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Manifestations pro-Palestine: Tensions à Paris, autorisation à Bruxelles, foule à Londres

Le Vif

Plusieurs centaines de personnes, militants de la cause palestinienne et de la gauche radicale, ont bravé, samedi à Paris, l’interdiction de manifester décidée par le gouvernement par crainte de violences et débordements antisémites.

Criant « Israël assassin, Hollande complice » ou « nous sommes tous des Palestiniens », les militants se sont rassemblés, comme initialement prévu, place de la République, en plein centre de Paris, à 15h, surveillés par un important dispositif policier, avec contrôles d’identité et fouilles.

Tout près du lieu de rassemblement, les forces de l’ordre montaient notamment la garde à l’entrée de la rue Notre Dame de Nazareth, où se trouve une synagogue.

Les autorités ont mobilisé quelque 2.000 policiers qui ont reçu des « consignes de fermeté » pour intervenir « très rapidement et interpeller » en cas de non-respect de l’interdiction de manifester ou de « slogans ou manifestations antisémites ».

A Barbès, quartier populaire parisien, où une manifestation déjà interdite avait dégénéré le 19 juillet, la police a procédé en début d’après-midi à l’interpellation de quatre personnes appelant à se rendre à la manifestation.

« Cette manifestation est illégale, mais pour nous elle est plus que légitime. Il s’agit de manifester notre solidarité avec un peuple qui est en train de se faire massacrer », explique Hugo, jeune militant du Nouveau parti anticapitaliste (NPA, extrême gauche) qui avait appelé à la manifestation.

La manifestation a été interdite en raison, selon les autorités, de forts risques de débordements, à l’image de deux précédents rassemblement ayant dégénéré en violences et actes antisémites.

Saisi par les organisateurs, le Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative du pays, avait confirmé l’interdiction samedi en début d’après-midi.

Contrairement à d’autres manifestations propalestiniennes en Europe qui ne suscitent pas de polémique, en France l’opposition à l’offensive israélienne s’est doublée d’une controverse sur l’interdiction par les autorités de certains rassemblements et sur la montée de l’antisémitisme.

Critiqué par sa gauche et par une partie de l’opposition de droite pour avoir joué le pompier pyromane en interdisant des manifestations, le président François Hollande a défendu son credo: « faire respecter l’ordre républicain et refuser les slogans qui expriment la haine ».

À Bruxelles, les manifestations pro-israélienne et pro-palestinienne de dimanche autorisées

La police locale a confirmé samedi que la manifestation à 11 heures, dimanche, devant l’ambassade d’Israël, à Uccle, a été autorisée. Les organisateurs annoncent plus de 500 participants.

L’organisateur Simon Bretholz, citoyen actif dans la communauté juive à Bruxelles, explique que le message est double: « Nous voulons apporter notre soutien au peuple israélien et à son gouvernement. Nous voulons également nous opposer aux cris « Mort aux juifs » dans les rues en Belgique ».

Armand De Decker (MR), bourgmestre d’Uccle, explique que « l’OCAM (Organe de coordination pour l’analyse de la menace) et la Sûreté ont été consultés. Pour le reste, manifester est un droit constitutionnel ». Il espère qu’il n’y aura pas de contre-manifestants et assure que « les forces de l’ordre seront sur le terrain pour faire face à toute éventualité ». « L’Etat belge est favorable à la cohabitation d’un Etat palestinien qui vive en paix à côté d’Israël », conclut le bourgmestre.

Par ailleurs, même si la manifestation de dimanche 14 heures, en solidarité avec la Palestine, est organisée par une plate-forme d’associations, Karine Lalieux (PS), bourgmestre déléguée à la Ville de Bruxelles, a imposé les même conditions que celles données pour la manifestation du Mouvement citoyen Palestine de vendredi.

Ainsi, la Ville de Bruxelles a interdit l’usage de slogans appelant à la haine envers une quelconque communauté, et des drapeaux faisant référence à des mouvements repris sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne. Elle exige également que la thématique de la manifestation reste celle de Gaza et de la protection du peuple palestinien. Une responsabilisation des organisateurs a par ailleurs été faite.

Un itinéraire différent de celui demandé a été décidé avec la police, afin que la sécurité puisse être optimale.

Le cortège s’élancera à 14h de la gare du Nord pour reprendre le parcours de la manifestation de vendredi jusqu’à la place Jean Rey.

La présence policière a été conjuguée avec de la prévention, par la présence d’éducateurs et de 8 agents Bravvo. Ces derniers ont travaillé dans les quartiers ces derniers jours autour de la problématique de Gaza.

Au moins 10.000 manifestants propalestiniens à Londres

Quelque 10.000 manifestants, selon la police, ont défilé samedi à Londres pour demander « la fin du massacre à Gaza » où l’offensive israélienne déclenchée contre les tirs de roquettes du Hamas a provoqué la mort d’au moins mille Palestiniens.

Portant des drapeaux palestiniens et des pancartes appelant à « la fin du siège » de la bande de Gaza et à la « liberté pour la Palestine », les manifestants se sont rassemblés à la mi-journée devant l’ambassade d’Israël, dans le quartier de Kensington (ouest de Londres).

Ils ont ensuite défilé vers la place du Parlement britannique, et sont passés devant Downing Street, où certains ont crié « Honte à toi, David Cameron! « .

« Israël, Etat terroriste », « Gaza ne pleure pas, nous ne te laisserons pas mourir », « Allah Akbar » (Dieu est grand), scandaient les participants à ce rassemblement, organisé entre autres par la coalition « Stop the War » et le mouvement anticapitaliste « Occupy London ».

Une manifestation similaire organisée samedi dernier, qui s’était déroulée sans heurts, avait rassemblé selon les organisateurs quelque 100.000 personnes, tandis que la police avait évalué leur nombre à 15.000.

Plusieurs orateurs, parmi lesquels le chanteur Brian Eno du groupe Roxy Music, ont pris la parole à Parliament Square pour appeler à la fin de l’opération israélienne.

Un millier de Palestiniens ont été tués et quelque 6.000 blessés, en grande majorité des civils, dans la bande de Gaza depuis le début de l’offensive israélienne le 8 juillet, selon les services de secours locaux samedi.

Côté israélien, 37 soldats sont morts dans les combats dans et autour de la bande de Gaza, ainsi que deux civils, tués par les tirs de roquettes palestiniens.

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