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Les enjeux du sommet de l’Otan à Chicago

Un retrait ordonné des troupes d’Afghanistan d’ici fin 2014 – et les suites à y donner – ainsi que la volonté de doter l’Otan des capacités nécessaires pour affronter toutes les menaces du 21ème siècle: ces deux thèmes vont dominer le sommet de l’Otan dimanche et lundi à Chicago.

A peine investi, le nouveau chef de l’Etat français, François Hollande, risque de se retrouver en position délicate après avoir annoncé un retrait anticipé de ses soldats d’Afghanistan, à la fin de cette année, avec deux ans d’avance sur le calendrier convenu lors du précédent sommet, à Lisbonne en novembre 2010.

« Arrivés ensemble, partis ensemble »

Présenté comme le « plus grand de l’histoire » de l’Alliance avec une soixantaine de pays et d’organisations invités, ce sommet devra concrétiser la priorité numéro un de l’Otan, qui est de réussir sa sortie de cette guerre, une décennie après avoir repris en 2003 le commandement de la force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf). Cette opération en Afghanistan, la plus difficile jamais menée par les alliés, a déjà coûté la vie à près de 3.000 soldats occidentaux.

Il s’agira donc de resserrer les rangs autour de la stratégie établie en 2010 : retirer en bon ordre à la fin 2014 la grande majorité des 130.000 soldats internationaux déployés en Afghanistan. « Arrivés ensemble, partis ensemble » est le mot d’ordre martelé par le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen.

Mais cette volonté de cohésion est fragilisée par le souhait de M. Hollande de rapatrier les troupes combattantes françaises dans les sept mois à venir. Il estime en effet la mission « terminée » puisque les Français vont prochainement remettre aux forces afghanes la responsabilité de la sécurité de la seule région dont ils ont encore la charge, la Kapisa.

L’après 2014

L’Otan a surtout besoin de préserver l’unité pour lancer son plan stratégique pour « l’après 2014″, lorsque la priorité sera de prévenir, à tout prix, le retour des talibans, en posant les premiers jalons d’une nouvelle mission – aux contours encore flous » – « d’entraînement, de conseil et d’assistance » aux forces de sécurité afghanes, en progrès mais qui auront encore besoin du soutien et d’un financement internationaux.

D’importantes questions restent ainsi à trancher sur le rôle futur « de soutien » dévolu à l’Otan, sur le financement des forces de sécurité afghanes, dont le coût est évalué à 4,1 milliards de dollars par an, ou sur la poursuite de missions de contre-terrorisme à la frontière avec le Pakistan.

Sur ces sujets, Chicago ne devrait être qu’une étape de réflexion, la prise de décisions étant prévue ultérieurement.

Maintenir des capacités militaires en dépit de la crise

L’autre dossier important du sommet est le lancement d’un nouveau concept de coopération multinationale, baptisé « Smart Defence » (« Défense intelligente ») et visant à améliorer les capacités militaires des alliés pour faire face aux nouvelles menaces. « Il s’agit de développer ou de maintenir des capacités militaires en dépit de la crise » économique qui touche aussi les budgets de défense, a récemment expliqué le responsable de l’Otan chargé de la « transformation » des armées alliées, le général français Stéphane Abrial.

Quelque 25 projets de coopération, de dimension modeste mais pouvant être mis en oeuvre rapidement, seront lancés à Chicago, la plupart d’entre eux portant sur la formation ou les services, comme un meilleur partage des munitions de précision.

Ces projets sont distincts de deux autres programmes sur le point d’aboutir: l’achat de drones stratégiques pour améliorer les capacités de renseignement des alliés – une lacune une nouvelle fois constatée lors de l’opération de l’Otan en Libye l’an dernier – et la défense antimissile.

En dépit de l’opposition de la Russie, l’Alliance officialisera dimanche l’achèvement de la première phase de son bouclier antimissile, en déclarant une « capacité intérimaire » du système encore embryonnaire. Quatre phases en tout sont prévues pour la mise en oeuvre de ce bouclier censé protéger d’ici 2020 l’Europe de tirs de missiles venant du Moyen-Orient, en particulier d’Iran, pour un coût d’interconnexion des systèmes nationaux présenté, somme toute, comme assez modeste: 157 millions à se répartir entre les 28 sur dix ans.

Partenariats renforcés

Et lundi, une réunion sans précédent rassemblera, aux côtés des alliés, les chefs d’Etat et de gouvernement des 22 pays participants à l’opération en Afghanistan, ainsi que ceux de plusieurs pays d’Asie centrale et le Pakistan. L’Otan souhaite en effet renforcer son réseau de partenariats à géométrie variable qui la lie avec des pays d’Afrique du nord, du Proche-Orient, d’Asie et d’Océanie.

Levif.be, avec Belga

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