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« Les troupes russes prêtes à envahir l’Ukraine », l’Otan « très inquiète »

Le Vif

Le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, partage les « préoccupations » du plus haut responsable militaire de l’alliance, qui a affirmé que la Russie pourrait « atteindre ses objectifs en trois à cinq jours » si elle décidait d’une « incursion » en Ukraine, tout en mettant Moscou en garde contre une escalade.

« Je partage vraiment les préoccupations du Saceur (commandant suprême des forces alliées en Europe) », le général américain Philip Breedlove, a déclaré M. Rasmussen lors d’une conférence de presse à Bruxelles. Le plus haut responsable opérationnel de l’Otan, qui dirige les forces américaines et celles de l’Alliance en Europe, a jugé « incroyablement inquiétante » la présence massive de troupes russes le long de la frontière ukrainienne.

« Nous pensons qu’ils (les soldats russes) sont prêts à y aller et qu’ils pourraient remplir leurs objectifs en trois à cinq jours » s’ils en recevaient instruction, a dit le général Breedlove à des médias anglo-saxons, en citant comme objectifs potentiels de Moscou l’établissement d’un corridor terrestre dans le sud de l’Ukraine pour relier la Crimée à la Russie, la prise du port ukrainien d’Odessa ou encore de la région moldave russophone et séparatiste de Transnistrie, située à l’ouest de l’Ukraine. Le général américain a précisé que les forces armées russes disposent de tout l’équipement, y compris avions, hélicoptères et hôpitaux mobiles, pour un raid réussi sur l’Ukraine, en cas de nécessité. « Il faut étudier comment préparer notre alliance à un autre paradigme », a conclu Breedlove.

Langage de Guerre froide De son côté, Vladimir Poutine a déclaré qu’il n’avait pas l’intention d’envahir l’Ukraine, mais il s’approprie tout de même le droit d’intervenir et de protéger les Russes ethniques en cas de nécessité.

Entre-temps, la Russie a accusé l’OTAN de recourir à un langage de Guerre froide en suspendant la collaboration avec Moscou après la crise en Crimée. L’organisation se prépare également à renforcer la présence militaire à l’est du territoire de l’alliance. Ainsi, les états baltes et la Pologne auraient accepté des renforts et de la protection.

Erreur historique

« Nous avons connaissance, ou nous avons vu, une augmentation massive des forces russes le long de la frontière ukrainienne et, comme je l’ai dit hier (mardi), nous n’avons vu aucune réduction significative » de ces forces, a expliqué M. Rasmussen, interrogé sur les déclarations du général Breedlove à l’agence Reuters et au ‘Wall Street Journal’ (WSJ). « Nous savons aussi qu’ils sont à un très haut niveau de préparation. C’est un sujet de vive préoccupation », a-t-il ajouté.

« Si la Russie devait intervenir encore plus en Ukraine, je n’hésiterais pas à appeler cela une erreur historique, qui mènerait à un plus grand isolement encore de la Russie sur la scène internationale et qui aurait des conséquences d’une portée importante sur les relations entre la Russie et ce que nous appelons l’Ouest », a averti M. Rasmussen. « Ce serait un mauvais calcul aux implications stratégiques importantes », a-t-il insisté.

Réunis durant deux jours à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères des 28 pays de l’Otan ont décidé de suspendre la coopération civile et militaire avec la Russie, en riposte à l’annexion de la Crimée, tout en maintenant ouverte la possibilité de dialogue politique avec Moscou en vue de favoriser une solution à la crise.

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