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Liège, locomotive du redressement économique wallon ?

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Certains y croient. D’autres estiment qu’elle n’est pas sortie de la spirale du déclin. Enquête sur les raisons qui empêchent le moteur liégeois de tourner à plein régime.

L’une des réussites les plus spectaculaires du bassin liégeois concerne Techspace Aero. Active dans l’aéronautique, la firme est établie à Herstal. Son développement s’est brusquement accéléré depuis 2010. Elle emploie aujourd’hui 1 350 travailleurs et s’apprête à engager une centaine de personnes supplémentaires, grâce à un contrat lié à la fabrication du nouveau Boeing 777X. Autre référence, la société EVS conçoit des serveurs vidéo qui permettent la diffusion d’images au ralenti. Leader mondial dans son secteur, elle occupe 350 personnes à Liège. Un fleuron. Tout comme l’entreprise pharmaceutique Mithra, une spin-off née en 1999 dans la sphère de l’Université de Liège (ULg) et spécialisée, entre autres, dans la contraception féminine.

Dans des secteurs plus traditionnels, Liège reste également à la pointe. Dernière entreprise à porter le nom illustre d’un industriel anglais qui transfigura la vallée de la Meuse au début du XIXe siècle, CMI (Cockerill Maintenance & Ingénierie) emploie plus de 4 000 personnes à travers le monde, dont 1 300 en Belgique. Le groupe se diversifie de plus en plus, sans abandonner son métier d’origine, la production d’engins mécaniques, et sans remettre en cause son ancrage à Seraing.Tout cela semble indiquer que la ville emprunte la voie du renouveau, après trois décennies de déclin économique. A en croire les pronostiqueurs les plus audacieux, celle que l’on appelait jadis « l’Athènes du nord » pourrait même devenir la locomotive du redéploiement wallon. Angélisme déplacé ou optimisme de bon aloi ? Professeur d’économie à HEC, la business school de l’ULg, Lionel Artige tente d’objectiver le débat. « Avant la crise de 2008, le sentiment prévalait que la province de Liège était en train de redémarrer assez fort, explique-t-il. C’était vrai, mais vrai pour toute la Belgique : le dynamisme de Liège, comparé à d’autres provinces, n’a rien d’extraordinaire. Cela dit, une certaine euphorie est compréhensible, vu les difficultés du passé. »

Lionel Artige se montre plus réservé quant au rôle moteur que la plus grande métropole de Wallonie pourrait jouer dans le développement régional. « La croissance, en Belgique, c’est une force qui va vers Bruxelles et les deux Brabant. Cette concentration de l’économie nationale vers la capitale ne s’arrête pas. Au contraire, elle s’accentue. » En 2011, l’arrondissement de Liège représentait 19,3 % du Produit intérieur brut wallon, un chiffre stable depuis le début des années 2000. En comparaison, l’arrondissement de Charleroi a reculé de 13,3 à 12,4 %, tandis que le Brabant wallon a progressé, de 13,4 à 14,7 %.

La plupart des observateurs se rejoignent pour identifier cinq verrous, au moins, qui empêchent le potentiel liégeois d’être pleinement exploité.

  1. Un désamour entre Liège et la Région wallonne.
  2. Les stigmates de la désindustrialisation.
  3. Hardware enviable, software défaillant.
  4. La lenteur.
  5. Un morcèlement géopolitique.

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