Marc Levy à New York, ville de la diversité. © EMMANUEL DUNAND/belgaimage

Marc Levy : « Le rêve américain existe encore »

Le Vif

L’écrivain français contemporain le plus lu à l’étranger nous parle de son rêve américain, au coeur de Greenwich Village. A New York, là où il vit depuis dix ans.

 » C’était la tour de Babel, un pays unique au monde constitué uniquement d’étrangers, excepté la minorité de natifs américains.  » Dixit Marc Levy, 56 ans, le romancier aux ventes inouïes. Fasciné par les Etats-Unis, l’auteur aux dix-huit romans débarque, à 18 ans, pour un road trip du nord au sud par la côte Est.  » Je suis un enfant de la période d’après-guerre, les Américains avaient joué un rôle de libérateur extrêmement important « , explique le Français, marqué par une visite d’un cimetière militaire en Normandie, à 10 ans.

Marc Levy n’a pas nourri un rêve américain lié à James Dean, aux jeans et aux chewing-gums, comme les enfants de son âge :  » Pour moi, c’était le rêve de la liberté « , dit-il, ému, se remémorant les paroles de son père devant les tombes :  » Toutes ces personnes sont mortes pour que tu sois libre, ne l’oublie jamais.  » Jeune adulte, il découvre en auto-stop cette Amérique  » qu’on ne voyait pas à la télévision « . Au fil des paysages et des rencontres, il est marqué par la diversité de ce pays et décide, à 25 ans, de s’installer à San Francisco pour lancer sa société d’images de synthèse. De ses années sous la douceur de l’Ouest, l’entrepreneur d’alors se rappelle :  » Au-delà du matériel, le rêve en Californie, c’était que le vous-êtes-ici-chez nous n’existait pas, c’était un lieu pour tout le monde.  »

En 2008, Marc Levy s’établit à New York, avec sa femme :  » La France est mon pays, je l’aime et j’y reviendrai, mais je suis allé vivre à New York car mon métier, c’est l’écriture, et mon choix, d’écrire sur les autres. Pour cela, il faut aller à leur rencontre.  » Big Apple, terreau fécond pour l’écriture de son dix-neuvième roman :  » La diversité, la différence et la recherche identitaire ont toujours été le fil rouge de mes histoires.  » New York symbolise d’autant plus ce rêve, car c’est, selon lui, pratiquement la seule ville des Etats-Unis où environ 300 communautés ethniques cohabitent avec un résultat d’intégration assez bien réussi,  » même s’il ne faut pas que le rêve rende naïf « , ironise-t-il, pensant à la violence, au racisme et autres agitations que connaît la ville qui ne dort jamais.

Deux rêves américains existent à ses yeux :  » Celui du melting-pot et celui, plus politico-économique, de la réussite.  » Il croit surtout à celui de la diversité, qui a énormément influencé ses manuscrits :  » Si je ne m’étais pas mis en danger en m’installant aux Etats-Unis, je n’aurais peut-être pas trouvé la matière qui m’a permis d’écrire dix-huit romans dans dix genres différents.  »

Depuis un an, la présidence de Donald Trump apporte, dénonce-t-il, son lot de désolation. Et d’oser un parallèle avec sa terre d’origine :  » Si le Front national était au pouvoir en France, ce ne serait pas la fin du pays mais, pour beaucoup, ce seraient des années émotionnellement difficiles à vivre.  » Mais pour conclure, Marc Levy clame que  » le rêve américain existe encore ! Aujourd’hui, il est encore porté par une très grande partie de la population.  »

Par Sophie Radermecker.

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