Vladimir Poutine, dans un bureau de vote moscovite, en 2016. © Reuters

Les différentes techniques de fraude qui gangrènent les élections russes

Urnes bourrées, votes d’électeurs achetés ou encore encre effaçable, de nombreuses techniques de fraude électorale ont été dénoncées par des observateurs étrangers et des ONG lors des élections organisées en Russie.

Malgré les appels à y mettre fin et les manifestations massives contre la fraude électorale organisées en 2011, les autorités semblent avoir de la peine à endiguer le phénomène.

L’ONG Golos, qui recense les fraudes électorales, a dénoncé à maintes reprises lors de précédentes élections des techniques de fraude comme la formation de commissions électorales régionales soumises aux autorités locales, des groupes d’électeurs amenés en bus d’un bureau de vote à l’autre pour voter plusieurs fois et des bourrages d’urnes enregistrés par des caméras vidéo.

Carrousel

Une des techniques de fraude les plus répandues est celle dite du ‘carrousel’, qui consiste à faire voter plusieurs fois dans des bureaux des électeurs transportés en autocar. Plus concrètement, un électeur, en échange de paiement, remplit un document attestant de son incapacité à se rendre dans son bureau de vote habituel. Ce document peut être rempli plusieurs fois. Les électeurs concernés sont ensuite emmenés en bus pour faire le tour des bureaux de vote. Le terme ‘carrousel’ fait référence au mouvement circulaire effectué par les électeurs, d’un bureau de vote à l’autre.

Les intentions de vote, selon un sondage effectué le 4 mars par l’institut de sondage VTsIOM (proche du pouvoir) :

– 69,7% pour Vladimir Poutine

– 7,1% pour Pavel Groudinine (Parti Communiste de la Fédération de Russie)

– 5,6% pour Vladimir Jirinovski (LDPR)

– 1,1% pour Ksenia Sobtchak (Grani)

– 1% pour Grigori Iavlinski (Iabloko)

– 0,3% pour Boris Titov (Parti de la Croissance)

– 0,3% pour Maxime Souraïkine (Communistes de Russie)

– 0,2% pour Sergueï Babourine (Union nationale russe)

Le bourrage d’urnes est également régulièrement observé durant les élections en Russie. Les urnes comptent parfois déjà des centaines de bulletins de vote à l’ouverture des bureaux. Les fonctionnaires en charge de l’élection procèdent parfois eux-mêmes aux bourrages, mais des électeurs n’hésitent également pas à le faire, selon les images enregistrées par les caméras de surveillance.

Encre effaçable

Un autre outil utilisé est l’encre effaçable: l’encre des stylos proposés aux électeurs pour cocher leur bulletin disparait après quelques minutes et les cases sont ensuite remplies par une autre personne.

Pour lutter contre les fraudes électorales, l’ONG Golos propose à nouveau son projet de carte interactive appelé « Carte des fraudes« . Des observateurs bénévoles déployés à travers le pays pourront recenser les cas de fraudes observés durant la journée du 18 mars.

Lors de l’élection présidentielle de 2012, le président russe avait ordonné l’installation de web-caméras de surveillance dans tous les locaux de vote, dont les vidéos pouvaient être visionnées en ligne. « Mais ce processus n’est réglementé par aucune loi », regrette Golos.

« Il y a des choses qu’une web-caméra ne peut pas filmer »

De son côté l’OSCE, en mission d’observation des élections russes depuis 1996, avait déjà fait part de ses doutes lors de l’introduction des caméras pour le scrutin présidentiel en 2012: « il y a des choses qu’une web-caméra ne peut pas filmer, notamment le processus de décompte des bulletins de vote, l’enregistrement des résultats, les conditions de leur stockage ou encore qui a accès à ces données. »

Le système de surveillance avait été appliqué à la suite de la vague de manifestations sans précédent qui avait déferlé sur la Russie à la suite des élections législatives de 2011, durant lesquelles d’innombrables cas de fraude électorale ont été révélés par des ONG et des observateurs.

Une mission d’observation de l’OSCE a, par ailleurs, débuté le 5 février dernier en Russie. Elle a, dans un premier temps, pour but de contrôler l’environnement et les préparatifs pré-électoraux liés aux élections présidentielles de mars. Le jour de l’élection, les observateurs seront déployés dans tout le pays dans des équipes multinationales de deux pour surveiller l’ouverture des bureaux de vote, le vote, le dépouillement des bulletins de vote et la tabulation des résultats. Ils travailleront aux côtés de représentants de la Communauté des Etats indépendants (CEI) et de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).

Élection présidentielle russe, mode d’emploi

L’élection présidentielle en Russie se déroulera le 18 mars prochain. Le processus électoral prévoit deux tours, mais l’homme fort du Kremlin, Vladimir Poutine, devrait être élu, sauf grande surprise, à majorité absolue dès le premier tour.

L’élection du chef de l’exécutif se fait directement par le peuple en Fédération de Russie, dans une seule circonscription, celle de l’Etat tout entier. Le président est le chef de l’Etat et est élu par un vote populaire dans un système à deux tours, tous les six ans, pour un maximum de deux mandats consécutifs.

La constitution russe prévoyait initialement un mandat présidentiel d’une durée de quatre ans, mais elle a été modifiée en 2008 sous l’ancien président, Dmitri Medvedev, pour l’allonger à six ans.

Le candidat qui aura remporté la majorité absolue est élu au premier tour. A défaut, un deuxième tour est organisé avec les deux candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix.

Le premier tour de l’élection aura lieu le 18 mars. Si aucun des candidats n’atteint la majorité absolue des voix, un second tour se tiendra le 8 avril 2018.

Le premier tour de l’élection est initialement prévu le deuxième dimanche du mois de mars, mais cette date a été modifiée lors de ce nouveau scrutin présidentiel au 18 mars, jour de l’annexion de la Crimée, par la chambre haute du Parlement russe. Le 18 mars coïncide en effet avec le quatrième anniversaire de la signature du traité officialisant l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie, deux jours après un référendum jugé illégal par Kiev et les Occidentaux.

La liste définitive des candidats – sept hommes et une femme – a été arrêtée le 8 février dernier par la Commission électorale nationale. Pour pouvoir se présenter, les candidats issus de partis politiques sans élus ont dû rassembler 100.000 signatures. L’ultranationaliste Vladimir Jirinovski (LDPR) et Pavel Groudinine (Parti communiste), représentés à la Douma, ont été exemptés de la collecte de signatures. Enfin, il est prévu que les candidats indépendants en rassemblent 300.000. Vladimir Poutine est le seul à s’être présenté en tant qu’indépendant. Il a totalisé 1,6 million de signatures.

Pour être candidat à la présidence de la Fédération de Russie, il faut notamment être âgé d’au moins 35 ans et vivre en Russie depuis au moins 10 ans. Mais également ne pas avoir occupé le poste de président durant les deux mandats précédents. Un candidat potentiel ne peut pas avoir de citoyenneté étrangère ou de permis de séjour, de casier judiciaire et de sanctions administratives.

Les électeurs doivent simplement cocher une case à côté du nom de leur candidat pour voter.

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