hillary clinton © Reuters

Les hommes, le défi d’Hillary

Le Vif

Hillary Clinton a en novembre la meilleure chance de l’histoire américaine de briser un plafond de verre hautement symbolique, en devenant la première femme à entrer à la Maison Blanche. Mais les hommes vont-ils l’en empêcher?

Sur le papier, peu de candidats ont été, depuis des générations, aussi qualifiés que ne l’est Hillary Clinton pour la fonction suprême: elle a été deux fois sénatrice, deux fois Première dame et secrétaire d’Etat de Barack Obama.

Elle était déjà dans la vie publique, et connue internationalement, avant même que naissent les jeunes Américains qui voteront pour la première fois cette année.

Mais même si elle semble quasi-assurée d’être la candidate du parti démocrate à l’élection présidentielle de novembre, Hillary Clinton n’arrive pas à convaincre les hommes blancs, dont beaucoup lui préfèrent son opposant socialiste-démocrate Bernie Sanders.

« Je sais, personne n’est parfait, mais je ne lui fais pas confiance, elle est trop fuyante. Je préférerais avoir son mari », explique George Ruzzier, 81 ans, qui votait auparavant démocrate et qui cette fois a décidé de voter…républicain, charmé par Donald Trump.

Il n’est pas le seul. 68% des hommes blancs ont une mauvaise opinion d’Hillary Clinton, selon un récent sondage Quinnipiac.

Mardi, la candidate démocrate a enregistré dans le Wisconsin (nord) une septième défaite face à Bernie Sanders dans les huit derniers Etats à avoir organisé leurs élections primaires ou caucus.

Les hommes démocrates ont voté à 64% pour le sénateur du Vermont, contre 35% pour Hillary Clinton, selon des sondages CNN sortis des urnes.

Ces électeurs la trouvent opportuniste, doutent de ses compétences économiques et lui reprochent de ne pas s’intéresser à eux, poussant plutôt des thèmes comme la défense des minorités et le contrôle des armes.

Selon les experts, ce peu d’enthousiasme masculin représente un défi sérieux, même s’il n’est pas fatal, pour l’élection présidentielle de novembre face au candidat républicain quel qu’il soit, même un Donald Trump très impopulaire chez les femmes.

Les hommes préfèrent Bernie

« C’est un défi pour elle », dit Jeanne Zaino, professeur de sciences politique au Iona College, université catholique au nord de New York. « Elle n’a pas réussi à les attirer (les hommes, ndlr) comme l’a fait Bernie » Sanders, qui fait même mieux à ce niveau-là que Barack Obama en 2008 face à l’ex-Première dame.

« Si vous revenez huit ans en arrière, elle gagnait chez les hommes blancs tandis qu’Obama avait du mal. La situation s’est complètement inversée ».

Hillary Clinton gagnerait par 46% contre 40% en novembre contre Donald Trump, selon un récent sondage Quinnipiac. Mais le magnat de l’immobilier l’emporterait chez les hommes (44% contre 41%) et plus nettement encore chez les hommes blancs (51% à 34%).

Bernie Sanders ferait mieux: il battrait le milliardaire 52% à 38%, grâce aux hommes qui le préfèrent à Donald Trump (avec 45% contre 44%).

Elle crie trop, sa voix est trop aiguë, pourquoi ne sourit-elle pas plus, demandent les critiques d’Hillary Clinton, au grand dam de ses partisans et des féministes.

Robert Lomangino, 23 ans, un de ses ardents supporteurs, est sûr à 100% qu’elle souffre du fait d’être une femme.

« Les gens la critiquent beaucoup plus et malheureusement, sont plus durs avec elle qu’avec n’importe quel autre candidat », dit-il.

« Bernie Sanders peut monter sur scène et crier autant qu’il veut, montrer du doigt et sembler presque méchant et se moquer, Hillary ne peut jamais faire ça. Même si elle ne fait que lever la voix, on la critique et c’est assez injuste ».

Dans un pays qui concentre plus de la moitié des 100 femmes les plus puissantes du monde selon Forbes, ce rejet peut surprendre.

Selon Jeanne Zaino, ce n’est pas du sexisme mais plutôt une affaire de thèmes de campagne.

Bernie Sanders parle plus de libre-échange et de réforme du financement des campagnes, des sujets qui intéressent les hommes, dit-elle.

Sam Ackerberg, un étudiant en droit de 27 ans qui vit à New York, estime que les hommes devraient s’intéresser aux problèmes des femmes.

« Nous avons tous des mères, des soeurs, des amies, des tantes, et les problèmes des femmes devraient nous concerner », dit-il.

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