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Les voix de la guerre, celles qu’on entend peu ou pas

Durant quatre mois, le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) a interrogé plus de 17.000 personnes issues de 16 pays différents* afin de leur poser des questions sur des thèmes relatifs à la guerre.

Cette enquête du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) fait écho à un sondage similaire mené en 1999 qui a permis au CICR de comparer les réponses à 20 ans d’intervalle.

« Comme le montre l’étude, le fatalisme gagne les esprits, de plus en plus de gens considérant les pertes civiles comme une conséquence inévitable de la guerre, déclare-t-il dans un communiqué. Dans le même temps, l’impact et la pertinence des Conventions de Genève et de leurs Protocoles additionnels, dont les règles visent à protéger les civils, les détenus et les blessés dans les situations de conflit armé, sont aujourd’hui remis en question comme ils ne l’ont peut-être jamais été au cours de l’histoire récente. Ces deux tendances sont pour le moins préoccupantes. »

Ainsi si 82% des personnes interrogées estiment qu’il est mal d’attaquer les hôpitaux et le personnel de santé lors d’un conflit, et ce même dans le but d’affaiblir l’ennemi, 13% estiment que cela fait partie de la guerre (4% ne sait pas et 1% ne se prononce pas).

Ce pourcentage de réponses (c’est mal) grimpe à 89% dans les pays touchés par un conflit, contre 79% dans les 5-P (Chine, France, Russie, Royaume-Uni et États-Unis, les cinq États membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies) et en Suisse. L’éloignement de la zone de conflit semble mieux accepter que « la fin justifie les moyens ».

Cette tendance s’inverse sur les questions concernant la torture par exemple. Si 66% sont contre la torture et 27% estime que cela fait partie de la guerre, le pourcentage de personnes en faveur est nettement plus important dans les pays touchés par un conflit armé.

Quant à « Selon vous, un combattant ennemi capturé peut-il être torturé pour obtenir des informations militaires importantes? », ils sont 48% à répondre non (contre 66% en 1999) et 36% à dire oui (contre 28% en 1999).

Quant aux bombardements en temps de guerre, risquant de faire des victimes civiles, ils sont 59% à les condamner (contre 68% en 1999) et 34% à dire que cela fait partie de la guerre (contre 30% en 1999). Parmi ceux qui condamnent, 78% proviennent des pays en conflit, tandis qu’ils ne sont que 50% pour les 5-P et la Suisse.

Des réponses qui font dire à Peter Maurer que si certains résultats sont encourageants, d’autres sont plus préoccupants.

*Cette étude a été menée par WIN/Gallup International et ses partenaires dans chacun des pays concernés.

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