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Malouines: pourquoi la tension monte entre Londres et Buenos Aires

30 ans après la guerre des Malouines, les relations entre l’Argentine et la Grande Bretagne sont à nouveau au plus bas à propos de la souveraineté sur l’archipel. En arrière plan, les réserves de pétrole.

Qui est le plus colonialiste? Les propos de David Cameron accusant l’Argentine de « colonialisme » à propos des îles Malouines ne sont pas passés en Amérique latine. Et Buenos Aires est soutenu par ses voisins contre les attaques d’Albion.
« On est frappé d’entendre la Grande-Bretagne parler de colonialisme, alors que ce pays est un synonyme de colonialisme », s’est indigné, mercredi, le chef de la diplomatie argentine Hector Timerman. Il réagissait aux propos du Premier ministre britannique, David Cameron qui venait d’accuser Buenos Aires de colonialisme: « Ce que les Argentins ont déclaré récemment, je dirais, s’apparente beaucoup en réalité à du colonialisme, car ces gens [les 3.100 habitants des Malouines] veulent rester Britanniques et les Argentins veulent autre chose ».

Les Argentins ont aussitôt reçu le soutien du voisin brésilien: le ministre brésilien des Affaires étrangères, Antonio Patriota, a rappelé à son homologue britannique William Hague, lors d’une conférence de presse commune à Brasilia, que « le Brésil, l’Unasur et même la communauté latino-américaine et des Caraïbes soutiennent la revendication argentine sur la souveraineté des îles Malouines et les résolutions des Nations unies appelant les gouvernements argentin et britannique à dialoguer sur cette question ».

Des tensions récurrentes

Comme chaque année pour l’anniversaire du débarquement de troupes britanniques sur l’archipel en 1833, l’Argentine a réaffirmé début janvier ses revendications sur les Malouines et a appelé le Royaume Uni à engager des négociations. Les Malouines, situées à 500 km des côtes argentines, ont été l’enjeu d’une guerre de 74 jours entre Londres et Buenos Aires en 1982. Malgré sa défaite, l’Argentine continue de revendiquer ces îles situées à 500 km de ses côtes. Cette année 2012 marque le 30e anniversaire de la guerre déclenchée par le gouvernement de Margaret Thatcher.
Un millier de soldats britanniques sont déployés aux Malouines et le prince William va lui-même y effectuer une mission de six mois à partir de février dans le cadre de sa formation de pilote de sauvetage au sein de la Royal Air Force.

Le ministère des Affaires étrangères a donc réaffirmé, le 2 janvier, « une fois encore les droits imprescriptibles de l’Argentine sur les Iles Malouines, de Géorgie du Sud et de Sandwich du Sud ainsi que sur les espaces maritimes qui les environnent, qui font partie intégrante du territoire national » argentin. Quelques jours plus tôt, lors de son message de Noël aux habitants de ces îles, David Cameron avait, lui, réaffirmé que le Royaume-Uni ne négocierait jamais la souveraineté des Malouines, sauf si leurs habitants le souhaitent. Et il a dénoncé les tentatives « injustifiées et contre-productives » de Buenos Aires pour entraver le transport maritime dans cette zone.

Les ports du Mercosur interdits aux navires des Malouines
La tension avait déjà monté d’un cran le 20 décembre, quand les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay) ont en décidé d’interdire aux navires battant pavillon des Malouines de mouiller dans leurs ports, par solidarité avec l’Argentine. 25 navires, d’après la BBC, pour la plupart des bateaux de pêche, battent pavillon des Malouines.

Mais la véritable origine de cette nouvelle crise est à chercher dans des campagnes de forage au large des îles, entamées en 2010 par trois sociétés britanniques d’exploration.

Une première campagne de forages en 1998 avait confirmé la présence de pétrole, mais à l’époque, son exploitation paraissait non rentable. Mais aujourd’hui, la forte hausse du prix du baril et les progrès techniques changent la donne.

Et l’une des sociétés britanniques qui prospecte au large de l’archipel, Rockhopper, a annoncé, en décembre, une nouvelle découverte d' »or noir ». Sa mise en exploitation, qui devrait intervenir cette année sur fonds de hausse des cours du pétrole, ne peut que susciter le ressentiment de l’Argentine.

Catherine Gouëset

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