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Les violences gagnent Gaza, les attaques à l’arme blanche continuent

Les violences se sont étendues pour la première fois à la bande de Gaza où cinq jeunes Palestiniens ont été tués par des soldats israéliens, alors que le chef du Hamas parlait de nouvelle intifada.

Deux ultra-orthodoxes juifs israéliens ont été légèrement blessés samedi à Jérusalem dans une nouvelle attaque à l’arme blanche dont l’auteur a été tué, ont indiqué la police et les secours. La police a indiqué que l’agresseur avait été neutralisé. Les secours ont rapporté qu’il avait succombé à ses blessures. Selon la police, l’auteur de l’attaque est un Palestinien de Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël. La police a qualifié l’agression d’acte « terroriste ».

C’est la treizième attaque à l’arme blanche en huit jours contre des Israéliens ou des juifs. Deux Israéliens sont morts et 17 autres ont été blessés. Six des assaillants présumés ont été tués. Un Palestinien a par ailleurs été tué dans la nuit de vendredi à samedi par des tirs israéliens lors de heurts à Jérusalem-Est, selon des sources médicales et la police israélienne. Il s’agit du deuxième Palestinien tué dans ce camp en moins de 48 heures.

Violences quotidiennes

La Palestine et Israël sont en proie à des violences quotidiennes depuis début octobre. Quatre jeunes Palestiniens ont au total été tués en Cisjordanie et à Jérusalem-Est lors de heurts avec des soldats. Dans la bande de Gaza, le bilan des violences s’est aggravé à sept morts et 145 blessés.

L’animosité grandissait déjà vendredi en Israël où un juif a poignardé deux Palestiniens et deux Arabes israéliens, dans le premier acte de représailles contre une vague d’agressions au couteau par des Palestiniens qui s’est poursuivie vendredi. Cinq jeunes de Gaza, dont un adolescent de 15 ans, ont été tués par des tirs de l’armée à l’est des villes de Gaza et de Khan Younès lors de deux rassemblements en solidarité avec les Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem occupées.

Il s’agit de la journée la plus meurtrière à Gaza depuis la guerre de l’été 2014. Se pose maintenant la question de la réaction de la population dans la bande de Gaza, du mouvement islamiste Hamas qui la contrôle d’une main de fer mais aussi des autres forces présentes dans l’enclave.

Des centaines de jeunes sont allés manifester devant la barrière qui enferme hermétiquement le territoire. C’est la première fois depuis longtemps que des manifestations aussi importantes se déroulaient dans cette zone où des Palestiniens s’exposent aux tirs israéliens s’ils approchent trop près.

Les jeunes Palestiniens, certains au visage recouvert du keffieh et d’autres tête nue, parfois en simple débardeur, ont défié les soldats en faisant le signe de la victoire, en lançant des cailloux à la main ou au lance-pierres, ont constaté les photographes de l’AFP.

Les soldats israéliens « ont ouvert le feu sur les principaux agitateurs quand les manifestants se sont approchés en jetant des pierres et en roulant des pneus enflammés », a expliqué l’armée.

Un Palestinien de 15 ans et quatre autres, âgés d’une vingtaine d’années chacun, sont les premiers Palestiniens de Gaza tués depuis la montée la semaine dernière des tensions en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, partie de Jérusalem annexée et occupée.

La bande de Gaza, où Israël a livré au Hamas ainsi qu’à d’autres groupes armés palestiniens une guerre meurtrière en 2014, était restée jusqu’à présent à l’écart des violences.

Mais vendredi, le chef du mouvement islamiste dans la bande de Gaza n’a pas hésité à parler de nouvelle intifada, du nom des soulèvements populaires de 1987 et 2000 qui ont fait des milliers de morts.

Nouvelle intifada

« Nous appelons à renforcer et accentuer l’intifada (…). Gaza remplira son rôle dans l’intifada de Jérusalem et elle est plus que prête à l’affrontement », a dit Ismaïl Haniyeh lors de son prêche pendant la prière hebdomadaire dans une mosquée de Gaza.

Si la montée des tensions a réveillé le spectre d’une troisième intifada, des analystes estiment communément qu’on n’en est pas là mais mettent en garde contre le risque qu’un incident grave ne mette le feu aux poudres pour de bon.

Des affrontements ont mis aux prises vendredi Palestiniens et soldats israéliens à travers toute la Cisjordanie, comme près de Ramallah après les funérailles de Mohammad Halabi, 19 ans, abattu après avoir mortellement poignardé deux juifs samedi dans la Vieille ville de Jérusalem.

Hébron, Naplouse, Jénine, Qalqiliya et leurs environs ont également été secoués par des heurts.

Des Palestiniens ont aussi affronté des policiers dans le camp de réfugiés de Chouafat, à Jérusalem-Est, où un des leurs avait été tué la veille par des tirs israéliens.

Les attaques isolées à l’arme blanche, de la part de Palestiniens pour la très grande majorité, se sont multipliées contre des Israéliens et des juifs. Quatre nouvelles agressions à l’arme blanche se sont produites vendredi dans un contexte d’animosité grandissante. L’auteur palestinien de l’une d’elles contre un policier israélien en Cisjordanie a été abattu.

Pour la première fois vendredi, l’une de ces agressions a été l’oeuvre d’un juif, un jeune de 17 ans qui a légèrement blessé au couteau deux Palestiniens et plus sérieusement deux Arabes israéliens à Dimona (sud d’Israël). Il a été arrêté et a dit aux policiers avoir agi parce que « tous les Arabes sont des terroristes », selon la police.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a condamné « fermement » cette attaque.

Les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres en 1948 à la création d’Israël. Ils sont citoyens d’Israël dont ils représentent 17,5% de la population. Des dizaines de milliers de Palestiniens travaillent par ailleurs en Israël.

Depuis une semaine, treize attaques à l’arme blanche, dont celle de Dimona, ont été dénombrées durant lesquelles deux Israéliens sont morts et quinze blessés alors que cinq des assaillants présumés ont été tués.

Dans la Vieille ville de Jérusalem, la police a dû s’interposer vendredi matin pour empêcher de graves affrontements quand quelques dizaines d’hommes portant la kippa et des femmes drapées dans le drapeau israélien ont traversé le quartier musulman pour se rendre au mur des Lamentations dans la partie juive, sous le regard des commerçants palestiniens qui scandaient « Allah Akbar » (Dieu est le plus grand).

Depuis le 1er octobre, date du meurtre de deux colons en Cisjordanie, les violences ont tué quatre Israéliens et treize Palestiniens dont cinq agresseurs présumés.

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