Donald Trump © REUTERS

Les électeurs de Trump sont-ils heureux de leur choix?

Arthur Debruyne
Arthur Debruyne Correspond en Amérique du Nord et en Amérique centrale pour Knack.be

Une étude unique menée à long terme a sondé les sentiments des Américains qui ont voté pour Donald Trump. Que montre cette dernière ? Au fond, les hommes blancs et peu qualifiés représentent une minorité des électeurs de Trump.

Les hommes blancs peu qualifiés qui vivent en dehors des grandes villes et demeurent inconditionnellement fidèles à Trump, quoi qu’il arrive. C’est à eux que le président américain doit sa victoire inattendue, non ?

Au fond, seuls 33% des électeurs de Trump sont des hommes blancs et peu qualifiés. Les deux tiers ne répondent donc pas à l’image stéréotype du fan de Trump : ce sont soit des femmes, soit des universitaires, soit des noirs et des latinos. Et la grande majorité des électeurs de Trump demeure contente du président, bien qu’entre-temps un petit groupe assez significatif de femmes a décroché.

C’est ce que démontre un sondage unique réalisé par le bureau d’études américain Pew parmi le même groupe de trois mille électeurs.

Ce que nous savons sur les électeurs de Trump est anecdotique: le témoignage d’un ouvrier qui a perdu son emploi dans une usine d’acier de Pennsylvanie, par exemple, et qui espère que Trump peut rendre sa grandeur à l’Amérique. De plus, un sondage politique moyen interroge toujours d’autres répondants. Par contre, l’étude Pew suit toujours le même groupe d’électeurs : on leur a demandé leur opinion en avril, septembre et novembre 2016 et à nouveau en mars 2018.

Insatisfaction parmi les adeptes de Trump

L’étude de Pew calcule exactement qui reste fidèle au président, et qui non. La grande majorité des électeurs de Trump demeure satisfaite de son choix : en mars de cette année, 82% ont déclaré être heureux de leur président.

Ils sont subdivisés en quatre groupes. Pour les « enthousiastes », le plus grand groupe (59%), c’était l’amour au premier regard pour Trump. Avant même de décrocher l’étoile républicaine, ils voulaient qu’il soit président. Ce sont ses plus fidèles alliés.

Les « convertis » forment le deuxième groupe d’électeurs de Trump (23%): ces Américains se sentaient indifférents au sujet de Trump avant que le Parti républicain le nomme candidat à la présidence. Ted Cruz avait leur préférence. Et pourtant, ils ont cédé. D’ici mars 2018, 71% se sentent « très bien » à propos de Trump.

Les deux groupes suivants sont plus intéressants. Les « sceptiques » (12% des électeurs) n’étaient pas convaincus en 2016 et demeurent négatifs aujourd’hui aussi. Pourquoi ont-ils voté pour Trump ? Parce qu’ils ont choisi le moindre mal, écrit The Washington Post: ils préfèrent l’outsider Trump à la candidate establishment « menteuse » et « corrompue » Hillary Clinton – une voix contre. Les électeurs « désillusionnés » ont progressivement été déçus par le président.

Ce n’est pas peu: 18% des électeurs de Trump se repentent. Les hommes qui ont voté pour Trump – 53% de son public électoral – demeurent en grande partie satisfaits de leur choix, révèlent les données.

C’est surtout un petit groupe, mais plutôt significatif, de femmes dont l’appréciation pour le président s’est refroidie. Mais pas moins de 14% des femmes diplômées ayant voté pour Trump se sentent « indifférentes » à propos du président, alors qu’en novembre ce n’était le cas que pour 1% d’entre elles. Par ailleurs, Trump est le moins populaire parmi les femmes noires.

Et contrairement aux résultats de nombreux sondages de sortie des urnes, Hillary Clinton a au fond remporté la voix de blancs hautement qualifiés (30% du public électoral général) de manière générale, avec pas moins de 17% d’avance sur Trump. Pourtant, les Blancs moins qualifiés sont beaucoup plus nombreux (44% du public électoral) : ils sont deux fois plus à avoir voté pour Trump (64%) que pour Clinton (28%).

Les élections intermédiaires sont différentes

Qu’est-ce que cela signifie pour les élections intermédiaires de novembre de cette année? Les élections présidentielles dépendent des swing states qui se teintent aussi facilement de rouge que de bleu. En 2016, les états décisifs, tels que l’Ohio ou la Pennsylvanie, étaient essentiellement blancs et working class : l’atout principal de Trump. Deux ans plus tard, le résultat va surtout dépendre des swing districts, analyse le New York Times, en banlieue ou dans les suburbs où les habitants sont généralement un peu plus qualifiés.

Une partie non négligeable des électeurs de Trump n’étaient déjà pas fans du président en 2016, et jusqu’à aujourd’hui ils ne sont pas convaincus : 18% d’entre eux ne sont pas satisfaits du président. Les électeurs qui ont voté Barack Obama aux deux élections présidentielles précédentes, et puis de manière imprévue pour Trump, pourraient à nouveau voter démocrate en fonction du candidat dans leur district.

D’après The New York Times, le taux de participation à ce qu’on appelle les élections spéciales est inhabituellement élevé parmi les blancs hautement qualifiés- le groupe qui a majoritairement choisi Clinton. En outre, la participation d’électeurs moins qualifiés serait plus réduite en cas d’élections temporaires. Ces deux éléments risquent de faire mal aux républicains.

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