Didier Reynders © ISOPIX

Les djihadistes belges s’invitent à l’agenda d’une visite de M. Reynders à Washington

Le Vif

La demande du président des Etats-Unis Donald Trump pressant les États européens à rapatrier leurs ressortissants partis combattre en Syrie et détenus dans ce pays figurera en bonne place d’une visite du ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders ces jeudi et vendredi à Washington.

Programmée de longue date, la rencontre de M. Reynders avec le secrétaire d’État américain (ministre des Affaires étrangères) Mike Pompeo vendredi abordera ce sujet sur lequel les principaux pays de l’UE concernés (Belgique, Royaume-Uni, France, Allemagne, Pays-Bas, etc.) n’ont pas de position commune.

Ce débat sur un retour des combattants européens de l’État islamique (EI) a refait surface le week-end dernier après un tweet du président américain qui invitait ses alliés européens à rapatrier leurs centaines de ressortissants retenus en Syrie après avoir rallié le groupe terroriste.

Tout comme la Première ministre britannique Theresa May, le chef du gouvernement belge Charles Michel a souhaité que ces derniers soient « au maximum » jugés dans la région. Il a en outre évoqué la possibilité de créer une juridiction internationale ad hoc, aux contours toutefois assez flous.

Le Premier ministre démissionnaire a aussi plaidé pour une approche européenne voire internationale de la question du retour de ces « Foreign Terrorists Fighters » (FTF).

Si la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a confirmé que ce sujet relevait de la compétence des États membres, elle n’a toutefois pas exclu une réflexion commune.

Pour M. Reynders, il n’est pas exclu que des pays de la région, en particulier l’Irak, souhaitent mener des actions judiciaires contre ces djihadistes détenus en Syrie, puisqu’ils ont d’abord commis des actes terroristes sur leurs territoires.

Actuellement, la Belgique aide au rapatriement des enfants de combattants âgés de moins de 10 ans pour peu qu’il y ait une demande de membres de la famille restés en Belgique.

« Au delà (pour les adultes), on ne ferme pas la porte, c’est au cas par cas », selon le chef de la diplomatie belge.

L’insistance de M. Trump fait suite à son annonce en décembre dernier, sans la moindre concertation, du prochain départ des 2.000 soldats américains déployés dans les zones sous contrôle kurde, dans le nord-est de la Syrie.

Tant avec M. Pompeo au Département d’Etat qu’avec le conseiller de M. Trump à la sécurité nationale John Bolton à la Maison blanche, le ministre Reynders aura par ailleurs l’occasion d’évoquer le mandat de la Belgique au Conseil de sécurité de l’Onu.

La situation en République démocratique du Congo et la non-prolifération nucléaire – menacée par la perspective d’une sortie américaine du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (FNI, INF en anglais) – figureront aussi à l’agenda de ces deux réunions.

Quant aux dossiers commerciaux (négociations d’un accord UE-USA, réforme de l’Organisation mondiale du Commerce, etc.), ils seront à l’ordre du jour d’une rencontre avec le Représentant américain au commerce extérieur Robert Lighthizer, vendredi également.

La veille, M. Reynders, qui a repris en décembre le portefeuille de la Défense, aura rencontré au Pentagone le chef intérimaire de ce département, Patrick Shanahan. Les deux hommes devraient aborder les dossiers régionaux (Afghanistan, Syrie, Irak), le nucléaire et les relations au sein de l’OTAN, sans oublier l’achat stratégique par la Belgique des avions de chasse F-35 de Lockheed Martin. Un visite du centre de démonstration de l’avionneur américain figure à ce titre au programme.

Enfin, une entrevue avec Joseph Maguire, directeur du Centre national de contre-terrorisme, est prévue avant le retour.

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