Les Grecs retournent aux urnes, un nouveau défi pour Tsipras

A moins de huit mois des dernières législatives, environ 10 millions de Grecs sont appelés aux urnes dimanche, un scrutin qui s’annonce serré pour le parti Syriza du Premier ministre sortant Alexis Tsipras, talonné par le parti de droite Nouvelle Démocratie de Vangélis Meïmarakis.

A en croire les sondages, le résultat le plus probable est une avance de 0,7 à 3 points de Syriza, qui n’aurait pas la majorité absolue au Parlement et serait ainsi contraint de former un gouvernement de coalition, une tâche difficile, selon les analystes.

Son ancien partenaire gouvernemental, le petit parti souverainiste de droite des Grecs Indépendants Anel, risquant de ne pas atteindre le plancher de 3% des voix pour entrer au Parlement, Syriza devrait s’allier avec les socialistes du Pasok ou le centriste Potami.

Ayant a priori exclu une alliance avec Nouvelle Démocratie, Alexis Tsipras, 41 ans, a toutefois assuré vendredi lors du dernier meeting électoral à Athènes que la Grèce aura « un gouvernement stable et fort » au lendemain de l’élection, voulant dissiper ainsi les craintes d’un recours à un nouveau vote prochainement. Car l’électorat est lassé des scrutins successifs – cinq depuis l’éclosion de la crise de la dette en 2010 -, d’une économie qui peine à redémarrer malgré trois prêts internationaux d’un total de quelque 330 milliards d’euros, et du chômage, le plus fort taux de la zone euro, à 25,2% fin juin.

A cela s’ajoute la déception d’un grand nombre d’électeurs, qui avaient cru en janvier « aux promesses d’Alexis », comme les Grecs appellent l’ex-Premier ministre. Elu alors haut la main avec 36,3% des voix contre 27,8% pour la droite, Alexis Tsipras s’était engagé auprès de son électorat à « la fin de l’austérité ».

La fragmentation de la gauche est un avantage pour Vangelis Meïmarakis, 61 ans, qui a réussi à rassembler et consolider son parti ces derniers mois. Ancien ministre de la Défense, ce vétéran du parti conservateur, propose « un gouvernement de coalition nationale », y compris Syriza, pour faire « avancer la Grèce et stabiliser l’économie ». Mais il accuse le gouvernement Syriza « d’avoir été une expérience qui a coûté cher au pays », faisant allusion au contrôle des capitaux imposé au pays fin juin par la Banque centrale européenne (BCE).

Une mesure qualifiée « de chantage » par Alexis Tsipras, contraint d’accepter les nouvelles mesures de rigueur « pour éviter la sortie de la zone euro ». Mais ce bras de fer entre Syriza et l’Europe sert d’argument pour Vangelis Meïmarakis: « Connaissez-vous un autre Premier ministre qui ait conclu un accord, l’ait présenté au Parlement, ait voté en sa faveur, l’ait signé, tout en disant qu’il n’y croyait pas ? » a-t-il ironisé lors d’un entretien paru samedi dans l’hebdomadaire To Vima.

Parmi les neuf partis censés entrer au Parlement, trois sont eurosceptiques. Le parti néonazi Aube dorée pourrait maintenir sa troisième place, crédité de jusqu’à 7% des voix malgré l’inculpation de sa direction pour appartenance à une organisation criminelle. Viennent ensuite le parti communiste KKE et le parti de l’Unité populaire des dissidents du Syriza.

L’abstention « pourrait atteindre 40% », selon Thomas Gerakis, dirigeant de l’institut de sondages Marc. Comme de nombreux analystes, il estime que la campagne électorale était « molle » et « brève ».

Cela fait juste un mois qu’Alexis Tsipras a annoncé sa démission après avoir perdu sa majorité parlementaire lors d’un vote sur le nouveau plan de sauvetage du pays, ce qui a déclenché ces élections anticipées. Le nombre d’indécis, 17%, selon les sondeurs, préoccupe les deux principaux rivaux. « Si tu ne votes pas, il n’y aura pas de miracle », proclame M. Tsipras sur Twitter, pour accompagner un dessin de lui en Jésus-Christ.

« Je ne comprends pas comment des Grecs pétris de logique et de démocratie peuvent gaspiller leur voix pour des groupes nazis et des groupes dont on ne sait pas comment ils vont coopérer », a indiqué Vangelis Meïmarakis, espérant conserver toutes les voix de droite.

Alexis Tsipras évoque de son côté la nécessité d’un gouvernement de gauche « pour mieux négocier la question de la dette », le fardeau des finances publiques, qui pesait plus de 170% du PIB avant même le troisième plan d’aide. Pour lui, la victoire du Syriza serait aussi « un message d’espoir et de changement en Europe ».

Le vote a commencé

Le vote a commencé dimanche en Grèce pour les deuxièmes élections législatives organisées dans le pays depuis janvier. L’enjeu du scrutin est le retour ou non au pouvoir du parti de gauche radicale Syriza d’Alexis Tsipras, qui avait démissionné de ses fonctions en août après avoir perdu sa majorité parlementaire lors du vote par les députés du troisième plan d’aide au pays en cinq ans.

La fin du scrutin est prévue pour 16h. Un sondage sortie des urnes est prévu à leur fermeture et les premières estimations sont prévues à 18h.

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