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Les Bulgares aux urnes

Le Vif

Les Bulgares votaient dimanche lors de législatives au résultat incertain pour renouveler leur confiance à l’ex-Premier ministre Boïko Borissov (centre droit) ou tourner la page avec les socialistes (PSB) qui assument leurs sympathies pro-russes.

Le scrutin s’est ouvert à 07h00 heure locale (04h00 GMT) et s’achève à 20h00 (17h00 GMT). De premiers sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote seront publiés dans la foulée.

Le résultat s’annonce serré, les deux camps étant donnés au coude à coude, autour de 30% des intentions de vote, laissant présager d’âpres négociations pour former une coalition. Les partis nationalistes pourraient être les arbitres.

La rhétorique chauvine de ces derniers a essaimé chez la plupart des candidats, y compris à gauche: « Aucun pays, à l’Est ou à l’Ouest, ne devrait être capable d’influencer la politique bulgare », a lancé la chef de file des socialistes Kornelia Ninova en votant à Sofia.

Boïko Borissov, leader du parti conservateur Gerb, s’est présenté dimanche en garant d’une « Bulgarie stable et prévisible ».

« Si le PSB gagne, la Bulgarie risque de mener une politique ouvertement pro-russe. Si Gerb revient au pouvoir, il gardera l’équilibre entre l’Occident et la Russie qui a d’importants intérêts dans les Balkans », résume pour l’AFP Ognyan Mintchev, directeur de l’institut d’études internationales à Sofia.

Pour ce troisième scrutin législatif en quatre ans, les enjeux internationaux ont dominé la campagne même si la corruption endémique et la faiblesse du niveau de vie préoccupent les électeurs de ce pays le plus pauvre de l’Union européenne.

Monika Nikolova, une électrice de 47 ans, est ainsi venue voter à Sofia dans l’espoir que la Bulgarie « s’engage sur une voie réformiste et contre la corruption ».

Les socialistes, héritiers des communistes d’avant la chute du Rideau de fer, espèrent profiter de l’élan qui a porté à la présidence de la République, en novembre 2016, leur candidat, l’ancien chef de l’armée de l’air Roumen Radev.

Comme le chef de l’Etat, la présidente du PSB est favorable à une levée des sanctions imposées par l’UE à la Russie et à une coopération renforcée avec Moscou.

Tout en prônant des rapports « pragmatiques » avec Moscou, Boïko Borissov défend un alignement fidèle sur les positions de l’UE et de l’Otan.

« Peu d’espoir »

Ancien garde du corps devenu chef de la police puis maire de Sofia, Boïko Borissov est le seul dirigeant bulgare, depuis la chute du communisme, à avoir conquis deux mandats de Premier ministre, qui se sont achevés par deux démissions.

La dernière en date, en novembre, a fait suite à l’échec cuisant de sa candidate, Tsetska Tsatcheva, à l’élection présidentielle, expression, selon les observateurs, d’une certaine lassitude à l’égard de cette personnalité charismatique.

Un minimum de 4% des voix est nécessaire pour entrer au parlement dans ce scrutin proportionnel à un tour qui se caractérise par une fragmentation de l’offre politique. Plusieurs nouvelles formations se présentent sous une étiquette réformiste face aux partis traditionnels accusés de favoriser un système oligarchique mélangeant intérêts publics et privés.

Alexander Naydenov, 35 ans, salarié d’un secteur informatique en pleine croissance, a voté pour un de ces nouveaux petits partis « pour qu’il puissent équilibrer les grands, complètement déconnectés de la réalité » mais il dit avoir « peu d’espoir ».

Parmi toutes les formations en lice pour les 240 postes de députés, une coalition de partis nationalistes pourrait se hisser à la troisième place et fixer ses conditions au vainqueur. Le Gerb et le PSB se sont dits prêts à s’allier avec eux.

La formation d’une majorité devrait nécessiter l’alliance de trois ou quatre partis. Le chef du gouvernement intérimaire a souhaité dimanche qu’un gouvernement puisse être formé « sous un mois ».

L’élection sera aussi un test pour les deux partis de l’importante minorité musulmane de Bulgarie, environ 700.000 personnes, essentiellement turcophones: leur formation traditionnelle, le MDL, troisième du parlement sortant, s’affiche contre la politique du président turc Recep Tayyip Erdogan tandis qu’un nouveau parti, Dost, est soutenu par Ankara mais ne devrait pas entrer au parlement.

Ce soutien turc durant la campagne a provoqué des accusations d’ingérence de la part des autorités bulgares et provoqué des tensions entre les deux pays.

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