Marine Le Pen, en visite au port de Grau-du-Roi, le 27 avril 2017. © Reuters

Marine Le Pen élue députée

Le Vif

Marine Le Pen, la cheffe de file de l’extrême droite française, a été élue députée dimanche un peu plus d’un mois après sa défaite à la présidentielle, à l’issue d’élections qui ont consolidé, sans toutefois atteindre les succès escomptés, la place du parti Front national.

« Face à ce bloc qui représente les intérêts de l’oligarchie, nous sommes la seule force de résistance », a-t-elle lancé dimanche soir, très combative. Alors que le parti présidentiel a raflé la majorité absolue dimanche soir, « au moins six députés »,ont été élus en même temps qu’elle.

Sévèrement défaite par le centriste Emmanuel Macron à la présidentielle en mai, cette avocate de formation de 48 ans était donnée favorite aux législatives dans son fief d’Hénin-Beaumont, ancien bastion socialiste frappé par la désindustrialisation et un fort chômage.

Avec son programme anti-immigration et anti-Europe, celle qui aime à se décrire comme une « candidate du peuple » mais que ses détracteurs ramènent au statut d' »héritière » de son père Jean-Marie Le Pen, riche cofondateur du Front national, avait obtenu une large majorité à la présidentielle dans cette ancienne ville minière de 27.000 habitants où s’alignent de modestes maisons en briques.

Son score historique de 33,9% au second tour de la présidentielle s’était inscrit dans un contexte de poussée nationaliste en Europe et avait montré son succès à « dédiaboliser » le Front national.

Mais, si elle rêvait de voir le Front national devenir « le premier parti d’opposition », les législatives n’ont pas permis de transformer l’essai. Au premier tour des législatives, marqué par une forte abstention y compris dans les régions favorables à l’extrême droite, son parti n’a obtenu que 13,2%. Un résultat « décevant », pour Marine Le Pen.

Succédant à son père Jean-Marie, le cofondateur du parti avec lequel elle est désormais brouillée, Marine Le Pen avait pris la tête du FN en 2011, sans changer ses fondamentaux idéologiques.

Cette grande blonde gouailleuse à la voix tonitruante mène depuis plusieurs années une stratégie de « dédiabolisation » de cette formation créée en 1972, pour lisser une image sulfureuse. Elle a écarté les cadres les plus marqués: militants antisémites, nostalgiques de l’Algérie française – voire de la collaboration avec l’Allemagne nazie – ou catholiques intégristes.

Cette stratégie a payé, le Front National progressant constamment à chaque élection.

‘Candidate des patriotes’

Visant l’Elysée, cette battante qui se décrit comme une « femme de caractère parfois abrupt » s’est efforcée d’adoucir sa propre image, à coups d’anecdotes personnelles, d’affiches sur « La France apaisée » ou de photos avec ses chats.

La benjamine des trois filles Le Pen –deux fois divorcée, mère de trois enfants et aujourd’hui en couple avec l’une des figures du parti, Louis Aliot, lui aussi élu député dimanche– a insisté ces dernier mois sur l’économie, avec une forte dose de protectionnisme et la sortie de l’euro pour séduire les « perdants » de la mondialisation.

Siégeant au Parlement européen depuis 2004, elle avait fait campagne pour la présidentielle contre « le mondialisme jihadiste et le mondialisme économique », se présentant comme la « candidate des patriotes » face au « candidat de la finance » Emmanuel Macron.

Avec son affaiblissement, les divisions internes du Front national se creusent: sa très populaire nièce Marion Maréchal-Le-Pen prend ses distances, un débat sur l’euro divise les responsables de son parti, les électeurs boudent les urnes dans les régions qui avaient massivement voté pour l’extrême droite pendant la présidentielle.

Très absente pendant la campagne des législatives, elle avait sillonné le terrain sans relâche pendant la présidentielle, avec des réunions publiques, où ses partisans de tous âges et de tous milieux sociaux scandaient à pleine voix: « On est chez nous! ». Un « cri de xénophobie » selon ses adversaires, « un cri d’amour » pour la France, rétorque-t-elle.

Citée dans une affaire d’emplois présumés fictifs au Parlement européen – où elle siège depuis 2004- elle a refusé de répondre à une convocation des juges, dénonçant une « cabale politique ». Son élection au Parlement français l’assure d’une nouvelle immunité diplomatique.

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