Un drapeau de l'Etat islamique. © AFP/Marwan Ibrahim

« Management de la sauvagerie », l’ouvrage de référence des leaders de l’EI

Le Vif

L’ouvrage « Gestion de la barbarie » théorise la prise de pouvoir par les djihadistes. Le texte a trouvé un écho retentissant auprès des meneurs de Daech.

L’ouvrage Gestion de la barbarie a été traduit il y a quelques années en français. Le livre, dont le sous-titre est « L’étape par laquelle l’islam devra passer pour restaurer le califat« , détaille la stratégie des djihadistes. « Il faut avoir le coeur bien accroché pour se lancer dans la lecture de Gestion de la barbarie « , peut-on lire dans un article des Inrocks, faisant un compte-rendu de la lecture de l’ouvrage.

L’ultra-violence présentée dans le livre est assumée et théorisée. « Celui qui s’est engagé dans le jihad sait que ce n’est rien d’autre que violence, cruauté, terrorisme, terreur et massacre« , écrit l’auteur.

Cet ouvrage, paru sur Internet en 2004, a été écrit par un certain Abou Bakr Naji, qui serait l’une des têtes pensantes d’Al-Qaïda. Il est destiné aux dirigeants d’Al-Qaïda, et constituerait aujourd’hui un des livres de chevet des leaders de Daech. « Dans la littérature djihadiste, c’est l’un des seuls écrits avec un langage aussi direct, presque journalistique. Il n’y a pas besoin de dictionnaire religieux pour comprendre le texte« , explique Hosham Dawod, anthropologue au CNRS et spécialiste de l’Irak, interviewé par les Inrocks.

La stratégie des djihadistes y est présentée dans un plan en trois étapes. Premièrement, « créer le chaos dans le territoire ennemi « . Deuxièmement, en profiter pour « jeter les bases d’un Etat et diriger par la terreur « . Et troisièmement, «  instaurer un califat islamique respectant la charia à la lettre « . L’auteur de l’ouvrage recommande les attentats, vus comme des « actions positives ». Les otages sont considérés comme nécessaires et les actions se doivent d’être spectaculaires autant que possible, pour impressionner «  l’ennemi« .

Le titre en français « Gestion de la barbarie » n’est pas adéquat selon Hosham Dawod, qui préfère le nomme « Management de la sauvagerie » (inspiré du titre anglophone Management of Savagery). La traduction française du livre a pendant longtemps été en vente sur la Fnac et Amazon, mais n’avait aucun succès et passait inaperçue. L’ouvrage a gagné en notoriété depuis les attentats de janvier. Fnac et Amazon ont désormais retiré le livre de leurs catalogues.

Jean-Luc de Carbuccia, directeur de la maison d’édition qui a publié le livre en version française, juge la publication de ce livre « indispensable« . Selon lui, « les islamistes ont déjà toute l’histoire de leur organisation sur Internet. Ils n’attendent pas qu’un petit éditeur français édite leur programme« , se défend-il aux Inrocks.  » Il nous a semblé essentiel de le publier, dans le sens où il apporte un éclairage sur les événements« .

Souvent appelé le « Mein Kampf des djihadistes », il n’est cependant pas prouvé que le livre soit une motivation de départ en Syrie pour les jeunes radicalisés. Mais le texte aurait au moins trouvé un écho retentissant auprès de l’état-major de Daech. « Quand Daech s’est installé en Syrie, en 2013, la ressemblance des modes opératoires était frappante. Aujourd’hui, je dois constater que tous les commandants de brigade de l’EI ont lu ce livre« , explique Romain Caillet, chercheur et consultant sur les questions d’islamisme, cité par l’Obs.

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