Le Premier Ministre britannique David Cameron aux côtés du Premier Ministre hongrois Viktor Orban. Deux chefs d'Etat à la tête de pays où l'euroscepticisme a la côte. © REUTERS

Les Hongrois ne cachent pas leur désamour pour l’Europe

Stagiaire Le Vif

Entre ce que les citoyens d’un pays pensent de l’Europe et la manière dont ils bénéficient vraiment des politiques européennes, il y a parfois un fossé. C’est ce que révèle une récente étude réalisée par un think-thank européen. La Hongrie, par exemple, profite relativement bien de l’aide économique européenne. Ce qui n’empêche pas ses citoyens d’être de grands eurosceptiques.

Les Hongrois, à l’image de leur président Viktor Orban, ne cachent pas leur désamour pour l’Europe. L’homme d’État ultraconservateur ne rate guère une occasion de dire tout le mal qu’il pense de l’état actuel de l’Europe, responsable, selon lui, d’un afflux incontrôlé de migrants et de la déliquescence des valeurs chrétiennes. « Bruxelles est constamment en train de dévorer encore plus de parts de notre souveraineté nationale », répétait-il encore en mars lors d’un discours à la nation.

Pourtant, dans les faits, la Hongrie n’aurait pas tant de raisons de cracher dans la soupe. C’est ce qui ressort d’une étude de l’European Council of Foreign Relations (ECFR), un think-thank européen. Grâce à des statistiques et des données publiques, ce groupe de recherche a réalisé un baromètre fonctionnant sur deux axes, appelé le « moniteur européen de cohésion ».

Sur le premier axe, c’est la « cohésion individuelle » des citoyens d’un pays membre qui est évaluée. Il s’agit ici de la cohésion « visible » entre le pays et l’UE. Ici, on questionne l’attitude, l’engagement, l’expérience et l’approbation des citoyens d’un pays face à l’Europe. Par exemple, on regardera le taux de participation aux élections européennes. Ou tout simplement le fait que les citoyens aient globalement une opinion positive des politiques mises en place par Bruxelles.

L’autre axe, c’est celui de la « cohésion structurelle ». Alors que le premier axe fait en grande partie appel à des notions parfois abstraites, celui-ci est basé sur des données très concrètes. Par exemple, le taux d’argent européen intervenant dans le PIB d’un pays, la balance de contribution des États membres au budget européen, ou encore le nombre d’options de retrait que possèdent certains états.

Diagramme montrant les résultats du
Diagramme montrant les résultats du « moniteur de cohésion ». Entourés en jaune apparaissent la hongrie (HU) et l’Irlande (IE) |Graphic by the European Council on Foreign Relations© European Council on Foreign Relations

Le but de cette étude est de révéler la diversité des réactions des différents États membres après le choc de la crise économique et financière de 2008. Alors qu’en 2007, on constatait une convergence d’une majorité de pays sur les deux axes, on peut aujourd’hui observer un éclatement de cette cohésion, avec une fuite vers les extrémités du tableau pour certains pays.

Pour la Hongrie, ce qui ressort de ce rapport est justement le très grand fossé entre l’expérience « vécue » de l’Europe, et l’expérience « ressentie » par les citoyens. Avec le Luxembourg et la Lituanie, elle fait partie des trois pays structurellement les plus intégrés à l’Europe. Cela est notamment dû au fait que le pays est un des premiers bénéficiaires des fonds de cohésion européens. Le journal Politico a demandé à Josef Janning, un des auteurs de cette étude, ce qu’il en pensait. « Ce que l’on observe dans le cas de la Hongrie pourrait être un indicateur d’un pays qui a commencé à tanguer, en complète désillusion politique », explique-t-il.

À l’extrême opposé de la Hongrie se trouve l’Irlande. Malgré leur isolation géographique, les Irlandais seraient très attachés à leur identité européenne. Une manière peut-être de s’émanciper de leur ancien pouvoir colonial, le Royaume-Uni ? C’est ce que suggère Josef Janning. Mais paradoxalement, l’Irlande ne profite que très peu de l’Europe. Le pays s’est notamment vu imposer une cure d’austérité en 2010.

Plus logiquement, le Royaume-Uni exprime une très faible cohésion individuelle, tout comme une faible cohésion structurelle. Cela est notamment dû aux multiples options de retrait que possède le pays, par exemple le choix de ne pas adhérer à la zone Euro.

Et chez nous alors ? La Belgique est, avec le Luxembourg, le pays où le niveau de cohésion individuelle avec l’Europe est le plus élevé. En plus de notre statut de pays fondateur de l’UE, cela a beaucoup à voir avec la présence des institutions européennes sur notre territoire. Le rapport montre aussi que notre engagement envers l’Europe est en nette augmentation depuis 2007.

Les contenu complet du rapport est en libre accès sur le site de l’European Council of Foreign Relations: http://www.ecfr.eu/eucohesionmonitor#

A.S. (stg.)

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