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Les USA toujours à la recherche des disparus de la Seconde Guerre mondiale

Le Vif

« Vous m’avez rendu mon père »: aujourd’hui encore, le gouvernement américain dépense chaque année des dizaines de millions de dollars pour rendre à leur famille les corps de soldats disparus pendant la Seconde Guerre mondiale.

Dans des forêts en Allemagne ou dans la jungle de Papouasie-Nouvelle Guinée, des équipes de l’agence des prisonniers de guerre et perdus au combat (POW/MIA), dépendant du Pentagone, enquêtent et fouillent pour retrouver les soldats américains et, quand c’est possible, les ramener au pays. L’agence emploie des archéologues, des historiens, des médecins légistes et dispose à Hawaï de laboratoires ultra-modernes pour identifier les restes. « Quand je travaille sur un cas, je me souviens de cette femme » qui a pu enfin connaître, des décennies après, le sort de son père, un soldat disparu dans une forêt allemande, a expliqué à l’AFP le docteur Stephen Johnson, l’un des historiens-détectives de l’agence POW/MIA. Cette mère et grand-mère « a trouvé la paix » en connaissant désormais, de manière précise, le sort de son père mort quand elle avait 18 mois, explique-t-il. Sandi Jones, 60 ans, qui habite dans le Montana (nord), a ressenti une joie immense lorsque l’agence l’a appelée en juin 2014, pour lui dire que son oncle William D Bernier avait été retrouvé, 70 ans après être tombé avec son avion dans la jungle de Nouvelle-Guinée. « J’étais complètement sidérée », dit-elle. Le jeune homme dont elle avait récupéré la photo, celui dont ses grands-parents ne voulaient jamais parler pourrait ainsi revenir près du ranch familial. L’armée américaine a rapatrié et enterré le soldat perdu avec les honneurs, en présence de responsables de l’US Air Force. Et a remis à la famille l’anneau maçonnique du jeune lieutenant, après avoir établi que parmi l’équipage, William D Bernier était le seul membre d’une loge maçonnique et donc le seul susceptible d’avoir laissé cette relique anonyme.

« Un souci humanitaire »

Pour le docteur Stephen Johnson, cette volonté de ramener coûte que coûte les soldats perdus remonte à la genèse de l’histoire américaine. Le général George Washington, le premier chef de l’armée américaine, « pensait que la fidélité de l’armée envers la nation était directement liée à la fidélité de la nation envers son armée », explique-t-il. « Vous ne cessez pas d’être un militaire américain parce que vous êtes mort », souligne-t-il.

C’est cette logique qui pousse désormais l’agence POW/MIA à préparer l’exhumation de 388 marins et Marines tués sur le cuirassé Oklahoma à Pearl Harbour, le 7 décembre 1941. Les corps non identifiables après être restés des semaines dans l’eau avait été enterrés dans le cimetière national du Pacifique. Mais l’agence espère identifier les ossements grâce aux analyses dentaires et ADN. Une tâche dantesque, compte-tenu du fait que les ossements sont mélangés, explique le docteur Johnson. Mais l’agence est aiguillonnée par le Congrès, qui lui a fixé l’objectif d’identifier 200 corps par an – alors qu’elle n’arrivait jusqu’à présent à en identifier qu’environ 70 par an. Et par des associations privées, comme History Flight, qui vient de retrouver, avec une équipe pluri-displinaire (historien, archéologue, spécialistes du sol) les restes de plusieurs dizaines de Marines sur l’atoll de Tarawa, dans le Pacifique. Une quête commencée en 2007 qui a couté près d’1,5 million de dollars, selon le président de l’association, Mark Noah, venu à la recherche de disparus après s’être au départ intéressé à la recherche d’avions perdus. « Pour nous, c’est un souci humanitaire » vis-à-vis des familles, avec de nombreux enfants ou proches de disparus encore en vie, souligne M. Noah, un pilote de ligne de 50 ans. Au total, un peu plus 73.000 soldats américains de la Seconde Guerre mondiale sont toujours manquants ou non identifiés, selon les chiffres officiels. Mais près de 40.000 d’entre eux ont probablement disparus à jamais, notamment les perdus en mer.

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