Monti et l’a reçu pendant deux heures à déjeuner samedi, reste en embuscade: « Nous sommes en mesure de débrancher la prise quand nous voulons », a-t-il confié à ses proches. Sa défaite ne semble d’ailleurs pas avoir refroidi les ardeurs de l’ex-Premier ministre, qui s’est dit ce dimanche « fier » de son action pendant la crise économique, et même espérer « reprendre le chemin du gouvernement ».

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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