Drapeaux marocains © BELGA

Les Marocains aux urnes pour choisir leurs députés

Le Vif

Les Marocains ont commencé à voter vendredi pour élire leurs députés, dans un scrutin où les islamistes à la tête du gouvernement de coalition depuis cinq ans tenteront de conserver la majorité face aux « modernistes ».

Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 locales (07H00 GMT), sans affluence particulière, a constaté un journaliste de l’AFP à Rabat.

« C’est trop tôt maintenant pour aller voter », a expliqué un commerçant. « Les gens iront après la prière (à la mi-journée) ou à la sortie des bureaux, vers 15H00 ».

Le vote doit prendre fin à 19H00 locales et les premiers résultats commenceront à être diffusés, circonscriptions par circonscriptions, dans la soirée.

Près de 16 millions d’électeurs sont appelés à voter pour élire leurs 395 députés, dans 92 circonscriptions et selon un système de liste à la proportionnelle.

Ces législatives s’annoncent comme un face-à-face serré entre le Parti authenticité et modernité (PAM), formation libérale dirigée par Ilyas El Omari, et les islamistes du Parti justice et développement (PJD).

Le PJD avait remporté une victoire historique en novembre 2011, quelques mois après une révision constitutionnelle menée par le roi pour calmer le « mouvement du 20 février », né dans le sillage du Printemps arabe.

Le PJD reste aujourd’hui la seule formation islamiste encore à la tête d’un gouvernement dans un pays de la région.

Tracteur contre lampe à huile

Emmené par le Premier ministre Abdelilah Benkirane, s’appuyant sur la classe moyenne urbaine et des militants très bien organisés, le parti islamiste entend décrocher un deuxième mandat pour « continuer la réforme », avec toujours en arrière-plan le « référentiel » islamique.

Dénonçant de son côté une « islamisation rampante » de la société, le PAM, implanté plutôt en zones rurales et chez les notables, se pose en « défenseur des libertés » et de la condition féminine.

Il s’est fixé l’objectif d’une trentaine de femmes députés au Parlement (où elles sont actuellement sous-représentées), et propose comme autre mesure phare la légalisation du cannabis.

Ces dernières semaines, le PJD a accusé de façon récurrente l’Intérieur de partialité et d’agir en sous-main pour favoriser la victoire du PAM.

Sur la trentaine de partis en lice, huit ont une audience véritablement nationale et peuvent espérer obtenir un groupe parlementaire, dont la Fédération de la gauche démocratique (FGD). Héritière d’une longue tradition de gauche contestataire en lambeaux depuis des années, la FGD a fait une campagne remarquée sur le thème de la « troisième voie ».

Le parti Istiqlal, parti historique de la lutte pour l’indépendance, associé jusqu’en 2013 à la coalition gouvernementale, devrait également arriver en bonne position, car traditionnellement bien ancré dans la société.

Les électeurs votent pour une liste locale et une liste nationale composée uniquement de femmes et de jeunes qui assure leur représentation minimum au Parlement, selon un système de quota.

Sur les bulletins de vote, des symboles permettent d’identifier chaque parti alors que près d’un tiers de la population est analphabète: un tracteur pour le PAM, une lampe à huile pour le PJD, un chameau, un parapluie, un avion, ou encore un soleil ou un éléphant pour d’autres formations.

‘Votons!’

Ces symboles, mis en avant par leur parti respectif pendant toute la campagne, étaient peints avec des pochoirs sur des espaces dédiés sur les murs des écoles servant de bureau de vote.

Le taux d’abstention, très élevé en 2011 (55%), sera l’un des enjeux du scrutin. Ces législatives signent par ailleurs le retour des salafistes, candidats sous diverses étiquettes, dans le jeu électoral.

Jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Mohammed VI en 1999, les élections étaient largement manipulées au Maroc. Le scrutin de 2002 avait marqué une étape dans la démocratisation du pays. Le ministère de l’Intérieur s’est engagé à organiser un scrutin « transparent », conformément aux « directives » du roi Mohammed VI.

« Votons! », titrait vendredi le quotidien francophone l’Economiste, qui voyait dans ces législatives le « premier grand test démocratique de l’après-Printemps arabe ».

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