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Macron en visite à Calais, ville symbole de la crise migratoire

Le Vif

Le président français Emmanuel Macron se rendait mardi à la rencontre des élus, des associations et des forces de l’ordre à Calais, face aux côtes anglaises, pour défendre sa politique controversée sur l’immigration, dans cette ville portuaire emblématique de la crise des migrants en Europe.

Cette première visite en tant que président est très attendue car elle intervient en plein débat sur un projet de loi destiné à réformer la politique migratoire et le droit d’asile, un texte critiqué à gauche comme à droite.

A deux jours du sommet franco-britannique avec Theresa May, qui se tiendra jeudi dans le sud de l’Angleterre, M. Macron devrait aussi profiter de l’occasion pour envoyer des messages à Londres.

La France veut notamment demander aux Britanniques « d’aider Calais à se développer » et de reprendre « un certain nombre de migrants », a précisé le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.

Paris envisage en particulier un aménagement des accords du Touquet, qui fixent depuis 2004 la frontière à Calais.

« Avoir à Calais une frontière, ça a un coût financier et il est normal que la Grande-Bretagne puisse y participer », a appuyé le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.

Le gouvernement britannique est « prêt à écouter les arguments » de Paris, ont déclaré des sources gouvernementales citées par la presse d’outre-Manche.

Mais le ton était plus intransigeant chez d’autres responsables. « Les contribuables britanniques, Eurotunnel et d’autres ont déjà lourdement investi pour sécuriser le côté français de la frontière », a ainsi estimé le député conservateur Tim Loughton.

‘Frontière fermée’

M. Macron a débuté son déplacement en rencontrant des migrants hébergés dans un nouveau centre d’accueil à Croisilles (nord).

« Voulez-vous faire votre vie ici? », a demandé le président à Ahmed, un Soudanais de 25 ans, qui attend de connaître son sort.

« Oui », pour « apprendre le français et trouver un travail dans la mécanique », répond le migrant, qui lui explique avoir fui son pays après le meurtre de sa mère et la disparition de sa famille.

Accompagné de quatre ministres, dont ceux de l’Intérieur Gérard Collomb et de la Justice Nicole Belloubet, le président français devait ensuite prononcer à Calais un discours devant les forces de l’ordre, avant de s’entretenir avec les élus locaux, les acteurs économiques et les associations d’aide aux migrants.

Le chef de l’Etat « va tenir un discours de vérité: la frontière est fermée et Calais ne peut plus être une destination pour les migrants », a indiqué l’Elysée.

La situation dans le principal port trans-Manche est moins critique qu’il y a 14 mois, avant la fermeture de la Jungle, l’immense campement sauvage où cohabitaient près de 8.000 migrants rassemblés dans l’espoir de rejoindre les côtes britanniques.

Elle s’est « améliorée » mais « n’est pas encore stabilisée », résume l’Elysée. Entre 350 et 500 migrants, selon l’Etat, sont présents à Calais, essentiellement venus de la Corne de l’Afrique (Ethiopie, Erythrée) et d’Afghanistan.

Ils survivent dans des conditions difficiles, sans abri fixe car les forces de l’ordre démantèlent systématiquement leurs campements. Des associations leur distribuent vêtements, duvets et nourriture quotidiennement.

Les effectifs des forces de l’ordre ont été renforcés et s’élèvent à 1.130 policiers et gendarmes, qui interviennent parfois pour stopper des heurts entre groupes de migrants,.

Pour la maire de Calais, Natacha Bouchart (LR, droite), l’insécurité reste un problème « quotidien ». Des migrants « sautent sur les camions, il arrachent les bâches (…) Ils mettent en danger leur vie, ils mettent en danger la vie des citoyens calaisiens », selon elle.

Aux forces de l’ordre, Emmanuel Macron « va dire de manière très claire qu’il faut qu’elles soient exemplaires dans leurs interventions », selon l’Elysée. Dans un rapport publié l’an dernier, l’ONG Human Rights Watch (HRW) avait dénoncé un usage excessif de la force contre les migrants et des « abus », notamment contre des enfants.

Le président ne devrait pas s’exprimer en détail sur le projet de loi asile-migration que M. Collomb doit présenter courant février. Le ministre de l’Intérieur a réaffirmé dimanche qu’il n’était « pas question » de changer l’orientation du projet de loi, qui est « totalement équilibré ».

Hostiles à la politique du gouvernement, deux des principales associations locales, L’Auberge des migrants et Utopia 56, ont décidé de boycotter la rencontre du monde associatif avec Emmanuel Macron.

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