Une route non loin de l'oasis de Todra © Reuters

Les alcootests font leur apparition au Maroc

Stagiaire Le Vif

Boire ou conduire, les Marocains devront désormais choisir puisque les alcootests font leur apparition dans les pays du Maghreb. 15% des accidents de la route sont dus à la consommation d’alcool. Plus surprenant, les islamistes s’opposent à la mesure. La consommation d’alcool au pays ne se limite pas à une question de moeurs; il y a aussi de gros intérêts économiques en jeu.

131 millions de litres, c’est la quantité d’alcool qui est consommé au Maroc chaque année. Cela semble difficile à croire si on tient compte des traditions de l’Islam, la religion d’État au Maroc. Et pourtant. Les conducteurs ayant bu de l’alcool sont responsables de 15% des accidents de la circulation dans le pays nord-africain avec une majorité de jeunes de moins de 25 ans. En moyenne, 4000 personnes par an perdent la vie sur les routes marocaines. D’un point de vue économique, cette situation coûte au Royaume 1.1 milliard d’euros par an, soit à peu près 2.5% du PIB.

Face à ce constat, les autorités ont décidé de mettre en place un système d’alcooltest. Plus surprenant, les principaux opposants à la nouvelle ordonnance ont été les islamistes. Ces derniers considèrent que les alcootests sont le symbole que la pratique de boire de l’alcool est désormais acceptée, ce qui est contraire aux préceptes de l’Islam. Pour eux la tolérance d’un certain taux d’alcool n’est pas de mise et l’on devrait tout simplement réprimer toute personne qui aurait bu. Le seuil de tolérance est établi au Maroc à 0.2 gramme par litre de sang. À titre comparatif, la limite fixée en Belgique correspond à 0.5 gramme par litre de sang, mais un projet de loi qui vise à l’abaisser au même niveau qu’au Maroc est à l’étude.

Bien qu’il existe une loi religieuse qui interdit la vente d’alcool aux musulmans et des peines de prison pour toute personne trouvée en état d’ivresse, cette législation n’est quasiment pas appliquée. Dans la pratique, au Maroc tout le monde achète des boissons alcoolisées et on peut même en trouver dans les grandes surfaces. Il existe bien une heure limite après laquelle l’alcool ne peut plus être servi, mais cette dernière devient plus flexible en fonction de l’attrait touristique de l’endroit.

« La majorité du chiffre d’affaires des commerçants se fait grâce à la vente d’alcool. L’Etat taxe un maximum et ce sont surtout les Marocains qui consomment », déclare au portail Maghress un caissier d’une station-service. Les Marocains consomment en moyenne 1.5 litre d’alcool par habitant. Et cette consommation est en hausse constante, surtout parmi les plus jeunes. Pourtant le Maroc n’est que douzième sur la liste des pays musulmans où l’on boit le plus. On consomme davantage d’alcool en Algérie par exemple. Ce qui n’empêche pas l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de signaler dans son dernier rapport qu’on a le plus de chance de mourir d’une cirrhose ou lors d’un accident lié à l’alcool au Maroc que dans les pays voisins.

Au-delà des polémiques religieuses ou de santé publique, le Maroc, avec plus de 40 millions de litres produits, est aussi le plus grand producteur d’alcool du monde arabe. La plupart du vin est consommé au niveau interne. Le Maroc produit aussi des bières et des spiritueux. L’industrie des boissons alcooliques génère près de 400 millions d’euros de chiffres d’affaires et l’état marocain collecte grâce aux alcools plus de 100 millions d’euros en impôts.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire