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Libye, de la révolution à l’affrontement militaire

La révolution libyenne a rapidement tourné à l’affrontement militaire. Mouammar Kadhafi n’a pas donné, jusqu’ici, la preuve qu’il entendait respecter la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui appelle notamment à la proclamation d’un cessez-le-feu immédiat.

Le contexte Après la Tunisie et l’Egypte, la Libye, le plus gros pays producteur de pétrole et de gaz d’Afrique, est entrée en ébullition. Depuis la ville de Benghazi, le13 février 2011, les contestataires veulent la chute du régime du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. Les manifestations s’étendent rapidement au reste du pays, la répression est d’une violence inouïe et fait plusieurs centaines de victimes : 640 morts en huit jours contre les 219 en Tunisie en un mois et les 365 en Egypte en trois mois. Plusieurs dizaines de milliers de ressortissants libyens et étrangers fuient le pays.

La réaction des Nations Unies a été assez frileuse et lente. Au début, les seules mesures prises par la résolution 1970 du Conseil de Sécurité de l’ONU ont été des sanctions contre Kadhafi et 25 de ses proches. Au moment où les forces pro-Kadhafi reprennent quasiment le contrôle du pays, le Conseil de Sécurité vote une nouvelle résolution pour une « no fly zone », soit une interdiction de survol de l’espace aérien libyen.

L’intervention militaire, qui implique une coalition internationale mixte, divise l’Union européenne, où l’Allemagne, l’Italie et la Turquie se sont montrées contraires soit à la mise en place d’une « no fly zone », considérée comme un acte de guerre, soit – à plus forte raison – aux frappes ciblées, proposées unilatéralement par la France et la Grande-Bretagne et non prévues par la résolution 1973.

C’est notamment le recours aux frappes aériennes qui a fait revenir une partie de la communauté internationale sur ses pas. En particulier la Ligue arabe, qui après avoir donné son feu vert à la résolution de l’ONU, a ensuite critiqué le scénario des frappes ciblées. L’Algérie, la Syrie et curieusement la Tunisie et l’Egypte, qui ont provoqué l’étincelle révolutionnaire, ont pris leurs distances de toute intervention militaire.

La reconnaissance du Conseil national de transition (CNT), soit l’autorité politique de transition créée par les rebelles, a aussi divisé la communauté internationale et l’Europe. La France est le seul état européen qui a officiellement reconnu le CNT. Cette décision a été reçue comme une « surprise » par la chancelière Angela Merkel et ses autres partenaires européens. Le ministre italien des affaires étrangères, Franco Frattini a par ailleurs ajouté que « le fait de reconnaître la CNT doit être une décision européenne, pas nationale ». La Ligue arabe a reconnu le CNT le 13 mars. En ce qui concerne les Etats-Unis, le conseiller à la Sécurité nationale de Barack Obama, Tom Donilon, a expliqué qu’ils se coordonnent avec les rebelles pour l’envoi d’aide humanitaire, ainsi que sur la façon dont les opposants s’organisent pour mettre en place un gouvernement alternatif.

L’actu Le secrétaire général de l’ONU, Ban-ki-Moon, a rappelé le vendredi 25 mars que l’objectif du texte n’était pas de provoquer un changement de régime à Tripoli, mais que la résolution visait à ce que le colonel Kadhafi cesse de « tuer son propre peuple ».

Quant au leadership de la mission, la mise en oeuvre de l’interdiction de survol est désormais commandée par l’OTAN, tandis que le reste de l’intervention, notamment les frappes au sol, reste aux mains de la coalition guidée par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. D’après une source très haut placée dans l’administration américaine, l’Otan serait « parvenue à un accord politique pour inclure dans sa mission, et son commandement, tous les autres aspects » de la résolution 1973 de l’ONU. L’accord politique serait tombé entre la secrétaire d’Etat Hillary Clinton et trois de ses homologues, le français Alain Juppé, le turc Ahmet Davutoglu et le britannique William Hague. Pour rappel, la France tenait, plus que les autres pays, à conserver la paternité politique de la mission en Libye.

A.S.

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